Marina Vishmidt, « Counter (Re-)Productive Labour », 2012 ✓

Marina Vishmidt examine comment, dans le courant du féminisme marxiste, on a traité la reproduction sociale, tant théoriquement du point de vue de la valeur et du salaire que subjectivement du point de vue des luttes et de l’identité.

De la revendication du travail au salaire ménager (mouvement Wage for Housework) elle relève le caractère provocateur, le caractère (parfois voulu) de revendication « excessive ». Ce serait une revendication volontairement hors d’atteinte, qui suppose le renversement du capitalisme. (Autre chose est de croire qu’une telle revendication contribue effectivement au renversement du capitalisme.) Cela lui rappelle Marx dans les Grundrisse à propos de labour money : « This demand can only be satisfied under conditions where it can no longer be raised. » (MECW 28:109.)

Elle souligne la différence entre salaire et indemnité sociale. On a beau revendiquer un « salaire » au travail ménager, ce serait une indemnité, comme aux malades, aux chômeurs…

Historiquement, ce mouvement est très marqué par l’operaismo italien. D’une part, sur le travail ménager, il y a l’idée de redéfinir productif pour inclure ce travail dit improductif. D’autre part, plus généralement, il y a une négation, un refus du travail. Le salaire divise le prolétariat entre hommes et femmes. Ils pourraient s’unir dans un refus conjoint, les ouvriers refusant le travail salarié (et l’étiquette d’ouvrier), les femmes le travail ménager — rejetant ensemble par là le capitalisme.

Au passage, elle relève le terme subsumption comme hégélien.