Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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Le système socialiste d’agriculture est fondé sur la propriété d’État (du peuple entier) et la propriété coopérative-kolkhozienne des moyens de production. Il comprend les kolkhoz, les stations de machines et de tracteurs et les sovkhoz.
L’agriculture socialiste joue un rôle important dans la garantie de la satisfaction maxima des besoins matériels et culturels sans cesse croissants de toute la société. Elle est la base de ravitaillement qui fournit des denrées alimentaires à la population, et la base de matières premières des industries légère et alimentaire, qui produisent des articles d’usage courant.
La société socialiste est une coopérative de production et de consommation des travailleurs de l’industrie et de l’agriculture. Si, dans cette coopérative, l’industrie n’est pas étroitement coordonnée à l’agriculture qui lui procure des matières premières et des denrées alimentaires, et absorbe ses produits, si l’industrie et l’agriculture ne forment pas de la sorte un tout économique, il n’est pas de socialisme possible.
L’industrie joue le rôle dirigeant par rapport à l’agriculture. L’agriculture dépend dans une très grande mesure de l’industrie produisant des tracteurs, des moissonneuses-batteuses et d’autres machines agricoles, des pièces de rechange, du carburant, des engrais chimiques, des insecticides, etc. L’essor ininterrompu de l’agriculture socialiste ne peut être assuré que grâce à l’accroissement rapide de la production des moyens de production que lui fournit l’industrie socialiste.
De son côté, le développement de l’industrie et des autres branches de l’économie nationale dépend d’un progrès rapide et constant de l’agriculture. Le mieux-être général, l’accroissement de la population des villes rendent nécessaire une production plus abondante de céréales, de viande, de lait, de pommes de terre, de légumes et d’autres denrées agricoles. Pour produire davantage d’articles industriels, il faut plus de matières premières agricoles pour les industries légère et alimentaire : coton, lin, laine, betterave à sucre, oléagineux, etc.
Le système socialiste d’agriculture permet une élévation systématique de la productivité de l’agriculture et de son rendement marchand.
La productivité du travail agricole a triplé en 1954 dans l’agriculture socialiste de l’U.R.S.S. par rapport à ce qu’elle était avant la Révolution, ce qui est une preuve éclatante des avantages considérables du système kolkhozien et sovkhozien de production.
De 1926-1927 à 1952-1953, la production marchande de l’agriculture est passée de 10,3 millions de tonnes à 40,4 millions de tonnes pour les céréales, de 3 à 12,5 millions de tonnes pour les pommes de terre, de 2,4 à 5 millions de tonnes pour la viande (poids vif), de 4,3 à 13,2 millions de tonnes pour le lait. D’importants succès ont été remportés dans la production du coton, de la betterave à sucre et de quelques autres plantes industrielles.
Mais le niveau actuel de la production agricole ne correspond ni à l’équipement technique élevé de l’économie rurale ni aux possibilités du régime socialiste dans l’agriculture et ne permet pas encore de satisfaire les besoins accrus de la population en denrées alimentaires et de l’industrie en matières premières agricoles.
Pour satisfaire tous les besoins de la population en produits alimentaires des plus variés et développer largement les différentes branches des industries légère et alimentaire, il est indispensable d’accroître rapidement la production agricole dans son ensemble, mais aussi d’en améliorer la structure (accorder plus d’importance à l’élevage, aux cultures de haute valeur, etc.)
L’accroissement de la production des céréales a, sous ce rapport, une importance primordiale. Les céréales sont à la base de toute la production agricole. Pour résoudre à bref délai le problème de l’élevage, il faut assurer à l’ensemble du bétail les fourrages céréaliers : maïs, orge, avoine, dont il a besoin. Pour produire davantage de coton, de lin, de betterave a sucre, de tournesol et d’autres plantes industrielles, il faut que ceux qui les cultivent aient leur pain garanti. Le développement de toutes les branches de l’agriculture dépend donc de l’accroissement de la production des céréales.
Pour satisfaire intégralement les besoins alimentaires de la population et améliorer la structure de l’alimentation, il importe aussi de développer l’élevage et toutes les autres branches de l’agriculture (culture de la pomme de terre et des légumes, horticulture, viticulture, etc.) L’agriculture socialiste dispose de grandes possibilités, qui sont encore loin d’être toutes mises a profit, pour approvisionner pleinement la population en produits agricoles et l’industrie en matières premières.
Les grands succès remportés dans le développement de l’industrie lourde ont permis au Parti communiste et à l’État soviétique d’élaborer en 1953-1954 un programme d’essor rapide de toutes les branches de l’agriculture et d’en amorcer la réalisation. La session plénière de janvier 1955 du Comité central du P.C.U.S. a décidé de porter la récolte globale annuelle des céréales à 10 milliards de pouds au cours des 5 ou 6 années à venir et de multiplier par deux et plus la production des principaux produits ou d’élevage. Pour augmenter la récolte globale des céréales, il faut accroître les rendements sur toutes le terres cultivées, réduire les pertes au moment de la récolte, défricher les terres vierges et incultes. Obtenir rapidement une quantité accrue de céréales est une tâche de première importance pour la réalisation des grands plans de l’édification communiste. Lutter pour l’extension de la production céréalière, c’est lutter pour renforcer la puissance économique de notre patrie, pour continuer d’améliorer le bien-être du peuple.
