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Davies, P. C. W. (1996). La nouvelle physique et les paradigmes du monde. In La mort de Newton (pp. 35–46).Maisonneuve et Larose. Added by: admin (2008-12-02 05:51:11) |
Resource type: Book Article BibTeX citation key: Davies1996 View all bibliographic details ![]() |
Categories: Philosophie, Physique Creators: Davies Publisher: Maisonneuve et Larose Collection: La mort de Newton |
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Quotes |
pp.44-46
Si mon raisonnement est correct, et si l’existence des systèmes complexes que l’on observe aujourd’hui n’est pas déterminée par l’Univers, comment peut-on expliquer ces systèmes complexes ? Que faut-il penser de l’existence des organismes vivants ou de la vie intelligente ? On peut considérer, et c’est un premier point de vue, que ces systèmes n’ont pas d’explication, c’est-à-dire affirmer que la forme particulière d’un système complexe est quelque chose qui nait de manière spontanée, sans aucun fondement logique. Dans cette perspective, rien n’est inévitable concernant l’existence de la matière vivante : il s’agit d’un pur accident de la nature. On peut faire la même observation pour l’intelligence, et cette position semble avoir aujourd’hui la faveur des biologistes. Personnellement, je ne partage pas cette position, car elle implique une perspective non scientifique qui se borne à ignorer l’existence de systèmes complexes, en affirmant, en substance, que leur existence n’est pas susceptible d’explication. Je suis fermement convaincu que l’existence de la complexité dans la nature, loin d’être casuelle, est inévitable, non pas parce que l’état initial de l’Univers a été programmé pour être complexe, mais pour une toute autre raison. Ma supposition est qu’il y a dans la nature des irrégularités qui respectent des lois déterminées, et qui engendrent la complexité. En d’autres termes, à coté des lois physiques fondamentales qui se réfèrent aux composantes individuelles des éléments physiques, il y a d’autres lois et d’autres principes qui se référent au comportement et à l’organisation collective des ensembles. Ces lois et ces principes rendent compte de la tendance spontanée des systèmes à l’auto-organisation, c’est-à-dire au passage à un stade d’organisation et de complexité supérieur et toujours plus important. Ce pouvoir créatif stupéfiant, qui semble propre à la nature, a toujours constitué une énigme pour notre intelligence. Comment est-il possible que des forces apparemment aveugles et inconscientes, qui agissent ensemble de manière occasionnelle et incontrôlée, puissent néanmoins se coaliser pour produire la merveilleuse richesse et l’organisation complexe du monde naturel, d’un flocon de neige, d’une fleur ou d’un cerveau ? Quelle est l’origine de ce pouvoir créatif si étonnant ? Je tiens à souligner que ces nouveaux principes d’organisation sont en tout point compatibles avec les lois traditionnelles de la physique. Les principes organisateurs intègrent ces lois, et celles-ci trouvent leur place à côté des lois fondamentales de la physique, justement parce que l’univers n’est pas déterministe. Je ne veux aucunement suggérer un principe vitaliste quelconque. Je suis le premier à repousser l’idée que des forces occultes façonnent la matière au mépris des lois de la physique. Dans la communauté scientifique, l’idée des principes organisateurs a été mal perçue. À mon avis, cette attitude est due à l’influence exercée depuis des siècles par le paradigme newtonien, paradigme qui propose un univers mécanique où tout peut être ramené aux conditions initiales. On commence cependant à prendre conscience qu’il y a des lois de la complexité qui ne peuvent être ramenées à des lois physiques fondamentales, à des lois de la simplicité. On peut citer à titre d’exemple les travaux de Prigogine sur les systèmes auto-organisés, les travaux de Charles Bennet d’IBM sur la quantification de la complexité, les études sur la théorie de l’information, 1’intelligence artificielle, les réseaux de neurones, la découverte des régularités systématiques dans les systèmes dits chaotiques, et ainsi de suite. Tous ces thèmes peuvent confluer dans un paradigme post-newtonien dans lequel l’organisation complexe serait reconnue comme un phénomène primaire, et non comme un dérivé obscur de la physique des particules élémentaires auxquelles s’ajoutent les conditions initiales de l’origine du monde. Du point de vue de l’homme, le résultat le plus stimulant de ce gigantesque changement de paradigme est que le sommet de la complexité, l’esprit humain, doit être de nouveau reconsidéré. Les phénomènes mentaux, pensées, émotions, sensations, actes de volonté, ne doivent plus être tenus pour de simples épiphénomènes qu’on pourrait, en fin de compte, ramener à l’activité des électrons dans les circuits neuronaux. Ils sont reconnus, en revanche, pour ce qu’ils sont : des aspects fondamentaux de la nature, nécessitant, bien évidemment, l’activité de ces électrons, mais aussi de bien d’autres facteurs. Je crois que la nouvelle physique rend à l’homme la dignité et la finalité que la physique traditionnelle lui avait retirées. Le paradigme de Newton, qui pendant trois siècles a contribué activement au progrès des sciences physiques, tout en installant sans le vouloir l’obsession de la réduction, a désormais fait son temps. Trois cents ans après Newton, l’homme et son esprit se dressent de nouveau comme le centre de la réalité cosmique. Added by: admin Comments: Il n'accepte pas la contingence. S’il reste quelque chose de contingent, la science est en défaut et il faut accepter ses fumisteries. Ça fait penser à l’argumentation du dessein intelligent : la science est impuissante à expliquer ce qui est, donc il y a autre chose. C’est du délire et c’est auto-contradictoire. Il prétend accepter les lois de la physique et repousser l’idée de « forces occultes », mais il suppose qu’il y a d’autres lois. Il nie que la pensée puisse être l’activité d’un cerveau neuronal, mais pour lui, elle doit résulter « de bien d’autres facteurs ». Ce « nouveau paradigme », il ne fait que l’appeler de ses vœux, puisqu’il n’y a pas le début du commencement d’un résultat, ni même d’un ensemble cohérent d’hypothèses, d’un programme de recherche, mais seulement des vaticinations obscurantistes à la Prigogine et Stengers (qui écrivent dans le même recueil). Il est certainement intéressant d’étudier la complexité mais, pas plus que la thermodynamique, ça ne met en cause la réductibilité aux processus physiques fondamentaux. On ne peut pas étudier la pensée avec la théorie quantique des champs, mais elle n’est cependant pas autre chose que des neurones en action ; les neurones sont des cellules, faites de grandes molécules, magnifiques architectures dans l’espace de protons, de neutrons et d’électrons, entièrement explicables par ce qu’on connaît déjà de la physique et de la chimie et par leurs développements à venir. Added by: admin (2008-12-02 06:46:07) |