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Mireaux, É. (1954). La vie quotidienne au temps d’homère. Paris: Librairie Hachette. 
Added by: Dominique Meeùs (2011-03-10 20:46:29)   Last edited by: Dominique Meeùs (2011-05-28 20:50:49)
Resource type: Book
BibTeX citation key: Mireaux1954
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Categories: Histoire
Keywords: Grèce antique, Grèce archaïque
Creators: Mireaux
Publisher: Librairie Hachette (Paris)
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Quotes
pp.10-11   Comme la plupart des périodes de toute histoire, cet âge est une époque de transition. […]
     Politiquement, elle commence au moment où disparaissent les anciennes royautés d’allure religieuse et patriarcale. À Athènes, la dynastie des Médontides s’efface au cours du premier quart du 8e siècle. Peu après, c’est le tour des dynastes de Corinthe. Vers le même temps, les Néléides subissent le même sort à Milet, les descendants du fondateur Proclès à Samos. Dans nombre de cités, la même révolution s’accomplit, le plus souvent, semble-t-il, dans des formes pacifiques, les descendants des vieilles dynasties conservant en maints endroits une prééminence religieuse et honorifique, dont la dignité du roi Alcinoos dans la ville des Phéaciens nous donne une assez bonne image.
     Vers la fin du 8e siècle, un peu partout, au moins dans la majorité des cités maritimes, les grandes familles aristocratiques se sont emparées du pouvoir. Il en est ainsi notamment tout le long de la côte d’Asie, à Mytilène, Chios, Éphèse, Samos et Milet. En Grèce continentale, Athènes, Érétrie, Mégare, Corinthe, Sicyône, Chalcis sont également gouvernées par des minorités d’aristocrates.
     Cette transformation politique se double d’un profond bouleversement économique. Les nouveaux maîtres, obéissant à l’appel de la mer omniprésente, retrouvent la vocation des thalassocrates crétois, des navigateurs achéens qui sillonnèrent la Méditerranée au cours du deuxième millénaire avant Jésus-Christ jusqu’à l’arrivée des rudes terriens de l’invasion dorienne.
     Les 8e et 7e siècles, ceux de l’ « âge homérique », nous font assister en effet à un irrésistible mouvement d’expansion maritime, commerciale et coloniale de l’hellénisme. Vers l’ouest, jusqu’en Campanie, les Grecs jalonnent de leurs fondations les côtes de l’Italie méridionale et de la Sicile. Vers le nord-est, ils ceinturent le Pont-Euxin de leurs comptoirs. Ils abordent en Afrique, à Cyrène, s’installent à demeure dans leurs concessions du delta du Nil. Nous avons nous-même essayé de montrer comment cette révolution économique, en ouvrant des horizons nouveaux, en éveillant des curiosités et des préoccupations inédites, avait pu et dû, sur le plan intellectuel et moral, créer le milieu propice à l’évolution de la poésie traditionnelle des hymnes religieux et mythologiques vers l’épopée héroïque et humaine, susciter un Homère.
     Transformation morale qui se double bientôt d’une transformation sociale. Le patriciat des grands propriétaires qui détient le pouvoir se mue progressivement en une oligarchie d’industriels et d’armateurs, en une aristocratie de la richesse. Une réaction se dessine. Les classes populaires opprimées et parfois dépossédées s’agitent. Elles trouvent des défenseurs au sein même de ces grandes familles que divisent les ambitions personnelles. Les premières tyrannies apparaissent à Sicyône, à Corinthe, à Mégare, vers le milieu du 7e siècle.
     La démocratie entre en scène. Une ère nouvelle s’annonce. L’âge homérique touche à sa fin.   Added by: Dominique Meeùs
Keywords:   aristocratie armateurs Athènes Corinthe démocratie Grèce antique Grèce archaïque Homère industriels Milet royauté tyran
pp.166-168   Ce grand changement a son point de départ dans le développement rapide, à partir du milieu du 8e siècle, du commerce maritime et de la colonisation hellénique le long des côtes de la Méditerranée.
     Il affecte d’abord la corporation des charpentiers.
     […] Le maître charpentier est désormais avant tout l’homme de la construction navale.
     Or, la possession et la construction d’un vaisseau sont privilèges de la richesse et de l’aristocratie, lesquelles se confondent dans la cité homérique.
