Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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Appendix A Conclusions

L’économie politique marxiste-léniniste a derrière elle plus d’un siècle de développement. Comme le marxisme-léninisme dans son ensemble, elle a un caractère essentiellement actif et créateur. Profondément étrangère au dogmatisme, elle se développe en liaison étroite, indissoluble, avec la pratique du mouvement ouvrier, avec la pratique de la lutte menée par la classe ouvrière et tous les travailleurs pour le socialisme et le communisme, elle s’enrichit de thèses théoriques nouvelles fondées sur la généralisation de l’expérience historique récente.

Marx et Engels ont donné une analyse scientifique des bases du capitalisme ; ils ont montré que celui-ci était, historiquement parlant, un mode de production transitoire ; ils ont découvert les lois économiques qui président à sa naissance, à son développement et à sa chute. Dans le Manifeste du Parti communiste, Le Capital, la Critique du programme de Gotha, l’Anti-Dühring, et d’autres ouvrages, ils ont mis en évidence le rôle historique du prolétariat, fossoyeur du capitalisme et bâtisseur de la société socialiste. Ils ont créé la théorie de la révolution prolétarienne, montré la nécessité économique d’une période de transition du capitalisme au socialisme, période historique particulière, marquée par la transformation révolutionnaire de la société capitaliste en société socialiste ; ils ont défini dans leurs grandes lignes les deux phases du développement de la société communiste.

Une importance capitale s’attache, dans le marxisme, à la théorie de la dictature du prolétariat, État d’un type nouveau, qui joue un rôle décisif dans la transformation socialiste de la société. Marx et Engels ont tracé le programme des principales mesures que doit appliquer la dictature du prolétariat : exproprier les expropriateurs, remplacer la propriété privée des moyens de production par la propriété sociale, abolir l’exploitation de l’homme par l’homme et les classes exploiteuses, assurer un accroissement rapide des forces productives de la société.

Marx et Engels ont prévu que, dans la société socialiste, l’anarchie de la production serait remplacée par le développement harmonieux de l’économie sociale et que le principe de la répartition selon le travail y serait appliqué. Le développement accéléré des forces productives, l’abondance accrue des produits, la transformation du travail en premier besoin vital de l’homme permettront seuls de passer de la phase inférieure du communisme à la phase supérieure, où règnera le principe : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Développant l’économie politique marxiste, Lénine l’a enrichie d’une étude scientifique du stade monopoliste du capitalisme, l’impérialisme, et de la crise générale du capitalisme. La principale conclusion de cette étude a été une théorie nouvelle et achevée d» la révolution socialiste, la théorie de la possibilité de faire triompher le socialisme tout d’abord dans quelques pays ou même dans un seul.

S’inspirant de la thèse de Marx et d’Engels, selon laquelle l’expropriation des expropriateurs est le tout premier objectif de la révolution prolétarienne, Lénine a, dans ses ouvrages Les Tâches du prolétariat dans la présente révolution, La Catastrophe imminente et le moyen de la conjurer, Les Bolcheviks garderont-ils le pouvoir ? et divers autres, établi scientifiquement que la nationalisation de la terre, de la grande industrie, des banques et du commerce extérieur étaient les principales mesures qu’aurait à prendre la dictature du prolétariat pour se rendre maîtresse des leviers de commande de l’économie.

Se fondant sur une synthèse scientifique de l’expérience historique de la grande Révolution socialiste d’Octobre et de la pratique de l’édification socialiste en U.R.S.S., Lénine a enrichi le marxisme dans son ensemble, et l’économie politique marxiste en particulier, d’une analyse approfondie des lois de la transformation socialiste de la société. Dans L’État et la révolution, La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, La Maladie infantile du communisme (« le gauchisme »), L’Economie et la politique à l’époque de la dictature du prolétariat et ailleurs, Lénine a analysé sous tous ses aspects la question de la dictature du prolétariat. Il a défini la dictature du prolétariat comme une forme particulière de l’alliance de classe du prolétariat et des grandes masses de la paysannerie sous la direction du prolétariat, comme un type supérieur de démocratie : la démocratie prolétarienne, qui traduit les intérêts des masses laborieuses. Il a mis en lumière le contenu et la mission historique de la dictature du prolétariat, dont il a défini les trois tâches essentielles : a) écraser les exploiteurs, b) diriger les masses travailleuses, c) bâtir la société socialiste.

