Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
Le syndicalisme de combat repose sur quatre axes, auxquels il tente de gagner l’ensemble du syndicat.
Les axes les plus importants du travail syndical sont la lutte pour le progrès social et la lutte pour la démocratie (contre le capital monopoliste et le pouvoir d’État). Ils déterminent les conditions réelles de vie des masses laborieuses, le degré d’exploitation et d’oppression. Ils dépendent principalement des rapports de force entre capital et travail sur le plan national.
Le syndicalisme de combat retourne aussi au véritable esprit de l’internationalisme prolétarien, prépare l’unité de tous les ouvriers et peuples du monde contre l’impérialisme. Les syndicalistes de combat conçoivent la lutte des peuples pour la libération nationale et pour la démocratie populaire comme leur propre lutte et ils travaillent à une solidarité active. Ils prennent le parti des pays pauvres dans la confrontation Nord-Sud.
Depuis la guerre du Golfe, chaque syndicaliste digne de ce nom se soucie de la paix, plus encore qu’auparavant. Maintenant, toute la machine de guerre de l’impérialisme s’attache à combattre les mouvements nationaux dans le tiers monde, à mener des guerres d’intervention mobiles pour garantir les intérêts stratégiques et la présence de l’impérialisme dans le monde. L’unification politique et militaire de l’Europe, sous la direction de l’Allemagne, représente une nouvelle menace pour la paix et la démocratie.
C’est autour de ces quatre axes que doit s’élaborer le travail syndical — et pas autour d’un ou deux. Cette nécessité est démontrée par l’expérience historique négative. Avant la Seconde Guerre mondiale, il n’y avait aucune mobilisation, dans les syndicats, sur le problème de la menace de guerre. Jusqu’à la veille de l’invasion allemande, les directions syndicales ne s’occupaient que de questions de routine. L’unique chose qu’elles avaient préparée, en 1939, c’était leur fuite à l’étranger. Certains dirigeants syndicaux voyaient même dans la guerre une possibilité d’élargir l’implantation de leurs « propres » industries. L’absence de mobilisation, avant la guerre, sur le thème de la paix et de l’indépendance a facilité la collaboration de certains responsables syndicaux et a entravé l’avènement de la résistance dans les syndicats. C’est pourquoi il faut se réjouir de l’engagement actif de nombreux délégués de base dans le mouvement pacifiste. Tout comme de l’attitude de certains dirigeants, tels que George Debunne, qui disait, en son temps : « À quoi cela rime-t-il d’aller discuter des conventions si nous nous laissons aveuglément mener vers la guerre6 ? » Dans chaque grand discours, il revenait sur le thème de la paix, de la militarisation et du danger de guerre.
La lutte pour la démocratie a également été totalement sous-estimée au sein des syndicats, dans les années 30. C’est ainsi qu’une partie de la direction syndicale a emboîté le pas aux idées d’Henri De Man (président du POB) en faveur d’un État autoritaire ou de l’encyclique papale « Quadregesimo Anno » qui prenait sans détour le parti du corporatisme fasciste. La sous-estimation du problème de la démocratie et des droits démocratiques par la direction repose sur la foi aveugle dans la démocratie parlementaire bourgeoise (« la démocratie politique est atteinte »). Certains se mobilisent bien contre la menace des groupes fascistes, mais sont beaucoup moins vigilants face aux dangers qui, de l’intérieur, menacent la démocratie bourgeoise. Ainsi, on s’intéresse beaucoup trop peu aux interventions de la gendarmerie lors de conflits, au réveil du racisme, à l’arsenal répressif mis en place sous le prétexte de la « lutte contre le terrorisme » et aux pouvoirs spéciaux.
Le syndicalisme de combat tend à réaliser un front aussi large que possible autour de ces axes. La création de ce front a pour objectif de mobiliser le plus grand nombre de gens contre les ennemis principaux et d’accélérer ainsi la prise de conscience révolutionnaire. Le front se construit en cercles concentriques. Le cercle le plus rapproché est celui du front uni de la classe ouvrière. Ensuite, il y a le front avec les autres couches travailleuses : employés, fonctionnaires, travailleurs sociaux, enseignants, etc. Au cours de la lutte de classe, ce front doit s’élargir à d’autres couches de la petite-bourgeoisie et jusqu’aux couches inférieures de la bourgeoisie afin de concentrer les attaques sur la bourgeoisie monopoliste. Le mouvement syndical constitue la seule base permanente du front. C’est là que sont organisées les masses laborieuses : les ouvriers, les employés, les fonctionnaires, les travailleurs intellectuels, les travailleurs sociaux. Les syndicats sont les seules organisations de masse de la classe travailleuse. Les syndicats sont la seule base fondamentale du front, parce qu’ils encadrent les masses travailleuses.