Dominique Meeùs
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Indications historiques
En allemand :
Mai 1885, première édition allemande du Livre II, par Engels, dont la préface est datée : Londres, au jour anniversaire de la naissance de Marx, 5 mai 1885. En ligne : archive.org/details/bub_gb_yXs7AAAAMAAJ.
Juillet 1893, deuxième édition allemande du Livre II, par Engels. D’après sa préface (Londres, 15 juillet 1893), il n’y a que quelques corrections et des modifications mineures.
1903, troisième édition allemande du Livre II. En ligne : archive.org/details/bub_gb_xu0TAAAAIAAJ. On peut lire en ligne (avec de bons yeux et un grand écran) un microfilm du Capital complet, les trois livres. C’est : archive.org/details/daskapitalkritik01marx.1
1933, édition dite « populaire », Verlagsgenossenschaft ausländischer Arbeiter in der UdSSR, Moscou-Léningrad. C’est la deuxième édition légèrement corrigée sur base des manuscrits de Marx et Engels.
1951, Dietz Verlag, Berlin.
En français :
1900, traduction française du Livre II par Julian Borchardt et Hippolyte Vanderrydt, chez V. Giard et É. Brière, Paris 78. (Le Livre III suivra en 1902.) (Attention, la traduction Borchardt-Vanderrydt est d’assez piètre qualité ; bien qu’on la trouve en ligne — et c’est malheureusement la seule —, il ne faut l’utiliser qu’avec prudence.)
1930, traduction française de l’ensemble du Capital par J. Molitor chez Alfred Costes, Paris — ne mentionne pas de quelles éditions allemandes, mais Molitor est sans doute parti des dernières éditions.
Le Capital (les trois livres), Éditions sociales, Paris, en huit volumes, différentes années de la fin des années quarante aux années soixante. Le Livre II (en deux tomes) est édité d’après l’édition allemande de 1933 (avec comparaison de quelques autres) sous la direction d’E. Bottigelli et la traduction est de Mmes Erna Cogniot et C. Cohen-Solal et de Gilbert Badia. Les références au Livre I vont bien sûr vers le Livre I de cette même édition.
1965, dans l’édition de La Pléiade, Gallimard, Paris, due à Maximilien Rubel, le choix des textes et le plan des Livre II et Livre III serait très personnel. Rubel n’aimait pas Engels et prétend « retourner à Marx ». C’est donc une édition à déconseiller. Attention qu’elle peut être reprise sous d’autres apparences (comme la Folio de 2008).
1983, Éditions du Progrès, Moscou, © 1976 Éditions sociales, © 1983 Éditions du Progrès pour la présentation et les notes (volume 2 d’un Capital en trois volumes, un par Livre).
2008, « intégrale » (douteuse) du Capital en coffret de deux volumes (Livre I ; Livres II et III), Folio Essais 500 et 501, Gallimard, Paris. C’est un facsimilé de l’édition de La Pléiade de 1965, donc avec toutes ses « particularités », mieux que rien mais peu recommandable.
En néerlandais :
2011, Het Kapitaal, Deel II, traduit par Nele Noppe, EPO, Anvers (Berchem), mais c’est une manga traduite du japonais.
2012, première traduction en néerlandais par David C. A. Danneels assisté de Leendert Erkelens, Marxists Internet Archive, www.marxists.org/nederlands/marx-engels/1885/kapitaal-2/.
En anglais :
1909, traduction anglaise (américaine) du Livre II (traduction par Ernest Untermann de la 2e édition allemande, chez Charles H. Kerr and Co. à Chicago — on trouve cette édition en ligne). Aussi 1910 chez Kerr, Chicago et Sonnenschein, Londres, 1910, http://oll.libertyfund.org/title/966.
Édition de référence des présentes notes de lecture
Le Capital (les trois livres), Éditions sociales, Paris, en huit volumes, différentes années de la fin des années quarante aux années soixante. C’est de cette édition que j’ai pris les textes et les numéros de page pour le Livre II.