Lénine a élucidé la nature et le rôle des classes sociales et de la lutte de classes dans la période de transition du capitalisme au socialisme ; il a donné une analyse scientifique de l’économie et de la structure de classes de la société durant cette période. Il a traité à fond la question de l’alliance de la classe ouvrière et des grandes masses de la paysannerie, alliance dans laquelle le rôle dirigeant appartient à la classe ouvrière. Il a indiqué la voie à suivre pour liquider les classes exploiteuses et abolir l’exploitation de l’homme par l’homme dans la période de dictature de la classe ouvrière, et montré que la construction du socialisme s’accompagne d’une violente lutte de classe contre les classes exploiteuses.

Dans ses ouvrages : Les Tâches immédiates du pouvoir des Soviets, Comment organiser l’émulation ?, La Grande Initiative, Du plan économique unique, L’Impôt en nature, De la coopération et ailleurs, Lénine a donne les bases théoriques de la politique économique pendant la période de transition du capitalisme au socialisme, et indiqué concrètement les moyens de l’appliquer. Il est l’auteur du plan concret d’édification du socialisme en U.R.S.S., plan d’une portée historique universelle, dont les parties essentielles sont l’industrialisation socialiste du pays et la collectivisation de l’agriculture. Il a montré que pour jeter les fondements d’une économie socialiste et assurer l’indépendance économique du pays des Soviets vis-à-vis de l’impérialisme mondial, il fallait, dans les délais historiques les plus courts, mettre fin au retard séculaire de la Russie et créer une grande industrie socialiste. Lénine a présenté le plan coopératif destiné à entraîner progressivement la paysannerie à l’édification du socialisme, grâce à la coopération de l’industrie et de l’agriculture, d’abord dans le domaine du commerce, puis dans celui de la production.

Généralisant l’expérience de l’édification socialiste, Lénine a élaboré les thèses initiales de la loi économique fondamentale du socialisme, de la loi du développement harmonieux de l’économie nationale, et d’autres encore. Il a défini les principes fondamentaux d’une gestion socialiste de l’économie, il a mis en lumière toute l’importance du principe de l’intérêt matériel personnel pour l’essor de la production socialiste et développé de façon féconde les thèses marxistes relatives à la répartition selon le travail en régime socialiste, au salaire, etc. Dans ses travaux, Lénine démontre la nécessité de développer à fond le commerce, d’utiliser la monnaie pour développer l’économie soviétique et consolider l’alliance entre la ville et la campagne. Il avait scientifiquement prévu qu’en réalisant la grande relève du travail effectué sous la contrainte au profit d’exploiteurs, par le travail libre pour soi, pour toute la société, la révolution socialiste engendrerait parmi les masses un enthousiasme révolutionnaire sans précédent dans l’histoire et, pour la première fois, permettrait d’appliquer largement l’émulation à l’échelle des masses. Il a traité les problèmes de l’enregistrement et du contrôle rigoureux et général de la production et de la répartition des produits, de la création d’une discipline du travail nouvelle, socialiste, de l’emploi de la gestion équilibrée.

Dans ses travaux, Lénine a développé de façon féconde les thèses fondamentales du marxisme sur les voies et moyens d’édifier la société communiste, sur le rôle de l’électrification et de l’accroissement de la productivité du travail dans la création de la base matérielle et technique du communisme, sur les conditions du passage au principe communiste de la répartition selon les besoins.

S’appuyant sur les travaux de Marx, d’Engels et de Lénine, fondateurs de la seule économie politique réellement scientifique, Staline a formulé et développé un certain nombre de nouvelles thèses de la science économique. Dans ses ouvrages, il a donné une analyse du capitalisme monopoliste actuel et brossé le tableau de la crise générale du système capitaliste, crise qui porte sur tous les aspects du capitalisme et s’étend aussi bien à l’économie qu’à la politique.

