Bibliographie générale |
Chomsky, N. (2001). Le langage et la pensée: Contributions linguistiques à l’étude de la pensée L.-J. Calvet, Trans. Paris: Éditions Payot & Rivages. Added by: admin (2008-12-06 20:20:46) Last edited by: admin (2010-12-12 18:09:05) |
Resource type: Book ID no. (ISBN etc.): ISBN:2-228-88269-0 BibTeX citation key: Chomsky1969 View all bibliographic details |
Categories: Linguistique, Philosophie, Psychologie Creators: Calvet, Chomsky Publisher: Éditions Payot & Rivages (Paris) |
Views: 1/1954 Views index: 43% Popularity index: 10.75% |
Abstract |
Trois conférences intitulées : passé, présent, futur. La première reprend des idées qu’on trouve aussi dans (Chomsky, 1969). Chomsky, N. (1969). La linguistique cartésienne, suivi de la nature formelle du langage: Un chapitre de l’histoire de la pensée rationaliste N. Delanoë & D. Sperber, Trans. Paris: Éditions du Seuil. Added by: admin Last edited by: admin |
Quotes |
pp.25-27, Chapter 1. Le passé
Descartes arriva aussi, dès le début de ses recherches, à la conclusion que l’étude de l’esprit nous confronte à un problème de qualité de complexité et non pas seulement de degré de complexité. Il pensait avoir montré que l’entendement et la volonté, les deux propriétés fondamentales de l’esprit humain, impliquent des capacités et comportent des principes que même le plus complexe des automates ne peut pas réaliser. […] Les cartésiens essayaient de montrer que même si on affine, on clarifie et on pousse à la limite la théorie des corps, elle reste encore incapable de rendre compte de faits évidents à l’introspection et qui nous apparaissent également lorsque nous observons les actions des autres. En particulier, elle ne peut rendre compte de l’emploi normal du langage humain, de même qu’elle ne peut expliquer les propriétés fondamentales de la pensée. Il devient par conséquent nécessaire d’invoquer un principe entièrement nouveau, en termes cartésiens de postuler une seconde substance dont l’essence est la pensée, accolée au corps, avec ses propriétés essentielles d’étendue et de mouvement. Ce principe nouveau a un « aspect créateur » qui est clairement mis en évidence dans ce que nous pouvons désigner comme « l’aspect créateur de l’utilisation du langage », la faculté spécifiquement humaine d’exprimer des pensées nouvelles et de comprendre des expressions de pensée nouvelles dans le cadre d’un « langage institué », produit culturel soumis à des lois et à des principes qui lui sont en partie propres et qui reflètent en partie des propriétés générales de la pensée. Ces lois et ces principes, affirme-t-on, ne sont pas formulables en termes des concepts, même les plus généraux et les mieux élaborés, propres à l’analyse du comportement et de l’interaction des systèmes physiques, et ils ne sont pas réalisables par un automate, fût-il le plus complexe. En fait, Descartes affirmait que la seule indication certaine qu’un autre corps possède un esprit humain au lieu d’être un simple automate, c’est son aptitude à utiliser le langage de façon normale. Et il arguait que cette aptitude ne peut être décelée chez l’animal ni chez l’automate qui, sous d’autres aspects, montrent des signes apparents d’intelligence supérieurs à ceux de l’homme, même si un tel organisme ou une telle machine pouvait être aussi pleinement doté que l’homme des organes physiologiques nécessaires pour produire le discours. Je reviendrai à cette argumentation et aux façons dont elle fut développée. Mais je pense qu’il est important de mettre l’accent sur le fait que, avec ses trous et ses faiblesses, c’est une argumentation qui doit être prise au sérieux. Added by: admin Comments: Il ne dit pas ce qu’il appelle qualité de complexité et qu’il oppose à degré de complexité. Cela reste donc très métaphysique (au sens péjoratif). D’autre part, « le plus complexe des automates », est-ce le plus complexe réalisable du temps de Descartes ou le plus complexe en principe ? Plus généralement, il rapporte avec plus que de l’intérêt, avec une évidente sympathie la position de Descartes et des cartésiens (que l’esprit ne peut être réduit au fonctionnement d’un organe corporel, qu’il distingue de manière essentielle l’homme de