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« Pourquoi une Journée des femmes ? »

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Ainsi s’interroge le communiqué de presse qui sert en même temps d’invitation lancée aux femmes où qu’elles soient. Et la réponse : « Parce que nous, les femmes, nous sommes plus de la moitié de l’humanité. Ensemble, nous formons la majorité silencieuse. Mais pendant une journée entière, nous allons parler. »

Parallèlement, un groupe dit sa réticence à se donner pour l’expression de toutes les femmes : « Cette journée se veut la journée de toutes les femmes et cependant nous constatons que seule une petite minorité de femmes y est représentée : celles qui ont la possibilité de s’exprimer sur leur condition de femme. Le témoignage de la majorité absente serait pourtant le plus représentatif de l’oppression des femmes. »

Bien qu’étonnée du peu d’explication sur l’organisation de la journée et son contenu, la presse a très bien relayé l’annonce de l’événement. Radio et télévision découvraient un nouveau créneau : les femmes, leur voix, leur vocabulaire, leur détermination.

À noter : à cette journée de la libre parole, toute personne ne représente qu’elle-même. Qu’elle fasse partie d’un groupe qui anime la manifestation ou qu’elle intervienne en visiteuse, elle parle en son nom propre et donc en toute liberté. Femme au foyer ou représentante syndicale, femme enseignante ou femme en usine, employée de bureau ou de magasin, chacune est invitée à dire son expérience et à en discuter. « Parler ensemble est le premier pas vers l’action solidaire. »

Des femmes membres des commissions Femmes de la FGTB sont venues en curieuses, en amies et de la CSC de l’une ou l’autre organisatrice. Se souvenant, Miette Pirard6 raconte : « Je suis allée en toute dernière minute au Passage 44, suite à un coup de fil de Mariette Raway qui m’a appelée en disant : il faut que tu viennes, c’est formidable. Je suis arrivée en même temps qu’Annie Massay. On sentait que quelque chose bougeait, c’était emballant. J’y ai retrouvé Maria Moreau de La Louvière. J’avais décidé de ne pas y aller, d’une part parce que cela semblait un machin révolutionnaire et iconoclaste, d’autre part à cause du problème de l’avortement. »

Il semblait tacitement évident que les organisations féminines « officielles » ne participeraient pas en tant que telles à une Journée aussi imprévisible. La participation individuelle fut un premier pas vers la reconnaissance réciproque.

Notes
6.
Miette Pirard est membre du Bureau de la CSC. Annie Massay est permanente à la FGTB de Liège. Mariette Raway est syndicaliste CSC à Liège. Maria Moreau, venue à la journée avec les Marie Mineur, est déléguée syndicale à la CSC.
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