Synthétisant l’expérience de l’édification socialiste en U.R.S.S., Staline a traité un certain nombre de problèmes de l’économie politique du socialisme. S’inspirant des indications de Lénine, il a, dans ses rapports aux congrès et aux conférences du Parti, dans Les Questions du léninisme, Les Problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. et dans d’autres ouvrages, établi les voies et les méthodes concrètes de l’édification socialiste, de l’industrialisation socialiste du pays et de la collectivisation de l’agriculture. S’appuyant sur les thèses initiales contenues dans les travaux de Marx, d’Engels et de Lénine, il a formulé la loi économique fondamentale du socialisme et la loi du développement harmonieux, proportionné de l’économie nationale.

Dans ses ouvrages Staline a développé les thèses de Lénine sur les méthodes de gestion socialiste de l’économie, sur la nécessité d’utiliser la loi de la valeur et la monnaie, sur la gestion équilibrée et sur le principe de l’intérêt matériel que les résultats de leur travail doivent procurer aux producteurs, sur la supériorité du système socialiste d’économie par rapport au système capitaliste.

Staline a développé et concrétisé les thèses marxistes-léninistes sur le passage du socialisme au communisme : celles qui concernent le problème de l’État en régime communiste et la disparition des différences essentielles entre la ville et la campagne, entre le travail manuel et le travail intellectuel.

L’économie politique marxiste-léniniste continue à se développer grâce à l’analyse des processus économiques se déroulant dans les pays capitalistes, à la synthèse de la pratique de l’édification du communisme en U.R.S.S. et de la construction du socialisme dans les pays de démocratie populaire. Elle s’enrichit de l’expérience récente de la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière et des grandes couches de travailleurs contre l’oppression et l’exploitation dans les pays capitalistes, ainsi que de l’expérience de la lutte de libération nationale des peuples coloniaux.

Le développement créateur du marxisme-léninisme et la synthèse théorique de la lutte pratique pour le communisme trouvent leur éclatante expression dans les décisions du Parti communiste de l’Union soviétique, ainsi que dans celles des communistes et ouvriers, partis frères des autres pays. Les dirigeants des partis prolétariens de tous les pays, étroitement liés aux grandes masses laborieuses et interprétant dans leurs travaux les tendances progressistes du développement de la vie matérielle de la société, enrichissent la théorie économique d’idées nouvelles.

Partie constitutive essentielle du marxisme-léninisme, l’économie politique marxiste-léniniste est une arme idéologique puissante du prolétariat qui lutte contre le capitalisme, pour le socialisme. Elle est réellement scientifique, puisqu’elle traduit les intérêts de la classe ouvrière et de toutes les forces progressistes de l’humanité, qui ont un intérêt vital à étudier objectivement les lois du développement économique de la société lois oui conduisent inéluctablement à la chute du capitalisme et à la victoire du communisme

L’économie politique marxiste-léniniste dénonce la nature antiscientifique et réactionnaire de l’économie politique bourgeoise. Elle dénonce le sens de classe des conceptions réformistes des économistes petits-bourgeois qui apportent de l’eau au moulin de l’économie politique bourgeoise. Elle arme la classe ouvrière de la connaissance des lois économiques du développement de la société ; elle permet aux partis marxistes-léninistes, partis révolutionnaires, de fonder leur politique sur des bases scientifiques.

Quelles sont les conclusions essentielles à tirer de l’étude de l’économie politique ? Qu’enseigne l’économie politique ?

 

1. L’économie politique nous apprend tout d’abord que l’évolution économique de la société humaine obéit à des lois. La naissance et le développement de chaque mode de production, le remplacement d’un mode de production par un autre ne sont pas dus à l’arbitraire des hommes mais résultent de l’action de lois économiques objectives.

Les lois de l’économie politique, comme celles de toute autre science, sont le reflet de lois objectives dans le cerveau des hommes. D’autre part, l’économie politique apporte une confirmation théorique approfondie et complète à la thèse marxiste essentielle, selon laquelle la force principale du développement de la société, le véritable artisan de l’histoire, c’est le peuple, les masses laborieuses. Elle montre le rôle mobilisateur, organisateur et transformateur des idées avancées, nées des besoins du développement de la vie matérielle de la société.

