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de Duve, C. (2002). À l’écoute du vivant. Paris: Éditions Odile Jacob. 
Added by: admin (2008-06-14 18:36:05)   Last edited by: Dominique Meeùs (2010-09-13 05:17:10)
Resource type: Book
ID no. (ISBN etc.): ISBN:978-2-7381-1166-1
BibTeX citation key: deDuve2002a
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Categories: Biologie, Philosophie, Sciences
Keywords: darwinisme, dessein intelligent, gène, matérialisme, probabilité, sélection naturelle
Creators: de Duve
Publisher: Éditions Odile Jacob (Paris)
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Quotes
pp.7-8, Chapter Avant-propos   [Ma vie] a coïncidé avec le bond le plus spectaculaire des connaissances dans toute l’histoire de l’humanité. Le ciel nocturne de mon enfance a été exploré jusqu’aux confins et débuts les plus éloignés de l’Univers. Les innombrables apparences de la matière ont été réduites à un petit jeu de particules et forces élémentaires. La vie elle-même a livré ses secrets. Ses mécanismes centraux ont été élucidés jusque dans leurs intimes détails, et son histoire qui, nous le savons maintenant, inclut celle de l’humanité, a été sondée jusqu’à une origine qui se perd dans la nuit des temps. Le cosmos, l’atome et la vie nous sont en grande partie connus.   Added by: admin
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Il est né en 1917 et, en novembre 2008, il est toujours vivant. Sa vie a donc couvert l’essentiel du 20e siècle et ses bouleversements scientifiques.
     Magnifique affirmation de ce que le monde est à la portée de notre connaissance.   Added by: admin  (2008-11-14 12:01:57)
pp.12-13, Chapter Avant-propos   Entre Teilhard et Monod, je finissais par opter pour Monod, tout en me prononçant en faveur d’un monde signifiant (de Duve, 1996, pp.473–481). Entre Pascal et Voltaire, je laissais le choix au lecteur (de Duve, 1996, p.497).
     Je n’ai plus le droit de tergiverser, même dans le but louable de ne pas peiner ou choquer. Ce livre est sans doute mon dernier. Il est mon testament, si l’on veut bien me pardonner ce vocable pompeux. Je me dois d’y dire le fond de ma pensée, en toute honnêteté, sachant que certains risquent d’être douloureusement surpris ou déçus par mes déclarations. À tous ceux-là, je demande pardon pour ce qu’ils considéreront peut-être comme une trahison vis-à-vis de mon université, de mes collègues, de mes amis et de mon milieu social, tout en leur demandant de lire mon témoignage avec ouverture d’esprit, attention et sympathie. Peut-être, d’ailleurs, ne seront-ils pas aussi nombreux que je ne le crains à me désavouer. Le Louvain d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a cinquante ans. Un physicien louvaniste (Bricmont, 1999) n’a-t-il pas fait récemment un éloge public de l’athéisme qui dépasse de loin ma vision de ce que j’appelle dans le livre « l’ultime réalité ».

Bricmont, J. (1999). Science et religion: L’irréductible antagonisme. In Où va Dieu ? (pp. 247–264). Bruxelles: Éditions Complexe.
de Duve, C. (1996). Poussière de vie: Une histoire du vivant A. Bucher & J.-M. Luccioni, Trans. Paris: Fayard.   Added by: admin
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Il ne nomme pas le physicien en question. C’est moi qui ai ajouté le nom et la référence.   Added by: admin  (2010-09-13 05:17:10)
pp.32-33, Chapter premier. Qu’est-ce que la vie ? (a : chimie)   […] l’augmentation [du gaz carbonique dans l’atmosphère] causée par la production accrue d’origine humaine et par la diminution de la consommation photosynthétique est déjà devenue significative. Il y a de plus en plus d’indications que ce phénomène commence à causer un réchauffement de la Terre, dû à l’effet de serre. Si la tendance actuelle persiste, elle pourrait entraîner l’inondation de vastes régions côtières, suite à la fonte de glaces polaires, et d’autres conséquences néfastes pour l’environnement. Ces risques commencent à être appréciés jusque dans les plus hautes sphères politiques. Mais les mesures requises seront très difficiles à prendre, surtout en regard de l’opposition croissante à l’énergie nucléaire, qui constitue actuellement la source d’énergie la moins chère et la plus aisément disponible pour remplacer la consommation de combustibles fossiles.   Added by: admin
pp.38-39, Chapter premier. Qu’est-ce que la vie ? (a : chimie)   Jusqu’à présent, nous n’avons examiné que les conditions de base qui permettent aux êtres vivants de fonctionner en tant qu’usines chimiques. Mais une collection de molécules est loin de constituer une cellule vivante, tout comme un amas de briques, de planches et de tuiles ne fait pas une maison. Il reste à combiner ces éléments en murs, portes, fenêtres, toit et autres parties, tout cela selon un plan défini. De même, dans les constructions biologiques, les produits des synthèses doivent être assemblés en éléments structuraux, tels que membranes, fibres ou granules, qui doivent eux-mêmes être combinés en structures de plus en plus élaborées, jusqu’à former cet organisme extraordinairement complexe que constitue une cellule vivante. Dans la construction d’une maison, le travail est fait par des ouvriers suivant un plan établi par un architecte. Dans la construction d’une cellule, quels sont les ouvriers, qui est l’architecte ?
