Iris Young, « Beyond the Unhappy Marriage », 1981

L’analyse marxiste traditionnelle de la question des femmes tente de la ramener à l’analyse du capitalisme. Mais comme le capitalisme est « aveugle au sexe » (p. 45), on passe alors à côté des genres et de leur hiérarchisation. Si on veut prendre en compte le patriarcat on est amené à invoquer deux systèmes explicatifs. Le patriarcat et le capitalisme sont l’un et l’autre un système de relations sociales, mais distinct et potentiellement même en conflit (p. 45), à moins de voir le patriarcat seulement comme une structure idéologique et politique (p. 45-46) comme Juliet Mitchell dans Psychoanalysis and Feminism. Pour Heidi Hartmann (Harmann 1981:15), il s’agit bien d’un système social matériel (p. 47).

Certains font alors du patriarcat un mode de production (dont le lieu est le plus souvent la famille). C’est la littérature des sphères séparées. Mais un patriarcat situé dans la famille et un capitalisme aveugle au sexe dans la production, cela passe à côté de bien des problèmes, comme la place de la femme dans la société et pas seulement dans la famille.

Chez Marx, le concept de classe est central, donc la lutte de classes. Mais un autre concept important chez Marx est la division du travail. Iris Young propose (p. 50), pour unifier l’analyse du capitalisme et du patriarcat, de se centrer sur la division du travail, comme concept fédérateur, de faire passer la division du travail avant la division de classe. L’opposition de classe se situe à un niveau d’abstraction trop élevé qui ne permet pas une analyse fine des relations sociales.

On peut alors parler de division genrée du travail pour rendre compte de la position de la femme tant dans les tâche traditionnelle qu’à l’usine.

Je ne pense pas qu’on puisse décider du concept le plus important dans le marxisme selon son intérêt pour rendre compte des questions de genre. Cela dit, le point de vue de la division du travail peut apporter un éclairage intéressant sur ces questions.