Mettant en lumière les lois de la production sociale et de la répartition des biens matériels aux différentes phases du développement de la société, l’économie politique fournit la clé de l’évolution de la société humaine, évolution qui malgré toute sa diversité et toutes ses contradictions, constitue un processus unique obéissant à des lois.

Dans son développement, la société humaine passe des formes inférieures d’existence à des formes supérieures. Chaque mode de production marque un stade déterminé du progrès de la société, de l’évolution de ses forces productives et de ses rapports de production. Jusqu’à la révolution socialiste, les rapports de production d’un régime social et économique qui a remplacé un régime devenu périmé, contribuent pendant une certaine période à développer les forces productives, mais deviennent ensuite des entraves pour ces dernières. Ce régime économique cède alors la place à un autre, plus avancé. Dans une société divisée en classes antagonistes, cette substitution s’opère par la lutte de classes, au moyen d’une révolution sociale, qui renverse le pouvoir d’une classe dominante qui a fait son temps et instaure le pouvoir d’une classe nouvelle, plus avancée.

Grâce à une étude approfondie de la naissance, du développement et du déclin des formations sociales et économiques fondées sur la propriété privée des moyens de production, l’économie politique dégage les racines économiques de la lutte de classes. Elle montre que les masses travailleuses créent la richesse, et que les classes exploiteuses s’approprient les fruits de leur labeur. La lutte de classes est donc déterminée par les intérêts matériels fondamentaux de classes bien définies, par les lois du développement économique d’un mode de production déterminé.

Chaque nouveau régime social fondé sur la propriété privée des moyens de production — esclavage, féodalité, capitalisme — a placé des exploiteurs au pouvoir et n’a fait que changer les formes de l’exploitation et de l’oppression qui pesaient sur les travailleurs. Tout le déroulement de l’évolution économique de la société atteste que le capitalisme est le dernier régime social fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme. L’économie politique montre qu’à son stade monopoliste, le capitalisme est depuis longtemps devenu un régime réactionnaire qui entrave la marche en avant de la société. Le capitalisme agonisant est remplacé par un nouveau régime social : le socialisme, qui marque la suppression des classes exploiteuses et l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme.

L’histoire du développement de la société humaine confirme entièrement la justesse de cette conclusion scientifique de l’économie politique marxiste-léniniste. Une société socialiste a été édifiée en Union soviétique. La victoire du socialisme en U.R.S.S. a fait complètement justice des inventions antiscientifiques selon lesquelles la propriété privée des moyens de production et le régime capitaliste seraient éternels. Le socialisme est en train de s’édifier dans les pays européens de démocratie populaire. Les grandes transformations révolutionnaires réalisées dans l’économie de la Chine ont créé les conditions de l’édification du socialisme dans ce pays, le plus vaste de l’Orient. En Union soviétique s’opère le passage graduel du socialisme au communisme. L’U.R.S.S. a tout ce qu’il faut pour édifier la société communiste. La société communiste, dont le socialisme est la première phase, est le but final de la lutte que mènent les travailleurs de tous les pays.

L’économie politique donne à la classe ouvrière et à tous les travailleurs l’assurance que le communisme vaincra, en montrant que cette victoire est déterminée par tout le cours antérieur de l’évolution historique de la société.

 

2. Se fondant sur l’expérience de l’U.R.S.S. et des pays de démocratie populaire, l’économie politique apprend aux travailleurs des pays capitalistes comment ils peuvent s’arracher à la servitude capitaliste. Elle montre que l’oppression et la paupérisation des travailleurs des pays bourgeois ne dépendent pas de causes fortuites, mais ont leurs racines dans le système d’économie capitaliste et sont conditionnées par les lois économiques propres à ce système. Les crises, le chômage, la misère des masses populaires ne peuvent disparaître si la base même des rapports de production n’est changée, c’est-à-dire si les moyens de production, propriété privée des capitalistes et des grands propriétaires fonciers, ne deviennent la propriété collective du peuple laborieux