     Il n’y en a pas. Tout se fait automatiquement, selon des instructions inscrites dans les structures des molécules impliquées. À un premier niveau, l’information est fournie par les enzymes. Celles-ci définissent, par les configurations de leurs sites de fixation et de leurs centres actifs, ce que l’on pourrait appeler « le programme de fabrication » des usines chimiques vivantes, leur catalogue de produits.
     Au niveau suivant, c’est la structure des molécules ainsi fabriquées qui guide l’assemblage. Les protéines enzymatiques participent souvent à cette combinatoire, par des sites différents de ceux qui interviennent dans leurs propriétés catalytiques. Elles forment ainsi des systèmes multi-enzymatiques complexes, organisés de manière à effectuer des suites ou des cycles de réactions d’une façon coordonnée. De nombreuses protéines qui ne sont pas des enzymes mais jouent un rôle uniquement structural, ainsi que d’autres macromolécules, participent également à l’auto-assemblage des structures biologiques. Ce qu’il y a de remarquable dans ces phénomènes, c’est leur spontanéité. Bien que plusieurs centaines de pièces puissent intervenir dans l’édification d’une structure, tout a lieu sans instruction extérieure. La place de chaque pièce dans le complexe est inscrite dans sa forme, comme dans un puzzle, avec en plus des forces d’attraction suffisantes pour stabiliser les unions qui se créent au hasard des rencontres. Il suffit de mélanger les pièces et de leur donner le temps de se retrouver — ce qui, au rythme des agitations moléculaires, demande rarement plus de quelques heures —, d’ajouter une pincée d’ATP comme source d’énergie, éventuellement l’un ou l’autre catalyseur, et un objet aussi complexe qu’un chromosome, par exemple, se formera spontanément, même dans une éprouvette. C’est comme si on reconstituait un puzzle rien qu’en agitant les pièces. [C’est moi qui souligne, D. M.]
     La notion clé est ici celle de complémentarité entre deux configurations moléculaires qui se correspondent et s’imbriquent étroitement. Ce phénomène, dont on ne pourrait exagérer l’importance, régit la combinaison des pièces au cours des auto-assemblages. C’est grâce à lui, aussi, que les sites de fixation des enzymes sélectionnent les substances sur lesquelles elles agissent. Il intervient également dans les interactions entre des agents actifs tels que des hormones ou des médicaments et leurs récepteurs cellulaires, comme dans la reconnaissance des antigènes par les anticorps dans les phénomènes de défense immunitaire. On le retrouvera à la base de tous les transferts d’information génétique. La notion de complémentarité est souvent illustrée par la relation qui existe entre une clé et une serrure ou entre un tenon et une mortaise. L’image est suggestive, mais elle n’est qu’en partie correcte. Les tenons et mortaises biologiques ont sur ceux des menuisiers l’avantage d’être plus souples et adaptables, de manière à pouvoir se mouler dans une certaine mesure les uns sur les autres. De plus, ils portent avec eux, sous la forme d’affinités mutuelles, la « colle » qui les aidera à tenir ensemble.   Added by: admin
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Dans cette longue citation, j’ai souligné le point central pour moi. J’y retrouve les idées qui m’avaient frappé à première lecture et à la lecture de (Monod, 1973, p.111) et (Monod, 1973, p.140).

