Dominique Meeùs
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Louis Ségal, Principes d’économie politique :
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Les formes des unions monopolistes sont extrêmement variées. Les plus importantes sont : 1. Les cartels : des entreprises s’entendent pour partager le marché entre elles, établir des prix généraux, fixer les dimensions de la production de chaque entreprise, mais les entreprises elles-mêmes restent indépendantes aussi bien du point de vue de la production que de celui du commerce. 2. Les syndicats ou consortiums sont un degré plus élevé d’union monopoliste, les membres du syndicat n’achètent pas la matière première et ne vendent pas leur production eux-mêmes, mais ils créent à cet effet un appareil commercial commun. 3. Les trusts sont le degré supérieur d’union monopoliste : les entreprises perdent leur indépendance, non seulement du point de vue du commerce, mais aussi du point de vue de la production. Toutes les entreprises fusionnent en une seule entreprise, dirigée par un seul centre. Les anciens propriétaires de ces entreprises deviennent copropriétaires de cette grande entreprise unifiée. Le caractère individuel des entreprises s’efface.
Souvent ce sont non seulement des entreprises du même genre qui fusionnent, mais aussi des entreprises de différentes branches d’industrie. Il se crée de gigantesques entreprises combinées, qui se procurent elles-mêmes leurs matières premières, les transforment, utilisent les déchets de la production, etc. Tels sont, par exemple, les entreprises combinées de métallurgie, de houille, de produits chimiques, de construction mécanique. Cette sorte de trusts est plus stable que les trusts qui unifient seulement des entreprises du même genre, elle est moins influencée par les conditions variables du marché.
D’autre part, les trusts sont, sous la direction des grandes banques monopolistes, unifiés en konzerns qui englobent les entreprises les plus variées dans les différentes branches de l’industrie, du transport et du commerce.
Le monopole, né de la concentration, accélère encore plus cette dernière. Les monopoles font monter les prix sur le marché et s’assurent des profits fabuleux, ils monopolisent les découvertes et privent les autres capitalistes de la possibilité de réduire leurs frais de production.
p. 287Le monopole ainsi créé assure des bénéfices énormes et conduit à la formation d’unités techniques de production d’une ampleur formidable.
Dans le monopole, la socialisation de la production s’exprime déjà non seulement dans le fait que le travail est socialisé dans les limites d’une seule entreprise, que l’interdépendance des entreprises et des branches de production séparées augmente de plus en plus, mais aussi dans le fait que les capitalistes lient les grandes entreprises en un tout unique même au point de vue de l’organisation. Les monopoles font l’inventaire de toute la production sociale, des sources de matières premières, de la main-d’œuvre, des débouchés, etc.
La concurrence se transforme en monopole. Il en résulte un progrès immense de la socialisation de la production.
Mais cette socialisation est une socialisation capitaliste, elle n’abolit pas l’appropriation capitaliste, et, par conséquent, la contradiction fondamentale du capitalisme. Lorsque les forces productives qui ont déjà besoin d’une socialisation véritable et complète sont soumises à la socialisation capitaliste sous la forme des monopoles, elles se trouvent encore plus gênées dans leur développement.