Mettant en évidence l’opposition qui existe entre les principes de l’économie bourgeoise et ceux de l’économie socialiste, l’incompatibilité des intérêts de classe de la bourgeoisie, d’une part, du prolétariat et de tous les travailleurs, d’autre part, l’économie politique montre l’impossibilité pour le capitalisme de « se transformer » pacifiquement en socialisme. Aucune tentative de réformer, d’ « améliorer » le capitalisme, ne saurait en finir avec le système de l’esclavage salarié. Le grande Révolution socialiste d’Octobre a prouvé irréfutablement que seule la suppression des assises mêmes du capitalisme permettra à la classe ouvrière et à la paysannerie travailleuse de secouer les chaînes des exploiteurs et de s’engager dans la voie qui conduit à la liberté, à l’aisance et à la culture. L’histoire confirme entièrement la justesse de la thèse marxiste, selon laquelle la révolution socialiste est inévitable et il est impossible de remplacer le capitalisme par le socialisme sans l’instauration du pouvoir des travailleurs, sans la dictature du prolétariat, sans l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie. Il faut, pour atteindre ce but, un Parti communiste capable de préparer le prolétariat et les grandes masses travailleuses à la lutte décisive contre la bourgeoisie et d’organiser la victoire de la révolution socialiste.

L’économie politique montre que l’asservissement et le pillage des peuples coloniaux par les métropoles sont déterminés par la nature même de l’impérialisme, étroitement lié aux propriétaires fonciers féodaux et à la bourgeoisie compradore des pays coloniaux. Les peuples des pays coloniaux et semi-coloniaux doivent, pour s’arracher à l’esclavage, à la misère et à leur retard, secouer le joug de l’impérialisme et de ses vassaux dans ces pays, détruire les survivances du féodalisme et réaliser de profondes transformations démocratiques. Après avoir rompu avec le système de l’impérialisme et assuré leur indépendance, les pays coloniaux peuvent, grâce à l’appui économique de l’U.R.S.S. et des autres pays du camp socialiste, éviter la voie douloureuse d’un développement capitaliste et créer graduellement les conditions permettant de passer à l’édification du socialisme. L’expérience de la lutte révolutionnaire et de la victoire du peuple chinois a confirmé dans la pratique cette conclusion de l’économie politique marxiste-léniniste et prouvé qu’en s’affranchissant du joug de l’impérialisme, les pays coloniaux et semi-coloniaux s’engagent par là même dans la voie d’une vie libre, de la prospérité matérielle et de l’épanouissement de la culture.

Si le régime capitaliste est renversé dans tel ou tel pays bourgeois et remplacé par le régime socialiste, si un pays colonial se détache du système de l’impérialisme et réalise des transformations démocratiques, ce n’est pas là le résultat d’une « exportation de la révolution », qui n’est qu’une invention des impérialistes, mais l’effet de profondes nécessités internes du développement économique de ces pays.

 

3. L’économie politique nous apprend à transformer l’économie dans l’esprit du socialisme. Le passage au socialisme ne peut s’opérer par des moyens choisis arbitrairement ; c’est un processus qui obéit à des lois. L’économie politique montre que, dans l’édification de la société nouvelle, socialiste, la dictature de la classe ouvrière s’appuie avant tout sur la loi de la correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives. C’est sur la base de cette loi que, dans la période de transition, s’opèrent la socialisation des moyens de production, l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme et la création des formes socialistes d’économie. Au fur et à mesure que disparaissent les rapports d’exploitation capitalistes et que naissent et se développent les rapports de production socialistes, les lois économiques du socialisme entrent en vigueur et se développent. Utilisant ces lois, l’État socialiste fait une politique conséquente d’industrialisation du pays et de collectivisation de l’agriculture, il crée la société socialiste. La construction du socialisme s’accomplit au cours d’une lutte de classe implacable contre les éléments capitalistes de la ville et de la campagne.