Monod, J. (1973). Le hasard et la nécessité: Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Paris: Éditions du Seuil.   Added by: admin  (2008-11-14 16:00:39)
p.44, Chapter 2. Qu’est-ce que la vie ? (b : information)   Les relations que l’on vient d’esquisser ont une signification universelle. Chez tous les êtres vivants connus, l’information génétique est entreposée dans la séquence de bases de molécules d’ADN, reproduite par réplication de cet ADN et exprimée par le biais des molécules d’ARN et de protéines synthétisées selon les instructions qu’il recèle. On désigne sous le nom de génome l’ADN total d’un organisme. Le génome est subdivisé en unités, appelées « gènes », dont on peut dire, en première approximation, que chacune code pour une chaîne protéique distincte (sauf les quelques gènes qui codent pour des ARN fonctionnels, mais on y reviendra). Pour le colibacille, le génome comprend environ trois millions de bases, soit l’équivalent en signes typographiques de dix fois Qu’est-ce que la vie ? de Schrôdinger. Le génome humain, qui a fait la une des journaux lorsque sa séquence complète fut annoncée en février 2001, comprend environ deux mille fois plus. Pour l’enregistrer — bien entendu, c’est un ordinateur qui en est chargé — il faudrait environ trois cents volumes de la taille du Petit Robert, de quoi occuper une bonne vingtaine de mètres de rayonnage dans une bibliothèque. C’est énorme. Et c’est aussi fort peu si l’on songe que toutes les instructions qui spécifient un être humain, depuis sa conception jusqu’à sa mort, se trouvent condensées dans l’équivalent de quelque trois cents livres, réduits, par la merveille de la miniaturisation moléculaire, à environ deux mètres d’ADN pelotonnés au sein d’une petite sphère d’un centième de millimètre de diamètre, le noyau de la cellule.   Added by: admin
Keywords:   information génétique CD-ROM ADN ARN complexité génome ordre de grandeur protéine quantité d’information réplication
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Cette quantité d’information comparée ici à trente gros livres ou vingt mètres de rayonnage, je l’avais vue ailleurs estimée de l’ordre de grandeur de ce qu’on écrit sur un CD-ROM.
     Je ne sais pas si c’est l’information utile ou l’information brute (la plus grande partie de l’ADN du noyau est sans signification).   Added by: admin  (2009-05-05 21:11:07)
pp.52-53, Chapter 2. Qu’est-ce que la vie ? (b : information)   Toutes les découvertes de la biologie moderne concordent pour montrer que les protéines ne peuvent être reproduites qu’en passant par les acides nucléiques correspondants. La copie directe d’une molécule protéique n’a jamais été observée. Ni, non plus, la traduction réverse d’une séquence protéique en une séquence nucléique. Le transfert d’information entre acides nucléiques et protéines est strictement à sens unique. C’est ce que Crick a appelé le « dogme central ». On préférerait le terme de « postulat » ou « règle ». Les dogmes n’ont rien à faire en science. Quoi qu’il en soit, le dogme central de Crick semble bien avoir force de loi inviolable.
     Une conséquence du dogme central est que les modifications que des protéines acquerraient par l’usage ne peuvent être transmises héréditairement, car elles ne peuvent être transférées aux gènes qui codent pour les protéines. C’est là, comme on le verra au chapitre 7, une raison majeure pour rejeter la théorie de l’hérédité des caractères acquis de Lamarck. Bien qu’indubitablement correcte dans la grande majorité des cas, cette inférence n’est pas entièrement valable. Il est possible que certaines conformations soient transmises héréditairement par contact, plutôt que par des gènes.   Added by: admin
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Il développe immédiatement après l’exception qu’il a en tête à la fin de la citation. Ce sont par exemple les prions de la maladie de la vache folle.   Added by: admin  (2008-11-14 16:03:03)
pp.55-56, Chapter 2. Qu’est-ce que la vie ? (b : information)   Deuxième conclusion majeure : la vie est chimie, à quoi l’on doit accoler la physique dans la mesure où la physico-chimie intervient dans des phénomènes tels que la conduction nerveuse ou les potentiels de membrane. Ce point a déjà été souligné dans le chapitre précédent. Tout ce qui a suivi n’a fait que le conforter. Invariablement, nos explications de la vie font appel à des structures et des interactions moléculaires. Le langage de la vie est le langage de la biochimie.