l’animal, comme une substance non physique) sans s’engager clairement par rapport à elle (du moins ici). J’ai du mal à concevoir qu’un savant de la deuxième moitié du vingtième siècle puisse être un idéaliste dualiste, mais on ne sait jamais. Plus loin (Chomsky, 2001, p.157), il parlera d' « émergence », mais j’ai l’impression que chez lui l’émergence est en rupture radicale, essentielle avec ce dont elle émerge. Ce n’est pas l’émergence réductible en dernier ressort de Bunge, ce serait une émergence métaphysique. Je dois creuser ça chez Chomsky avant d'en décider. Chomsky, N. (2001). Le langage et la pensée: Contributions linguistiques à l’étude de la pensée L.-J. Calvet, Trans. Paris: Éditions Payot & Rivages. Added by: admin (2008-12-13 18:19:53) |
pp.32-33, Chapter 1. Le passé
Huarte [médecin espagnol du 16e] distingue ensuite trois degrés d’intelligence. Le plus bas de ceux-ci est « l’intelligence docile », satisfaisant à la maxime qu’il attribue par erreur, comme Leibniz et beaucoup d’autres, à Aristote, selon laquelle il n’y a rien dans l’esprit qui ne lui est simplement transmis par les sens. Le degré suivant, l’intelligence humaine normale, va bien au-delà de la limitation empirique : elle peut « engendrer elle-même, par sa propre puissance, les principes sur lesquels repose la connaissance ». Les esprits humains normaux sont tels que, « assistés par le sujet seul, sans le secours d’aucun corps, ils produiront mille traits dont ils n’ont jamais entendu parler, […] inventant et disant des choses comme ils n’en ont jamais entendu de la bouche de leurs maîtres ni de personne d’autre ». Ainsi l’intelligence humaine normale est-elle capable d’acquérir la connaissance par ses propres moyens, en utilisant peut-être les données des sens, mais en continuant à construire un système cognitif grâce à des concepts et des principes développés sur des bases indépendantes ; et elle est capable d’engendrer de nouvelles pensées et de trouver des moyens nouveaux et appropriés pour les exprimer, par des voies qui transcendent entièrement tout entraînement et toute expérience. Huarte postule un troisième type d’intelligence, « par laquelle certains, sans art ni étude, disent des choses subtiles et surprenantes, cependant vraies, qui ne furent jamais vues, entendues ou écrites, ni même pensées ». On fait ici référence à la vraie créativité, exercice de l’imagination créatrice par des moyens qui vont plus loin que l’intelligence normale et qui peuvent, pense-t-il, impliquer un « mélange de folie ». Huarte soutient que la distinction entre intelligence docile, qui rencontre la maxime empiriste, et l’intelligence normale, avec toutes ses capacités génératrices, est la distinction qu’il y a entre la bête et l’homme. En tant que médecin, Huarte était très intéressé par la pathologie. ll note en particulier que la plus sévère infirmité de l’intelligence qui puisse affliger un homme est d’être ramenée au plus bas des trois degrés, celui de l’intelligence docile qui se conforme aux principes empiristes. Cette infirmité, dit Huarte, « ressemble à celle des Eunuques, incapables d’engendrer ». Dans ces tristes circonstances où l’intelligence peut seulement recevoir des stimuli transmis par les sens et les associer avec un autre, la véritable éducation est évidemment impossible, puisque les idées et les principes qui permettent la croissance de la connaissance et de l’entendement sont absents. Dans ce cas, « ni la cravache, ni les cris, ni la méthode, ni les exemples, ni le temps, ni l’expérience ni rien dans la nature ne peut suffisamment l’exciter à engendrer quoi que ce soit ». Added by: admin |
pp.40-41, Chapter 1. Le passé
Ils [les cartésiens] n’étaient pas satisfaits, en tant que savants, par la formulation de tests expérimentaux prouvant que le comportement d’un autre organisme était créateur, au sens particulier que nous venons de cerner ; ils étaient également inquiets, à juste titre, du fait que les capacités révélées par de tels tests et par de tels critères d’observation transcendaient les capacités des corps physiques comme ils les comprenaient, tout comme elles échappent au champ de l’explication physique comme nous la comprenons aujourd’hui.