L’économie politique a fait justice des élucubrations mensongères des idéologues bourgeois, selon lesquelles la classe ouvrière arrivée au pouvoir serait incapable d’organiser l’économie. L’expérience historique de l’U.R.S.S. a montré quelles forces créatrices inépuisables suscite le pouvoir du peuple travailleur. Pour la première fois dans l’histoire, la classe ouvrière et les travailleurs d’un immense pays couvrant un sixième du globe ont secoué le joug de l’exploitation et de l’oppression, sont devenus les maîtres de leur pays et ont fondé un régime socialiste qui assure un essor ininterrompu des forces productives, de la richesse sociale, du bien-être matériel et de la culture des masses populaires. La preuve est ainsi faite que le peuple peut parfaitement se passer des exploiteurs, que la classe ouvrière et les masses laborieuses sont non seulement capables de détruire le vieux système bourgeois d’économie, mais aussi d’édifier un système d’économie nouveau, socialiste, supérieur. C’est ce qu’atteste éloquemment la pratique de l’édification socialiste dans les pays de démocratie populaire.

L’économie politique étaie d’arguments d’ordre économique la nécessité du rôle dirigeant de la classe ouvrière dans l’édification socialiste, ainsi que d’une alliance solide de la classe ouvrière et de la paysannerie pour bâtir le socialisme et abolir l’exploitation de l’homme par l’homme. L’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie constitue la base indestructible du régime social de tous les pays du camp socialiste. C’est grâce à cette alliance qu’après des siècles la question paysanne reçoit sa solution et que s’opère le passage de la petite exploitation paysanne individuelle à la grande exploitation collective, qui soustrait la paysannerie à la ruine et à la misère. La victoire du régime kolkhozien en U.R.S.S. a réfuté dans les faits les assertions de la bourgeoisie selon lesquelles la paysannerie serait incapable de s’engager dans la voie du socialisme.

L’économie politique fait la synthèse de l’expérience historique de la construction du socialisme en U.R.S.S. Elle montre comment un pays autrefois misérable et faible, comme l’était la Russie avant la révolution, est devenue le pays riche et puissant qu’est aujourd’hui l’Union Soviétique. Les pays de démocratie populaire puisent au trésor de l’expérience soviétique la connaissance des voies éprouvées qu’a suivies l’édification socialiste, la connaissance des lois de la lutte de classes dans la période de transition, la connaissance de ce que doit faire la classe ouvrière pour nouer avec la paysannerie une amitié inaltérable et une alliance solide, consolider la coopération économique entre la ville et la campagne, remporter la victoire sur les classes exploiteuses et bâtir la société socialiste.

Mettre à profit l’expérience soviétique, c’est tenir soigneusement compte, dans chaque pays, des particularités concrètes de l’économie et des rapports de classes, particularités et rapports déterminés par l’ensemble des conditions historiques du développement de ce pays. Dans les pays de démocratie populaire, la construction du socialisme bénéficie de conditions plus favorables qu’en Union soviétique, car, à l’heure actuelle, il existe un puissant camp socialiste ayant l’U.R.S.S. et la République populaire de Chine à sa tête et une très riche expérience en matière d’édification socialiste a été acquise. La condition décisive de la victoire du socialisme et du communisme dans tous les pays qui se sont détachés du système capitaliste, c’est de continuer à renforcer le camp du socialisme et à resserrer la coopération économique, politique et culturelle des pays qui font partie de ce camp.

 

4. L’économie politique nous apprend que le travail pratique pour édifier le socialisme ne peut être couronné de succès que s’il s’appuie sur les lois économiques du développement de la société. L’économie politique permet de connaître les lois objectives du développement économique et de les utiliser dans l’intérêt de la société.

La connaissance des lois économiques permet de pénétrer l’essence des processus économiques, de dégager les tendances progressistes du développement quand elles sont encore à l’état embryonnaire, de prévoir scientifiquement la marche de l’évolution économique et de l’orienter conformément aux objectifs de l’édification du communisme.