     Cette vérité tend à s’effacer aujourd’hui devant les progrès de la génétique et de la biologie moléculaire. Le langage de la génétique est tellement attrayant dans sa simplicité, tellement accessible au profane, que les réalités qui le sous-tendent ne sont plus toujours prises en considération. De nombreux biologistes moléculaires ou de l’évolution poursuivent leurs activités sans l’aide de concepts biochimiques, qu’ils ignorent parfois de manière étonnante. Les biologistes théoriciens, dans leurs simulations par ordinateurs, remplacent les structures moléculaires par des symboles et les réactions chimiques par des algorithmes. De tels exercices peuvent être utiles et éclairants. Mais donner à leurs réalisations le nom de « vie artificielle » est trompeur. Si la vie doit être un jour reproduite artificiellement, elle le sera dans une éprouvette, non dans un ordinateur.   Added by: admin
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On pourrait peut-être adresser à Dawkins dans certaines de ses élucubrations tendancieuses le reproche d’ignorer la réalité physique du gène.   Added by: admin  (2008-11-14 16:16:41)
pp.66-67, Chapter 3. D’où vient la vie   Il est resté, néanmoins, une sorte d’aura vitaliste résiduelle autour de la chimie organique, perçue d’une manière presque subliminale comme étant une forme de chimie pratiquée uniquement par des êtres vivants, y compris les chimistes organiciens. La chimie spatiale a anéanti ce dernier refuge du vitalisme en montrant que des substances organiques sont répandues dans tout le cosmos où elles constituent une portion importante de la matière froide. De petits radicaux et molécules, composés de quelques atomes seulement, de carbone, d’hydrogène, d’oxygène, parfois d’azote ou de soufre, sont présents sur d’infimes grains de poussière qui constituent des nuages extrêmement ténus — plus raréfiés que le meilleur vide que nous soyons capables de produire sur Terre — mais immensément étendus, remplissant de vastes régions de l’espace de ce que l’on appelle la « poussière interstellaire ». Lorsque de tels grains s’agglomèrent, les petites molécules qu’ils contiennent réagissent ensemble pour former des entités plus grosses, dont de nombreuses variétés ont maintenant été identifiées sur des comètes et divers autres corps célestes, en particulier sur des météorites que l’on a pu analyser en détail.
     Les résultats de ces analyses ne sont rien de moins que stupéfiants. Non seulement ont-ils révélé l’existence de nombreuses molécules organiques d’origine manifestement extraterrestre ; mais il se trouve que ces molécules comprennent beaucoup de constituants élémentaires caractéristiques de la vie, par exemple des acides aminés. Chose étonnante, ces découvertes ont eu peu de retentissement dans le monde scientifique, encore moins dans le monde en général. Et, cependant, le message qu’elles diffusent est suprêmement important. Les germes chimiques de la vie sont des produits banals de la chimie spatiale. Il y a de la « poussière de vie » partout dans l’Univers.   Added by: admin
pp.67-68, Chapter 3. D’où vient la vie   [Urey] avait, notamment, émis l’hypothèse que l’atmosphère entourant la jeune Terre était très différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Elle aurait été dépourvue d’oxygène et aurait été riche en hydrogène (H2) et en substances contenant de l’hydrogène telles que le méthane (CH4), l’ammoniac (NH3) et la vapeur d’eau (H2O). Les experts s’accordent aujourd’hui sur l’absence d’oxygène, qui est presque certainement un produit de la vie, mais pas sur la richesse en hydrogène, que beaucoup contestent. Quoi qu’il en soit, un jeune étudiant qui travaillait dans le laboratoire d’Urey se montra suffisamment impressiormé par la théorie de celui-ci pour se demander comment des éclairs répétés auraient pu affecter l’atmosphère postulée par son mentor. Contre l’avis de ce dernier, qui trouvait le projet trop aléatoire pour une thèse de doctorat, l’étudiant construisit une enceinte en verre au sein de laquelle le mélange gazeux proposé était soumis à une succession de décharges électriques. Les résultats dépassèrent les rêves les plus fous de l’étudiant. En quelques jours, près de 20 pour cent du carbone du méthane présent avait été converti en acides aminés et autres constituants biologiques typiques.