Une récolte globale de céréales de 10 milliards de pouds permettra de couvrir entièrement tous les besoins en blé, de créer des réserves plus puissantes, de développer le commerce avec les pays étrangers et aussi d’affecter à l’élevage plus de 4 millions de pouds de grain, notamment de maïs, ainsi qu’une quantité considérable de son, de tourteaux et de divers fourrages combinés. L’élevage sera doté d’une base fourragère stable, deviendra hautement productif, accroîtra sa production marchande et fournira à la population la quantité indispensable de produits.
L’expérience des kolkhoz, des S.M.T. et des sovkhoz les plus avancés montre que cette tâche peut être résolue dans des délais plus courts encore que ceux qui ont été prévus.
L’utilisation la plus complète et la plus diversifiée de la terre, principal moyen de production dans l’agriculture, est une condition essentielle du progrès de toutes les branches de la production agricole. La nationalisation de la terre contribue grandement à diminuer le coût de la production des denrées agricoles, à élever de plus en plus le niveau matériel d’existence de la paysannerie soviétique.
Avant la Révolution, les paysans pauvres et moyens possédaient en Russie environ 135 millions d’hectares de terres cultivées. Grâce à la Révolution socialiste d’Octobre et à la victoire du régime kolkhozien, la paysannerie kolkhozienne avait, dès 1937, la jouissance de plus de 370 millions d’hectares de terres cultivées, soit près de trois fois plus. À l’heure actuelle, compte tenu des kolkhoz des régions occidentales de la R.S.S. d’Ukraine et de la R.S.S. de Biélorussie, des districts occidentaux de la R.S.S. de Moldavie et des républiques soviétiques baltes, elle a la jouissance perpétuelle de 397 millions d’hectares de terres cultivées ; ce chiffre est porté à 578 millions d’hectares si l’on y ajoute les forêts et autres terres encore non mises en valeur. Elle bénéficie en outre de l’usage gratuit et à long terme de 180 millions d’hectares des fonds agraire et forestier de l’État, dont 66 millions d’hectares de terres cultivées.
Les sovkhoz disposent d’environ 70 millions d’hectares de terres cultivées ; les exploitations auxiliaires des entreprises et établissements divers, ainsi que les autres exploitants du sol, de plus de 19 millions d’hectares.
Il existe dans les kolkhoz et les sovkhoz d’immenses réserves de terres vierges et incultes d’une grande fertilité. Leur mise en valeur permettra d’augmenter considérablement et à très bref délai la production des denrées agricoles.
La nécessité, pour l’économie nationale, d’accroître la production des céréales et des autres denrées agricoles a exigé l’exécution par l’État de grands travaux en vue de mettre en valeur aussi complètement que possible les richesses foncières du pays. En vertu des décisions de l’assemblée plénière de février-mars 1954 du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique relatives à « l’augmentation de la production des céréales dans le pays et au défrichement des terres vierges et incultes », ainsi que des décisions ultérieures du Parti communiste et de l’État soviétique, un programme grandiose a été adopté, qui prévoit la mise en valeur de terres nouvelles, principalement dans les régions orientales du pays : 28 à 30 millions d’hectares cultivés en céréales et autres plantes dès 1956. L’exécution de cette tâche d’intérêt national a permis aux kolkhoz et aux sovkhoz de défricher, dès 1954 et au cours du premier semestre 1955, plus de 26 millions d’hectares de terres vierges et incultes d’une exceptionnelle fertilité.
Les vastes étendues attribuées à chaque kolkhoz et à chaque sovkhoz permettent d’utiliser de la façon la plus productive tracteurs, moissonneuses-batteuses et autres machines agricoles perfectionnées, d’établir des assolements rationnels, d’effectuer des travaux d’aménagement foncier, de creuser des canaux d’irrigation et d’assèchement, de procéder à des plantations forestières, etc. La terre, a dit Marx, ne cesse de s’améliorer si on la traite comme il convient. Le régime socialiste permet d’appliquer un système rationnel assurant une élévation constante de la fertilité du sol et le rendement maximum de l’agriculture.
Un système rationnel d’agriculture suppose l’intensification de cette dernière. L’intensification de l’agriculture implique l’investissement de moyens de production supplémentaires pour une surface déterminée et l’amélioration des méthodes de gestion afin d’obtenir le maximum de produits par hectare de terre mise en valeur en réduisant la dépense de travail et de moyens par unité de produit. Elle exige l’emploi d’engrais organiques et chimiques, l’élevage de races d’animaux d’une haute productivité, la mise en pratique des dernières réalisations de l’agronomie et de la zootechnie, etc. C’est la ligne principale du développement de l’agriculture socialiste.