L’économie politique fournit aux cadres une arme qui aide au triomphe de ce qui est nouveau, progressiste, sur ce qui est ancien et a fait son temps. La connaissance scientifique des lois économiques étudiées par l’économie politique est à la base de la politique économique des partis communistes (ouvriers) au pouvoir dans les pays du camp socialiste. S’inspirant de la théorie marxiste-léniniste, de la connaissance des lois économiques objectives, ces partis élaborent et appliquent une politique établie scientifiquement et qui a fait ses preuves, politique qui traduit les besoins du développement de la vie matérielle de la société et les intérêts vitaux du peuple ; ils éveillent et organisent le génie créateur et révolutionnaire des masses.

Mettant en évidence l’action de la loi économique fondamentale du socialisme, l’économie politique incite les cadres à organiser leur travail conformément au but de la production socialiste : satisfaire au maximum les besoins matériels et culturels de la population. Elle éclaire les conditions d’un essor et d’un perfectionnement continus de la production sur la base d’une technique supérieure. Elle montre que cet accroissement de la production socialiste a pour condition indispensable l’utilisation de la loi économique du développement prioritaire de la production des moyens de production, l’essor de l’industrie lourde et, sur, cette base, le progrès continu de la technique, le développement maximum de la science et l’adoption, dans l’industrie, des réalisations les plus récentes de la science et de la technique.

L’économie politique enseigne que l’essor de l’économie nationale et le développement harmonieux de celle-ci ont pour facteur décisif l’élévation maxima de la productivité du travail dans toutes les branches : industrie, transports, agriculture. Sans élévation ininterrompue de la productivité du travail social, il est impossible de satisfaire au maximum les besoins croissants du peuple. C’est dans la voie du progrès technique et de l’élévation de la productivité du travail que l’U.R.S.S. avance vers son objectif économique fondamental : rattraper et dépasser les pays capitalistes les plus développés sous le rapport économique.

L’économie politique montre que la politique du laisser faire est totalement étrangère au régime économique du socialisme, que la construction de la société communiste n’est possible que si l’économie est régie par un plan fondé sur la loi du développement harmonieux de l’économie nationale et conforme aux exigences de la loi économique fondamentale du socialisme. L’étude des exigences de la loi du développement harmonieux de l’économie nationale dans les conditions concrètes de chaque étape de l’édification communiste aide à respecter les proportions nécessaires dans le développement de l’économie, a répartir convenablement la production socialiste entre les régions, à utiliser avec le maximum d’efficacité les ressources matérielles, financières et humaines.

L’économie politique met en lumière l’importance énorme, pour l’édification socialiste, du fait que les masses sont intéressées matériellement à l’accroissement continu de la production, ce qui est une conséquence logique des rapports socialistes de production. En soulignant le rôle et l’importance de la loi de la répartition selon le travail pour le développement de l’économie socialiste, l’économie politique incite les cadres à appliquer de façon conséquente, dans toutes les branches de l’économie nationale, le principe de la rémunération différenciée du travail en raison directe de ses résultats, à éliminer tout élément d’égalitarisme. Elle montre le rôle de l’émulation socialiste, puissante force motrice du développement économique de la société socialiste.

L’économie politique fait apparaître toute l’importance, pour l’édification du socialisme, d’une utilisation judicieuse de la loi de la valeur et des instruments économiques qui s’y rattachent. Comprendre l’action de la loi de la valeur en régime socialiste, c’est, pour les cadres, acquérir un moyen important d’améliorer les méthodes de production, d’abaisser le prix de revient de la production, d’affermir le principe de la gestion équilibrée et d’augmenter la rentabilité des entreprises socialistes, de faire une politique des prix reposant sur des principes économiques corrects, de stimuler matériellement le développement de la production kolkhozienne, de développer le commerce et de perfectionner le système financier. L’économie politique met en évidence les immenses possibilités qu’a l’économie socialiste planifiée d’appliquer un régime d’économie rigoureux et d’augmenter l’accumulation socialiste.

L’activité créatrice toujours plus intense des masses en matière d’édification économique et culturelle est un trait caractéristique de l’Union soviétique et des pays de démocratie populaire. Il importe donc de plus en plus que les masses du peuple connaissent les lois du développement économique et les principes de la gestion socialiste de l’économie. En armant les cadres de la connaissance des lois économiques, l’économie politique permet d’utiliser et d’appliquer ces lois avec un succès toujours croissant et d’augmenter ainsi l’efficacité de tout le travail d’édification du socialisme et du communisme.