     Cette expérience historique propulsa presque instantanément le nom de l’étudiant — Stanley Miller — au firmament de la célébrité. Elle inaugura également une nouvelle discipline, appelée chimie « abiotique » (sans la vie) ou « prébiotique » (avant la vie), ayant pour objet la synthèse de composés biologiques dans des conditions qui auraient pu régner sur la Terre avant l’apparition de la vie. On a obtenu ainsi de nombreux constituants élémentaires de la vie dans des conditions prébiotiques plausibles. Les produits de cette nouvelle chimie présentent des similitudes remarquables, tant qualitatives que quantitatives, avec les substances décelées dans des météorites. Ce qu’on reproduit au laboratoire semble proche de ce qui a lieu spontanément dans l’espace.
     Ces découvertes ont remis au premier plan des préoccupations scientifiques la possibilité d’une origine naturelle de la vie […]   Added by: admin
pp.68-69, Chapter 3. d’où vient la vie   Et cependant, tout ce que l’on vient de voir jusqu’à présent tend à conforter une vision naturaliste de l’origine de la vie. Il y a d’abord le fait, relaté aux chapitres précédents, que la vie s’est révélée entièrement explicable en termes physico-chimiques. Ce qui est vrai pour le phénomène a beaucoup de chances de l’être aussi pour son origine. Si la vie fonctionne sans l’aide d’un « principe vital », on est en droit de supposer que sa naissance a eu lieu, elle aussi, sans l’intervention d’une telle entité. Une autre découverte encourageante est celle, que l’on vient de rappeler, d’une vaste chimie cosmique qui produit en abondance des acides aminés et d’autres substances organiques entrant dans la composition des êtres vivants. Si, comme il paraît raisonnable de le supposer, ces substances constituent les semences chimiques à partir desquelles la vie s’est développée, on peut dire que le premier pas, au moins, dans la naissance de la vie fut le fruit de processus naturels.   Added by: admin
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Le « cependant » du début répond à un certain vitalisme spontané répandu dans le grand public même cultivé.   Added by: admin  (2008-11-15 23:41:49)
pp.69-70, Chapter 3. D’où vient la vie   Indépendamment de toute idée préconçue, la science se doit de procéder comme si les problèmes qu’elle aborde étaient solubles. Il sera toujours temps de faire appel à « autre chose » lorsque toutes les tentatives de trouver une explication naturelle auront échoué. Dans le cas de l’origine de la vie, c’est encore loin d’être le cas.
     Il reste qu’aussi longtemps que le problème ne sera pas résolu, la tentation d’invoquer « autre chose » continuera d’être vivace. C’est même l’attitude d’une petite minorité de scientifiques, très faible en nombre mais devenue très agissante au cours des dernières années. Il y aurait selon ces dissidents des raisons intrinsèques de croire que la vie telle que nous la connaissons ne peut pas être le fruit de phénomènes naturels. Couchées dans des termes apparemment irréprochables du point de vue scientifique, ces affirmations sont accueillies avec enthousiasme et propagées avec ferveur non seulement par les milieux créationnistes traditionnels, mais aussi par des groupes divers qui, tout en prétendant accepter les données de la biologie moderne, soulignent que « la science n’explique pas tout » et défendent la thèse, dite du « dessein intelligent », qui voit dans les propriétés, l’origine et l’évolution de la vie l’intervention d’une influence autre que le simple jeu des lois naturelles. (Aussi (de Duve, 2005, p.82).)

de Duve, C. (2005). À l’écoute du vivant. Paris: Éditions Odile Jacob.   Added by: admin
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Ce n’est pas dit ici mais dans l’interview accordée à Solidaire (de Duve, Meeùs, & Pestieau, 2006). Ceci est une réfutation de la thèse des tenants du dessein intelligent, que la science ne pourra pas tout expliquer. Pour de Duve, « la science se doit de procéder comme si les problèmes qu’elle aborde étaient solubles. Il sera toujours temps de faire appel à “autre chose” lorsque toutes les tentatives de trouver une explication naturelle auront échoué. Dans le cas de l’origine de la vie, c’est encore loin d’être le cas. » En décrétant que le problème de la vie est insoluble, contre tous les progrès actuel de la connaissance scientifique, les tenants du dessein intelligent se placent eux-mêmes en dehors de la science. Ce faisant, ils contredisent eux-mêmes leur prétention à la scientificité.

