Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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35.2. Les stations de machines et de tracteurs, base industrielle de la production kolkhozienne.

Les kolkhoz sont desservis par les stations de machines et de tracteurs appartenant à l’État, où sont concentrés les principaux instruments de production agricole.

La réunion aux mains de l’État des principaux moyens de production agricole est un des avantages majeurs du régime kolkhozien. La technique agricole ne cesse de se perfectionner, sans quoi le progrès de l’agriculture socialiste serait inconcevable. La fabrication de nombreuses machines de plus en plus perfectionnées nécessite d’importantes mises de fonds qui ne sont amorties qu’au bout d’un certain nombre d’années. L’État soviétique investit dans l’agriculture des sommes considérables et toujours croissantes qui excèdent les possibilités des entreprises agricoles, même les plus puissantes.

Les dépenses budgétaires et les autres crédits de l’État pour développer l’agriculture se sont élevés à 52 milliards de roubles en 1953 et à 74,4 milliards en 1954. Le budget de 1954 a consacré plus de 32 milliards de roubles au renforcement des stations de machines et de tracteurs.

Les stations de machines et de tracteurs, base matérielle et technique industrielle de la production kolkhozienne, sont la force déterminante du développement des kolkhoz. C’est par leur intermédiaire que l’alliance se réalise entre l’industrie et l’agriculture. Les relations qui se sont établies entre les stations de machines et de tracteurs et les kolkhoz traduisent les rapports de production socialistes existant entre la classe ouvrière et la paysannerie kolkhozienne.

Grâce aux S.M.T., les kolkhoz se développent sur la base d’une technique supérieure. Le niveau élevé de mécanisation de la production kolkhozienne conditionne l’accroissement de la productivité du travail dans les kolkhoz. La mécanisation a grandement facilité le travail des kolkhoziens ; elle permet d’exécuter les opérations agricoles dans les délais recommandés par l’agronomie, d’appliquer les réalisations de l’agrotechnique la plus moderne. L’emploi généralisé des machines des S.M.T. dans la production kolkhozienne procure une économie considérable du travail nécessaire pour l’obtention des produits agricoles.

Au début de 1954, les stations de machines et de tracteurs disposaient de plus des trois quarts de la puissance totale des moteurs mécaniques (moteurs électriques compris) se trouvant dans les S.M.T. et les kolkhoz. En 1954, elles ont exécuté dans les kolkhoz plus de 80 % des principaux travaux des champs, et notamment la presque totalité des labours. Les travaux exécutés en 1953 par les S.M.T. à l’aide de tracteurs et de moissonneuses-batteuses auraient exigé 23 millions de travailleurs supplémentaires s’ils avaient été accomplis par des exploitations paysannes individuelles.

La tâche fondamentale des stations de machines et de tracteurs est d’élever au maximum le rendement de toutes les cultures dans les kolkhoz, d’assurer l’accroissement du cheptel collectif tout en augmentant sa productivité, d’accroître la production globale et marchande de l’agriculture et de l’élevage dans les kolkhoz qu’elles desservent.

« Décision de l’assemblée plénière de septembre 1953 du C.C. du P.C.U.S. », Le P.C.U.S. dans les résolutions et décisions de ses congrès et conférences et des assemblées plénières du C.C., 2e partie, p. 1182 (7e édition russe).

Pour résoudre ce problème, il importe d’assurer la mécanisation complexe de toutes les branches de la production kolkhozienne : culture des céréales, des plantes industrielles et fourragères, de la pomme de terre et des légumes, travaux exigeant une main-d’œuvre nombreuse dans les fermes d’élevage des kolkhoz. Il existe dans les S.M.T. et les stations spécialisées des cadres permanents qualifiés pour la motoculture : conducteurs de tracteurs, de moissonneuses-batteuses et d’autres machines agricoles perfectionnées, chefs de brigades de tracteurs. Cela permet d’utiliser de la façon la plus complète et la plus productive un matériel agricole abondant et complexe.

Les stations de machines et de tracteurs, grandes entreprises d’État du type industriel qui desservent les kolkhoz, sont appelées à promouvoir les techniques agricoles les plus modernes, à organiser la production kolkhozienne. C’est par leur intermédiaire que l’État soviétique exerce son rôle dirigeant en vue de consolider les kolkhoz sur le plan économique et de l’organisation. Elles aident les kolkhoz à planifier l’exploitation collective, à organiser rationnellement le travail, à former des cadres, bref dans toutes les autres sphères de la vie économique, politique et culturelle.