En mettant en lumière l’interdépendance des processus économiques, l’économie politique permet à chaque travailleur de comprendre l’importance de son activité pour le développement de tout le système socialiste de l’économie nationale. Elle aide à comprendre qu’en régime socialiste, les intérêts du peuple, les intérêts de l’État sont au-dessus de tout.

 

5. L’économie politique montre que le socialisme est un mode de production plus progressiste et qu’il a une supériorité éclatante sur le capitalisme. Cela se traduit de façon frappante par l’opposition des lois économiques fondamentales du socialisme et du capitalisme qui déterminent deux lignes de développement différentes.

Alors que dans les pays capitalistes, la production est subordonnée à la loi du profit maximum qui voue les travailleurs au chômage, à la ruine et à la misère, à des guerres sanglantes, la production, en société socialiste, est subordonnée aux intérêts de l’homme, à la satisfaction de ses besoins croissants. Alors que, dans les pays capitalistes, l’accroissement de la production retarde de loin sur les immenses possibilités qu’offre aujourd’hui le niveau de la science et de la technique et se trouve périodiquement interrompu par des crises économiques dévastatrices, dans les pays du socialisme, l’économie se développe selon un plan et la production croît sans cesse à un rythme qui dépasse de beaucoup celui de l’accroissement de la production dans les pays capitalistes développés.

Dans le monde capitaliste, il y a concurrence entre les pays, asservissement des uns par les autres. Le capital monopoliste essaie, dans sa course effrénée au profit maximum, de procéder à un nouveau partage économique du monde, il aspire à la domination mondiale, ce qui aboutit à une aggravation de la situation internationale, à la militarisation de l’économie, et fait naître le danger de nouvelles guerres. Dans le camp du socialisme, il n’y a pas de classe exploiteuse ayant intérêt à des conflits internationaux et à des collisions militaires ; les pays socialistes, qui rejettent totalement la politique d’asservissement colonial et d’expansion impérialiste, luttent résolument et avec esprit de suite pour la paix, pour la détente internationale, pour la coopération pacifique et l’amitié entre les peuples, indépendamment du régime social de leurs États. Les rapports entre les pays du camp du socialisme, qui sont fondés sur les principes d’une entière égalité et de l’avantage réciproque en vue de l’essor économique commun de ces pays et de l’épanouissement de leur culture, donnent un exemple éclatant de rapports internationaux d’un type nouveau, socialiste.

Dans sa compétition pacifique avec le capitalisme, le système socialiste d’économie affirme chaque année avec plus d’évidence sa supériorité sur le système capitaliste. En même temps, ce dernier système d’économie, déchiré par des contradictions internes, manifeste plus nettement d’année en année son instabilité et confirme sa condamnation par l’histoire.

La société communiste sans classes ouvre au progrès humain des perspectives grandioses. L’économie politique met en lumière les conditions économiques du passage au communisme en faisant la synthèse de l’expérience de l’édification communiste en U.R.S.S. Elle montre que le mouvement qui entraîne la société actuelle vers le communisme obéit aux lois objectives du développement social. Le communisme naît de l’activité créatrice consciente de millions de travailleurs que dirige le Parti communiste, armé de la théorie du marxisme-léninisme. Il n’est pas de force au monde capable d’arrêter la marche en avant de la société dans la voie du communisme. L’essor prodigieux des forces de la démocratie et du socialisme, l’aggravation brutale des contradictions de classes entre la bourgeoisie impérialiste, d’une part, la classe ouvrière et les travailleurs d’autre part, l’ampleur croissante du mouvement de libération nationale dans les colonies, le puissant mouvement des masses populaires et de toutes les forces progressistes de l’humanité actuelle pour la paix, contre la réaction impérialiste et la préparation d’une nouvelle guerre attestent irréfutablement que le capitalisme a fait son temps et que l’avenir appartient au communisme.