de Duve, C., Meeùs, D., & Pestieau, D. 2006, September 20Aux origines de la vie: Sur l’évolution, darwin, le dessein intelligent et la science. Solidaire.   Added by: admin  (2009-03-01 07:57:32)
pp.227-228, Chapter 13. Devenir humain   C’est probablement l’outil qui a mené à la pensée rationnelle. […]
     […] On soupçonne de plus en plus qu’il y a [déjà chez certains animaux] derrière maints gestes utiles l’ébauche d’une représentation mentale de leur fonction. Dans le cas du chimpanzé pêcheur de termites, il est difficile de ne pas voir dans le comportement de l’animal l’accomplissement d’un projet élaboré en prévision d’un résultat
     Cette faculté a continué de se développer dès les débuts de l’hominisation. Les premières pierres taillées, manifestement faites dans un but, datent de plus de deux millions d’années. Elles ont été fabriquées par des êtres que nous ne reconnaîtrions pas comme humains aujourd’hui. Les musées d’anthropologie du monde entier exhibent des indices du processus extraordinairement lent, couvrant de nombreuses centaines de millénaires, par lequel ces outils primitifs ont été progressivement perfectionnés et adaptés à des usages divers, passant de galets grossièrement taillés aux formes élaborées des bifaces, haches, pointes, grattoirs et autres outils et armes spécialisés de la fin du paléolithique. On peut se demander si cette histoire n’a pas pris autant de temps parce qu’elle était conditionnée par l’expansion du cerveau et le développement concomitant de l’intelligence.
     Selon un avis largement partagé, la fabrication d’outils a joué un rôle clé dans le développement de l’intellect humain, par le biais d’un va-et-vient évolutif entre les mains et le cerveau. Les mains, libérées par la marche bipède, en viennent à servir dans une plus large mesure pour la préhension. Les gestes ainsi accomplis étant souvent utiles à la préservation et la propagation de l’espèce, toute modification génétique tendant à rendre l’usage des mains plus efficace a des chances d’être retenue par la sélection naturelle. Les améliorations ainsi acquises peuvent être anatomiques, comme le pouce opposable ; elles peuvent aussi, peut-être même plus fréquemment, affecter les mécanismes cérébraux qui commandent les gestes. Pour beaucoup de spécialistes, ce fut là, au départ, le moteur principal de la pression de sélection qui a favorisé l’expansion du cerveau humain. Homo sapiens, l’homme savant, est issu de Homo habilis, l’homme adroit.   Added by: admin
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C’est une reformulation darwinienne de l’intuition d’Engels (1968) (avec encore des relents de transformisme) qui donne son titre au « Rôle du travail dans la transformation du singe en homme ».

Engels, F. (1968). Dialectique de la nature É. Bottigelli, Trans. Paris: Éditions sociales.   Added by: admin  (2008-11-17 15:32:04)
p.232, Chapter 13. Devenir humain   Le langage, sans doute retenu originellement par la sélection naturelle comme moyen de communication sociale, a rendu possible en même temps, comme une sorte de bénéfice ajouté, le genre de soliloque intérieur qui sous-tend la pensée rationnelle, menant, par cette dernière, aux premières tentatives de comprendre le monde. Les mythologies, les religions et les philosophies ont été élaborées tour à tour dans cette quête d’explications, pour être suivies enfin, et pas partout dans le monde, par la démarche scientifique.
     Historiquement, la recherche de la connaissance a longtemps été précédée par des préoccupations purement pratiques. De nombreux progrès techniques ont été réalisés empiriquement, sans le bénéfice de connaissances préalables. Leurs inventeurs étaient des bricoleurs de génie qui ont, par essai et erreur et en profitant de l’expérience passée pour faire des améliorations, façonné des outils, fabriqué des armes, construit des machines, édifié des villes, bâti des forteresses, trouvé des médicaments, exploité les sources naturelles d’énergie, conquis les mers, bref créé les premières civilisations techniquement évoluées. Souvent, le succès est venu avant la compréhension. Ainsi, la thermodynamique a été développée pour expliquer la transformation de la chaleur en travail — d’où son nom — longtemps après que des machines à vapeur eurent commencé à pomper de l’eau, propulser des bateaux et tirer des trains.