Jusqu’en 1953, l’outillage abondant et perfectionné des S.M.T. était confié à des ouvriers kolkhoziens saisonniers, désignés par les kolkhoz pour travailler dans les S.M.T. uniquement à l’époque des travaux des champs. Conformément aux décisions de l’assemblée plénière de septembre 1953 du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique, des cadres permanents de spécialistes de la motoculture ont été créés dans les stations de machines et de tracteurs : le personnel permanent des S.M.T. comptait en 1954 près de 2 millions d’ouvriers, dont plus de 1 million conducteurs de tracteurs, 200 000 chefs de brigade de tracteurs et leurs adjoints, 240 000 conducteurs de moissonneuses-batteuses. Tout un réseau d’écoles de motoculture a été organisé.

Les stations de machines et de tracteurs desservent les kolkhoz en vertu de contrats passés avec ces derniers ; ils ont force de loi pour les deux parties. Le principal indice économique de l’activité de la S.M.T. est la quantité maximum de produits et de revenus en argent obtenus par les kolkhoz qu’elle dessert pour 100 hectares de terres cultivées avec le minimum de dépenses en travail et en moyens. La S.M.T. porte la responsabilité de la livraison à l’État par les kolkhoz de la quantité prévue de produits agricoles.

Conformément au contrat, les travaux exécutés pour les kolkhoz par la S.M.T. sont payés en nature (produits agricoles) ; toutefois certains le sont en argent. Le paiement en nature des travaux exécutés par la S.M.T. est la partie de la production globale du kolkhoz destinée à couvrir les dépenses effectuées par la S.M.T. pour l’obtention de cette production. Il représente le travail passé (moyens de production consommés par la S.M.T.), ainsi que le travail des ouvriers de la S.M.T., lequel se compose de travail pour soi et de travail pour la société. Le taux du paiement en nature est un taux fixe, différencié selon les zones du pays en fonction des conditions économiques et naturelles. Si le plan de rendement des cultures a été dépassé, la S.M.T. reçoit des kolkhoz une portion déterminée de la récolte obtenue en sus du plan.

La réalisation des produits agricoles livrés par les kolkhoz au titre du paiement en nature fournit à l’État des ressources monétaires qu’il dépense pour reconstituer les moyens de production consommés par les S.M.T. et payer le salaire des travailleurs de ces dernières. Elle procure également à l’État un revenu net, dont il se sert pour développer les S.M.T. existantes et en organiser de nouvelles, ainsi que pour satisfaire d’autres besoins généraux.

L’établissement de taux fixes de paiement en nature est l’une des principales conditions indispensables pour que la gestion des S.M.T., jusque là financées par l’État, puisse reposer désormais sur le principe de la gestion équilibrée, chaque S.M.T. réglant ses dépenses sur ses revenus. L’adoption du principe de la gestion équilibrée par les S.M.T. et l’observation d’un régime d’économie ont une grande importance pour la réduction du prix de revient au quintal du produit agricole reçu au titre du paiement en nature, pour l’utilisation plus complète et plus efficiente des machines, leur réparation en temps opportun avec le maximum de soin, la qualité de leur entretien.

L’intérêt matériel que les travailleurs ont dans les résultats de leur travail est, dans les S.M.T., stimulé par des formes de rémunération qui diffèrent de celles en usage dans les autres entreprises d’État et les kolkhoz. Les ouvriers permanents et saisonniers des brigades de tracteurs sont payés aux pièces, à la fois en argent et en nature. À l’époque des travaux des champs, le salaire est calculé d’après les normes de rendement accomplies et leur évaluation en journées-travail. Par l’intermédiaire des stations de machines et de tracteurs, l’État paie aux ouvriers permanents et saisonniers des brigades de tracteurs pour chaque journée-travail fournie par eux un minimum garanti en nature (céréales), dont le montant dépend de l’exécution des tâches fixées par le plan en ce qui concerne le rendement des cultures dans les kolkhoz desservis.

De plus, le kolkhoz où travaillent les ouvriers des brigades de tracteurs leur remet, pour les journées-travail qu’ils ont fournies, le montant de la différence entre la quantité réelle de céréales remise par journée-travail et le minimum garanti, ainsi que d’autres produits agricoles, à l’égal des kolkhoziens. Pour les travaux autres que ceux des champs (réparations, mécanisation des fermes d’élevage et travaux de construction à la S.M.T.), les ouvriers sont payés par la station en argent et aux pièces.

Le système de rémunération des travailleurs de la S.M.T. les encourage matériellement à utiliser au mieux l’outillage agricole et à faire progresser la production dans les kolkhoz.