Julian Borchardt est un socialiste allemand qui a travaillé à Bruxelles de 1896 à 1900. Hippolyte Vanderrydt est un Belge. L’éditeur les présente comme « Julian Borchardt et Hippolyte Vanderrydt, de l’Institut des sciences sociales de Bruxelles ». À part son nom comme traducteur de cette édition, je ne trouve en ligne que peu de chose sur Vanderrydt, 1857-1929 ; il a été ingénieur des mines, ingénieur en chef aux Chemins de fer de l’État et professeur à l’Université libre de Bruxelles (ULB) plus tard dans le 20e siècle (« La situation de l’Université pendant la XCVe année académique » Revue de l’Université de Bruxelles, 35e année, 1929-1930, p. 9 — p. 12 du PDF.) Début 20e, mais peut-être déjà avant, il a dû donner en parallèle des formations militantes en économie. On trouve de lui dans un inventaire de SOMA-CEGES un Cours en huit leçons sur le capital financier de 51 pages, sans date, à la Centrale d’Éducation ouvrière. (Celle-ci commence en 1911, avec l’aide d’Ernest Solvay; voir « La Vulgarisation Scientifique Socialiste », ILHS et « La charte des coopérateurs », La Maison du Peuple.)
L’Institut des sciences sociales a été fondé en 1894 par Ernest Solvay pour confier aux socialistes Hector Denis, Guillaume De Greef et Émile Vandervelde le soin de développer ses idées sur la société et leur application. (Françoise Digneffe, « La sociologie en Belgique de 1880 à 1914 : La naissance des instituts de sociologie », CRID&P, Louvain-la-Neuve, 1986.)
On trouve à l’inventaire du Fonds du Cercle d’Art et d’Enseignement de la Maison du Peuple de Bruxelles (dans les archives de l’Institut Émile Vandervelde) un contrat entre madame Paul Lafargue, Laura Marx (la deuxième fille de Karl Marx), et les co-directeurs Hector Denis, Guillaume De Greef et Émile Vandervelde de l’Institut des sciences sociales les autorisant à faire traduire par Julian Borchardt les livres II et III du Capital. Le document n’est pas signé — ce serait un document de travail préparatoire ou un brouillon ; il est cependant daté dans sa phrase finale (fait… le 25 mars 1899) ; fixer la date suppose que le texte de l’accord est définitif et qu’il ne reste qu’à signer. Bien que le contrat ne concerne que Borchardt, on a vu qu’il a collaboré pour la traduction avec Hippolyte Vanderrydt. (Le contrat écrit Meisner pour l’éditeur Otto Meissner. Il écrit Degreef pour Guillaume De Greef ou de Greef.) Il est étonnant de trouver ce document dans le fonds d’archives du Cercle d’Art et d’Enseignement. Une des animatrices du Cercle d’art et d’enseignement était l’Anglaise Charlotte « Lalla » Speyer, épouse Kufferath (directeur de la Monnaie) ; elle en divorcera en 1901 pour épouser Vandervelde et on la connaît donc comme Lalla Vandervelde. (Éliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles, Éditions Racine, Bruxelles, 2006, p. 510-511.) On ne voit pas ce que le contrat est allé faire là, si ce n’est peut-être à partir de papiers personnels de Vandervelde, mais il est heureux qu’il ait ainsi traversé plus d’un siècle. J’en donne sur ce site une reproduction en PDF.
Les trois co-directeurs de l’Institut des sciences sociales donnaient, comme Ernest Solvay lui-même, à l’économie une place prépondérante dans les sciences sociales. Il n’est donc pas étonnant qu’ils aient pris l’initiative d’une traduction française, qui n’existait pas encore, de deux livres du Capital qu’ils trouvaient importants. Il serait exagéré de dire que c’est Solvay qui a pris l’initiative de cette traduction du Capital ; ses trois codirecteurs auraient interprété très largement largement la mission que Solvay leur confiait et ce serait la raison de sa déception et de la fin de l’Institut. Déçu de l’absence de résultats (Stengers 1997, Crombois 1997), il fonde en 1902, dans une orientation plus libérale, l’Institut de sociologie, qui, à sa mort en 1922, passera à l’ULB. La traduction semble cependant bien avoir eu lieu à ses frais si tant est que les deux traducteurs étaient alors travailleurs salariés de l’Institut, qui ont sans doute traduit sur leur temps de travail, rémunérés donc par Solvay.
Bref, on est en droit de dire que c’est à Solvay, même si ce n’était pas sa volonté expresse, que nous devons la première traduction en français des Livre II et Livre III du Capital