     De ces racines empiriques, utilitaires, est née, avec le temps, une nouvelle forme d’exploration de l’inconnu, qui est devenue la science moderne. Motivée, comme les philosophies du passé, par le seul désir de comprendre, la démarche scientifique s’est avérée immensément plus puissante, grâce à une stratégie fondée uniquement sur l’observation et l’expérimentation, guidée certes par la réflexion et le raisonnement mais libérée de tout dogme ou idée préconçue (du moins en principe). Chose intéressante, cette conversion s’est faite exclusivement dans les civilisations nées autour du bassin méditerranéen. Les Chinois, par exemple, à qui l’on doit une des cultures technologiques les plus avancées, n’ont jamais fait le pas vers la compréhension scientifique.   Added by: admin
pp.251-252, Chapter 14. L’énigme du cerveau   On estime à quelque 100 milliards le nombre de neurones du cerveau humain et à environ 10 000 par neurone, en moyenne, le nombre de connexions entre neurones. Cela fait un total d’un million de milliards de connexions interneuronales. Le génome humain contient cinq à six milliards de paires de bases au total. De toute évidence, le câblage du cerveau ne peut pas être inscrit dans les gènes. Il doit se faire épigénétiquement, c’est-à-dire par des processus qui interviennent au cours du développement. Les gènes ne fournissent qu’un cadre général qui délimite les grandes lignes de la structure cérébrale caractéristique de l’espèce. Tout le détail des connexions interneuronales s’établit, dans les limites de ce cadre, sous l’influence d’apports qui parviennent au cerveau du corps lui-même et du monde extérieur.
     Les mécanismes qui interviennent dans ce câblage ont été analysés par le neurobiologiste français Jean-Pierre Changeux et par l’Américain Gerald Edelman, qui, après avoir élucidé la structure moléculaire complète d’une immunoglobuline, s’est consacré à la neurobiologie. En bref, ce qui se passe, selon ces deux chercheurs, c’est que les neurones en croissance établissent continuellement des connexions transitoires les uns avec les autres d’une manière essentiellement aléatoire. Ces connexions se dénouent presque aussitôt, à moins qu’un influx extérieur ne fasse qu’elles soient utilisées, auquel cas elles se stabilisent. Le réseau neuronal se crée ainsi dès le début par l’usage, comme il continuera à le faire tout au long de la vie par l’apprentissage. Il y a deux aspects importants à ce mécanisme.
     D’abord, on notera l’analogie avec le mécanisme fondamental de la sélection darwinienne. Le hasard crée une grande diversité de connexions, parmi lesquelles certaines sont sélectionnées sous l’influence de facteurs environnementaux et amplifiées. D’où le nom de « darwinisme neuronal » donné par Edelman (1987) à ce mécanisme. Darwin est également cité par Changeux (1983) : « Le darwinisme des synapses prend le relais du darwinisme des gènes (p.359). »
     Deuxième aspect important de ce mécanisme, il met en exergue le rôle capital de la communication dans le développement psychique des enfants. La manière dont nous traitons nos enfants dès le jour de leur naissance, peut-être même avant, façonne littéralement leur cerveau et, donc, leur personnalité. Cette leçon, tous les futurs parents doivent la savoir et en tirer les conséquences. S’ils veulent que leurs enfants développent un riche réseau neuronal, condition d’une riche personnalité, ils doivent leur parler dès le premier jour, leur faire entendre de la musique, leur chanter des chansons, les choyer et les caresser, attirer leur attention visuelle, leur donner des jouets aux formes et aux couleurs diverses ; en bref, leur apporter une multitude de stimulations sensorielles grâce auxquelles ils pourront construire les innombrables circuits neuronaux qui sous-tendent l’épanouissement de la vie mentale. Il ne faut pas, comme cela s’est souvent fait, attendre que l’enfant s’éveille à la compréhension du langage pour commencer à communiquer avec lui. Même s’il ne comprend pas, il enregistre. C’est cela qui est important.

Changeux, J.-P. (1983). L’homme neuronal. Paris: Fayard.
Edelman, G. M. (1987). Neural darwinism. New York: BasicBooks.   Added by: admin
Comments:
On retrouve au début de ce passage l’argument numérique que j’ai déjà mentionné. À la fin, un très bel appel aux parents pour la stimulation intellectuelle des enfants.   Added by: admin  (2008-11-16 20:22:14)
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