Added by: admin
Comments: Nous, aujourd’hui semblerait indiquer la position qui lui paraît allant de soi, donc aussi la sienne, que certaines capacités transcendent (en quel sens ?) ce qui est physiquement explicable. Added by: admin (2008-12-13 17:04:12) |
pp.41-42, Chapter 1. Le passé
Il me semble que l’approche la plus encourageante consiste aujourd’hui à décrire les phénomènes du langage et de l’activité mentale aussi précisément que possible, à tenter de développer un apparat théorique abstrait qui rendra compte dans la mesure du possible de ces phénomènes et de leur fonctionnement sans essayer, pour l’instant, de mettre en rapport les structures et les processus mentaux postulés avec des mécanismes physiologiques ou d’interpréter la fonction mentale en termes de « causes physiques ». Nous ne pouvons que laisser ouverte pour l’avenir la question de savoir comment et ces structures et ces processus abstraits sont réalisés ou exprimés en termes concrets, sans doute en termes qui ne soient pas du domaine des processus physiques comme nous les comprenons actuellement. Cette conclusion si elle est exacte ne devrait surprendre personne.
Added by: admin
Comments: Je peux comprendre qu’on commence par décrire, puis par spéculer sur une théorie qui rend compte de ce qu’on a observé. Qu’on remette à plus tard le lien avec la physiologie. Pourquoi faut-il des guillemets aux « causes physiques » ? Que seraient des termes concrets qui ne seraient pas des processus physiques ? Cela me surprend. En fait, ce qu’il considère insuffisant, ce sont les causes physiques ou les processus physiques « comme nous les comprenons aujourd’hui ». De même que la mécanique de contact de Descartes a été dépassée par l’action à distance de la gravitation inimaginable pour un cartésien (et difficile à accepter pour Newton lui-même), de même Chomsky estime qu’une explication physique de la pensée ne sera possible que lorsque la physique inclura des réalités que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd’hui. Je ne peux m’empêcher de trouver sa conception de la physique et son attente plus mystique que scientifique. La physique pourrait encore faire d’énormes progrès dans la compréhension des réalités fondamentales de la nature et dans l’unification des théories, mais les neurones sont des cellules formées de macromolécules, pas directement de quarks et l’évolution de la physique fondamentale ne changera pas grand chose aux protéines. (Je découvre que je ne suis pas le premier à faire cette objection. On la retrouve presque à l’identique dans (Smart, 1978, p.340) que cite Lycan (2003).) Le problème qui se pose est qu’il y a encore un énorme travail devant nous avant de comprendre ce qui se passe dans le cortex, mais il n’y a aucune raison d’attendre ce progrès d’une « autre physique ». Lycan, W. G. (2003). Chomsky on the mind-body problem. In Chomsky and his Critics. Smart, J. J. C. (1978). The content of physicalism. Philosophical Quarterly, 28, 339–341. Added by: admin (2008-12-13 19:14:42) |
pp.42-43, Chapter 1. Le passé La philosophie rationaliste du langage fusionna avec différents autres développements indépendants au 17e siècle, menant à la première théorie générale vraiment significative de la structure linguistique, c’est-à-dire le point de vue général qui reçut le nom de grammaire « philosophique » ou « universelle ». Malheureusement, la grammaire philosophique est très peu connue aujourd’hui. Il y a peu d’études techniques ou savantes à ce sujet, et elles sont plutôt apologétiques. Les références à la grammaire philosophique dans les traités modernes sur le langage sont trop déformées pour avoir de la valeur. Même un savant d’un aussi haut niveau que Leonard Bloomfield donne dans son œuvre principale, [i]Le Langage/i], un compte rendu de la grammaire philosophique qui n’a presque aucun rapport avec l’original et attribue à cette tradition des vues diamétralement opposées à celles qui la caractérisent le plus. Added by: admin |
pp.52-54, Chapter 1. Le passé
