Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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À l’issue du deuxième plan quinquennal, la collectivisation de l’agriculture était achevée. Elle fut un puissant facteur de progrès, puisqu’elle permit de couvrir en quelques années l’ensemble du pays de grandes exploitations collectives, capables de tirer le meilleur parti de la technique nouvelle, de toutes les réalisations de l’agronomie, et de donner au pays une production marchande plus élevée ; elle ouvrait à la paysannerie la perspective d’un bien-être toujours croissant.
En U.R.S.S. a été créée et s’est établie l’agriculture la plus grande du monde sous la forme d’un système généralisé de kolkhoz, de S.M.T. et de sovkhoz, qui constitue un mode nouveau, socialiste, de production agricole.
Au lieu des 25 millions d’exploitations paysannes que l’on comptait en U.R.S.S. à la veille de la collectivisation intégrale, il existait, en 1938, 242 400 kolkhoz (sans compter les kolkhoz de pêcheurs et de chasseurs) Chaque kolkhoz avait en moyenne 1 534 hectares de terres exploitables, dont 485 hectares de superficie ensemencée. Aux États-Unis, 1,6 % seulement des fermes avaient, en 1940, une superficie de 405 hectares et plus.
Le régime kolkhozien a donné la preuve de ses avantages indéniables par rapport au système de l’agriculture capitaliste et à la petite économie paysanne.
La grande importance des kolkhoz, c’est précisément qu’ils sont une base essentielle pour l’emploi des machines et des tracteurs dans l’agriculture, qu’ils sont la base essentielle pour la refonte du paysan, pour la transformation de sa mentalité dans le sens du socialisme.
Au cours des deux premiers plans quinquennaux, l’agriculture en U.R.S.S. a été le théâtre d’une véritable révolution technique qui a permis de donner au socialisme une solide base matérielle à la campagne. Au début du troisième quinquennat, l’agriculture en U.R.S.S. était devenue la plus grande et la plus mécanisée du monde.
Alors qu’en régime capitaliste, l’emploi des machines dans l’agriculture entraîne fatalement la ruine des petits paysans, la mécanisation de l’agriculture socialiste sur la base du travail collectif facilite l’effort du paysan, concourt à son mieux-être.
En 1940, l’agriculture soviétique possédait 684 000 tracteurs (calculés en unités de 15 CV), 182 000 moissonneuses-batteuses et 228 000 camions Le nombre des S.M.T. est passé de 158 au 1er juin 1930 à la fin de 1940. En 1940, 83 % des labours de jachère, 71 % des labours d’automne, 52 à 53 % des semailles de printemps et d’automne, étaient exécutés à l’aide de tracteurs, 43 % de la récolte des céréales au moyen de moissonneuses-batteuses.
Le régime kolkhozien a assuré une augmentation très sensible de la production agricole et un rendement marchand élevé de l’agriculture, ce qui a la plus haute importance pour satisfaire les besoins du pays en denrées alimentaires et en matières premières. En 1940, la production agricole globale était presque le double de celle d’avant la Révolution (1913). Dans les kolkhoz et les sovkhoz, la production marchande des céréales atteignait, en 1938, 40 % de la production globale, contre 26 % en 1913. Et n’oublions pas qu’avant la Révolution, le rendement marchand des céréales dans les exploitations pauvres et moyennes était seulement de 14,7 %. Les kolkhoz et les sovkhoz ont toutes possibilités d’augmenter sans cesse la production. Ils n’ont pas à redouter les crises d’écoulement puisque l’élévation constante du bien-être de la population s’accompagne d’une demande toujours accrue de produits agricoles.
La victoire du régime kolkhozien a ouvert à la paysannerie soviétique la voie de l’aisance et de la culture. Le régime kolkhozien a fait disparaître la possibilité d’une différenciation au sein de la paysannerie, la misère et la pauvreté à la campagne. Des millions de paysans pauvres sont devenus aisés après être entrés au kolkhoz. Grâce au kolkhoz, il n’y a plus à la campagne d’exploitations paysannes sans cheval, sans vache, sans matériel agricole. Les revenus personnels des kolkhoziens provenant de l’économie collective des kolkhoz et de l’exploitation auxiliaire individuelle ont augmenté de 170 %, rien que de 1932 à 1937.
La victoire du régime kolkhozien a resserré l’alliance fraternelle des ouvriers et des paysans. La paysannerie kolkhozienne est devenue le ferme appui du pouvoir des Soviets à la campagne. Désormais, non seulement la classe ouvrière, mais aussi la paysannerie, fondaient leur existence sur la propriété collective, socialiste, des moyens de production.
L’expérience de l’organisation des kolkhoz en U.R.S.S. facilite énormément la solution du problème de la transformation socialiste de l’agriculture dans les autres pays à l’époque du passage du capitalisme au socialisme. Les particularités du développement historique de chaque pays, pendant la période de transition du capitalisme au socialisme, y déterminent par ailleurs les conditions spécifiques de la préparation, des formes et des méthodes de la collectivisation de l’agriculture. Ainsi, dans les démocraties populaires, à la différence de l’U.R.S.S. où toute la terre avait été nationalisée, la propriété privée de la terre subsiste encore pendant un certain temps lors du groupement les exploitations paysannes en coopératives. De là découlent les formes particulières de l’organisation et du fonctionnement des coopératives de production à la campagne. Dans ces pays prédominent les coopératives de production où les revenus ne se répartissent pas seulement proportionnellement à la quantité et à la qualité du travail, mais aussi d’après la superficie de la terre apportée à la coopérative, mais qui demeure la propriété personnelle du paysan coopérateur. Ces coopératives constituent une forme inférieure d’exploitation agricole, par rapport à l’artel agricole, où les revenus perçus par les kolkhoziens au titre de l’exploitation collective dépendent uniquement de leur travail.
Mais quelles que soient l’importance des particularités que présentent les conditions, les formes et les méthodes de la transformation socialiste de l’agriculture dans chaque pays, les principes fondamentaux du plan coopératif de Lénine, vérifiés par l’expérience de l’organisation des kolkhoz en U.R.S.S. restent valables pour tous les pays qui entreprennent cette transformation.