     Seuls les riches aristocrates sont à même de recruter dans leur domesticité ou leur clientèle les équipes de bûcherons et de tâcherons qui iront dans les forêts de la communauté, couper, préparer, transporter les bois qu’il faudra ensuite laisser sécher sur le chantier pendant une année au moins. […]
     Ces exigences matérielles ne sont pas les seules. Il en est d’autres, d’ordre politique. Dans la cité homérique, les vaisseaux appartiennent à qui les a fait construire, mais ils ne sont pas une propriété exclusivement privée. Tout propriétaire de navire est tenu de le mettre, le cas échéant, à la disposition de la cité sur décision de l’assemblée du peuple. On lui fournit alors l’équipage dont il a le commandement. Tout armateur a donc, de par sa fonction même, rang de chef et de magistrat. Ce ne peut être qu’un membre de l’aristocratie. […]
     Ce qui est certain, en tout cas, c’est que la possession et l’armement d’un navire sont réservés, en général, aux gens de la plus haute classe. Le temps est venu où dans les cités maritimes en pleine expansion, à Milet, par exemple, à Corinthe, à Chalcis, à Mégare, à Égine, celle-ci se constitue en une aristocratie privilégiée d’armateurs, organisateurs de chantiers navals.
     La vieille corporation des démiurges charpentiers, si honorée dans le plus ancien passé, descend ainsi progressivement au rang d’une profession de mercenaires au service du capitalisme grandissant.   Added by: Dominique Meeùs
Keywords:   aristocratie armateur capitalisme charpentier construction navale démiurge Grèce antique navire
pp.168-170   Une évolution analogue se dessine dans le domaine de la métallurgie et dans celui de la poterie, mais elle s’effectue dans un sens un peu différent. Les deux corporations anciennes ne sont pas absorbées par le capitalisme nouveau. Mais, à côté de l’artisanat traditionnel, grandit rapidement la concurrence de plus en plus puissante d’exploitations plus vastes qui travaillent en grande série. Les raisons de la transformation sont ici d’ordre commercial.
     Dans la métallurgie du bronze, l’approvisionnement en matières premières devient de plus en plus précaire, au fur et à mesure que les besoins se développent. Les filons des mines de cuivre locales s’épuisent, en Eubée notamment. La presque totalité du cuivre nécessaire est désormais importée de Chypre, de Thrace, de Chalcidique. L’étain, lui, est toujours venu de l’extérieur. Au 10e, au 9e siècle, il arrivait encore par terre en suivant les pistes de l’Asie Mineure. Mais la consommation se développe et les besoins grandissent ; l’étain n’est plus seulement employé comme métal d’alliage pour la fabrication du bronze, mais aussi comme motif de décoration. On ne peut plus attendre passivement sa venue. Il faut devancer la concurrence et aller le chercher au loin, par voie de mer, à sa source même.
     Dès la première moitié du 8e siècle, des convois maritimes s’organisent à cet effet. Les uns cinglent vers le Caucase, par l’Hellespont, le Bosphore et le long de la côte méridionale du Pont-Euxin, les autres vers l’Étrurie par le détroit de Messine et les traverses de l’Italie méridionale. […] Le grand fait qui nous intéresse ici, c’est que l’approvisionnement en matières premières de l’industrie du bronze et par incidence cette industrie elle-même se trouvent placés désormais dans la dépendance directe des armateurs des grandes cités maritimes.
     Cette aristocratie commerçante devient du même coup une aristocratie industrielle. Elle crée la fabrication en série dans des ateliers relativement vastes, peuplés d’esclaves dont elle fait aussi le commerce. Une bonne partie de sa production est exportée au loin, dans les colonies nouvelles, et jusqu’en Égypte où les premiers Pharaons de la 26e dynastie luttent contre la domination assyrienne avec des troupes de mercenaires équipées à la grecque.
     Même transformation dans l’industrie de la poterie. À côté de l’exportation des armes et des articles de métal s’organise, en effet, celle du vin et de l’huile. Celle-ci exige un abondant matériel d’amphores, qu’il faut fabriquer en série dans des ateliers que les riches armateurs sont seuls en mesure de fonder. Ces ateliers se consacrent naturellement bien vite aussi à la fabrication en masse de la poterie d’exportation qui se répand sur tous les marchés de la Méditerranée, de l’Égypte à l’Étrurie.
     Notons, incidemment, que la vieille industrie familiale du textile commence à évoluer, à son tour, dans les mêmes conditions. De véritables ateliers de tissage sont créés au sein des manoirs seigneuriaux. La vieille Hécube dirige à Troie, dans le palais de Priam, un atelier de voiles brodés où travaille une équipe d’esclaves sidoniennes que Pâris a amenées de Phénicie.
     Quoi qu’il en soit, le vieil artisanat des démiurges de la forge et de la poterie se trouve progressivement relégué à l’arrière-plan dans l’ordre économique et social. Il ne faut pas s’étonner si vers le milieu du 7e siècle il finit par se révolter, par donner son appui aux jeunes tyrannies d’allure démocratique qui se dressent contre la toute-puissance de l’aristocratie et de la richesse. Cypsélos et ses successeurs interdiront à Corinthe l’introduction de nouveaux esclaves pour le protéger contre la concurrence des ateliers capitalistes.   Added by: Dominique Meeùs
Keywords:   Grèce antique métallurgie poterie corporation capitalisme matière première cuivre étain bronze armateur industrie aristocratie colonie amphore textile démiurge forge tyran démocratie esclave révolte
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