La relation entre la théorie de Port-Royal et la linguistique structurale et descriptive moderne est relativement claire. Cette dernière se limite à l’analyse de ce que j’ai appelé la structure superficielle, aux propriétés formelles explicites dans le signal et aux syntagmes et unités qui peuvent être mis en évidence dans le signal par les techniques de segmentation et de classification. Cette limitation est parfaitement consciente et elle a été considérée — de façon tout à fait erronée à mon avis — comme un grand progrès. Le grand linguiste suisse Ferdinand de Saussure qui, au début de ce siècle, a jeté les bases de la linguistique structurale moderne, a avancé l’idée que les seules méthodes correctes d’analyse linguistique sont la segmentation et la classification. En appliquant ces méthodes, le linguiste détermine les modèles dans lesquels apparaissent les unités ainsi analysées, ces modèles étant soit syntagmatiques — c’est—à—dire modèle de succession dans le discours — soit paradigmatiques — c’est-à-dire relations entre les unités qui occupent la même place dans le discours. Il soutenait que lorsqu’une telle analyse est achevée, la structure de la langue est nécessairement révélée dans sa totalité et la science linguistique a réalisé entièrement sa tâche. Une telle analyse taxonomique ne laisse évidemment aucune place à la structure profonde dans le sens de la grammaire philosophique. […] La linguistique structurale moderne a été fidèle à ces limitations qu’elle a considérées comme nécessaires. En fait, à bien des égards, Saussure se sépare encore plus de la tradition de la grammaire philosophique. Il exprime parfois l’idée que les procédés de formation des phrases n’appartiennent pas du tout à la langue, que le système de la langue se limite à des unités linguistiques comme les sons et les mots et peut-être à quelques phrases fixées et à un petit nombre de modèles très généraux. Les mécanismes de formation des mots sont par ailleurs, selon lui, libres de toute contrainte imposée par la structure linguistique en tant que telle. Ainsi la formation de la phrase n’est-elle pas strictement un problème de langue mais plutôt un problème de ce qu’il appelle la parole, elle se trouve donc hors du champ de la linguistique proprement dite. C’est un processus de création libre, sans contrainte de la part de règles linguistiques sauf celles qui gouvernent la forme des mots et l’agencement des sons. La syntaxe est de ce point de vue un problème secondaire. Added by: admin |
pp.56-58, Chapter 1. Le passé
Ainsi, l’étude du langage avait atteint un stade dans lequel il y avait d’une part un ensemble de simples concepts fournissant la base de succès surprenants et d’autre part des idées profondes mais plutôt vagues qui ne semblaient pas devoir mener à de futures recherches productives. Le résultat était inévitable et ne doit pas du tout être déploré. Il se produisit une professionnalisation du domaine, un déplacement d’intérêt des problèmes classiques d’intérêt général pour des intellectuels comme Arnauld et Humboldt par exemple, vers un nouveau domaine largement défini par les techniques que la profession elle-même s’était forgées pour la solution de certains problèmes. Un tel développement est naturel et correct, mais il n’est pas sans danger. Sans vouloir exalter le culte de l’amateurisme des hommes du monde, il faut cependant reconnaître que ces problèmes classiques ont une vivacité et une importance qui peuvent manquer dans un domaine de recherche déterminé par la possibilité d’appliquer certains outils et certaines méthodes plutôt que par des problèmes présentant un intérêt intrinsèque. La morale de cela n’est pas qu’il faille abandonner des outils utiles ; elle est plutôt d’abord qu’i1 faut garder suffisamment de perspective pour voir l’arrivée du jour inévitable où la recherche pouvant être menée avec ces outils n’aura plus d’importance, et en second lieu qu’il faut accorder de la valeur aux idées et aux intuitions adéquates, quoique peut-être prématurées, vagues et peu productives à un moment particulier de la technique et de la compréhension. Je pense que nous voyons maintenant clairement, grâce au recul, que le fait de déprécier et de négliger une riche tradition s’est révélé à la longue très nuisible à l’étude du langage. En outre, cette dépréciation et cette négligence n’étaient certainement pas nécessaires. Cela aurait peut—être été psychologiquement difficile, mais il n’y a en principe aucune raison pour que l’exploitation heureuse de l’approche structuraliste dans les études historiques et descriptives n’ait pas pu être associée à une claire reconnaissance de ses limites essentielles et de son inadéquation finale, en comparaison avec la tradition qu’elle avait temporairement et injustement supplantée. Il y a là, je crois, une leçon valable pour l’étude future du langage et de la pensée. Added by: admin |
pp.148-149, Chapter 3. Le futur
Nous vivons, après tout, au siècle de la « science du comportement » (behavioral science) et non au siècle de la « science de l’esprit » (science of mind). Je ne voudrais pas faire dire trop de choses à une innovation terminologique, mais je crois que la facilité et le bon vouloir avec lesquels la pensée moderne concernant l’homme et la société accepte la désignation de « science du comportement » présente quelque importance. Aucune personne sensée n’a jamais douté du fait que le comportement fournit la plupart des bases de cette étude — toutes ses bases si nous prenons « comportement » en un sens suffisamment imprécis. Mais le terme « science du comportement » laisse à entendre que, de façon moins subtile, on met l’accent sur ces bases mêmes plutôt que sur les principes et les structures mentales abstraites sous-jacents et beaucoup plus profonds qui pourraient être éclairés par le comportement. C’est comme si l’on appelait les sciences naturelles « sciences de lecture des cadrans ». Qu’attendrions-nous en fait des sciences naturelles dans une culture qui, satisfaite, accepterait ce terme pour désigner ses activités ? La science du comportement s’est beaucoup préoccupée des faits et de l’organisation des faits, et elle s’est même considérée comme une sorte de technologie du contrôle du comportement. L’antimentalisme en linguistique et en philosophie se conforme à ce déplacement d’orientation. Comme je l’ai mentionné dans ma première conférence, je pense qu’une contribution indirecte importante de la linguistique structurale moderne vient du fait qu’elle a réussi à rendre explicites les présupposés d’une approche antimentaliste des phénomènes du langage, approche qui est complètement opérationnelle et comportementiste. En poussant cette approche jusqu’à ses limites naturelles, elle pose les bases d’une démonstration relativement concluante de l’inadéquation de toute approche de ce type aux problèmes de la pensée. Added by: admin |
pp.156-157
Lorsque nous nous demandons ce qu’est le langage humain, nous ne lui trouvons pas de similitudes frappantes avec les systèmes de communication animale. Il n’y a rien d’utile à dire sur le comportement et sur la pensée au niveau d’abstraction auquel la communication animale et la communication humaine se rejoignent. Les exemples de communication animale qui ont été jusqu’ici examinés partagent effectivement bien des propriétés avec les systèmes gestuels humains, et il serait raisonnable d’explorer la possibilité de relation directe dans ce cas. Mais il apparaît que le langage humain est fondé sur des principes entièrement différents. Ceci est je crois un point important, trop souvent dédaigné par ceux qui approchent le langage humain comme un phénomène biologique, naturel ; il semble en particulier relativement sans objet de spéculer sur l’évolution du langage humain à partir de systèmes plus simples — aussi absurde peut-être que de spéculer sur l’ « évolution » des atomes à partir de nuages de particules élémentaires. Pour ce que nous en savons, la possession du langage humain s’accompagne d’un type spécifique d’organisation mentale et pas simplement d’un degré élevé d’intelligence. L’idée selon laquelle le langage humain serait simplement un exemple plus complexe de quelque chose que l’on trouverait partout dans le monde animal semble n’avoir aucune solidité. Ceci pose un problème au biologiste car, si c’est vrai, c’est un bel exemple d’ « émergence » — apparition d’un phénomène qualitativement différent à un stade particulier de complexité d’organisation. C’est la reconnaissance de ce fait qui, quoique formulée différemment, a en grande partie motivé l’étude du langage à l’époque classique chez ceux qui étaient en premier lieu intéressés par la nature de la pensée. Added by: Dominique Meeùs Keywords: dualisme idéalisme animal émergence évolution évolution du langage biologie communication animale complexité esprit homme langage pensée Comments: Il a raison d’insister sur l’énorme fossé qui sépare la communication animale de la parole humaine, mais il a tort d’en inférer qu’il n’y a pas de continuité évolutive. Il est curieux que lui, scientifique, prétende décider d’avance de ce qu’une autre science, la biologie, ne pourra jamais faire. L’analogie avec les atomes est mal venue puisque d’une part les atomes sont composés de particules plus élémentaires et qu’historiquement, le monde jeune et chaud a été à un certain stade ce qu’on peut qualifier en langage ordinaire de nuage de particule élémentaire et qu’en ce refroidissant, une partie de ce nuage s’est condensée en atomes. Cela ne pose pas de problème au biologiste, pour lequel il y a continuité évolutive. Il n’y a de problème que pour Chomsky que ses préjugés forcent à invoquer l’ « émergence », ce dualisme honteux. Added by: Dominique Meeùs (2010-12-12 18:09:04) |