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Raymond, P. (1977). Matérialisme dialectique et logique. Paris: Librairie François Maspero. 
Added by: admin (2008-05-12 21:09:23)   Last edited by: Dominique Meeùs (2011-01-13 06:55:41)
Resource type: Book
ID no. (ISBN etc.): 2-7071-0893-6
BibTeX citation key: Raymond1977a
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Categories: Logique, Marxisme, Philosophie
Keywords: dialectique, matérialisme
Creators: Raymond
Publisher: Librairie François Maspero (Paris)
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Notes
la page de titre donne :
     Matérialisme
     dialectique
     et
     logique
où le site Amazon croit pouvoir lire une virgule implicite qui donnerait
     Matérialisme, dialectique et logique
avec une dialectique indépendante comme substantif.
Cependant la couverture et le dos donnent
     Matérialisme dialectique & logique,
imposant la lecture de dialectique comme adjectif
Added by: admin  Last edited by: Dominique Meeùs
Quotes
pp.12-13   L’originalité de la dialectique de Marx tient donc aux modifications qu’il imprime à la notion de contradiction dans la dialectique. Ces modifications ne sont pas seulement celles que nous venons d’évoquer : leur pluralité et leur jeu réciproque les unes sur les autres. Plus exactement, cette idée fondamentale doit être considérée sous plusieurs aspects. D’abord, les contradictions sont réelles et non langagières ou logiques, c’est-à-dire qu’elles doivent être clairement distinguées des négations que traitait Hegel, leurs rôles ne sont pas ceux d’une simple négation : elles ont des phases, depuis l’appel d’air de la contradiction précapitaliste entre la propriété manufacturière et la technique artisanale jusqu’aux crises du capitalisme moderne, c’est-à-dire que leurs termes ne sont pas le plus et le moins du même, mais des réalités différentes et liées. Ensuite, leur pluralité et la pluralité des rôles de leurs termes inégalement développés déterminent un aspect fondamental de la dialectique historique de Marx : l’enchevêtrement des luttes entre bourgeoisie montante, aristocratie décadente et prolétariat naissant évite les coupures radicales entre périodes (et l’appel de ce mécanisme à la volonté ou à la Providence), au profit d’une théorie des renversements de dominante dans les contradictions.   Added by: Dominique Meeùs
Keywords:   dialectique Marx contradiction
pp.97-98   Engels justifie en général le matérialisme historique de Marx par lui-même et le recouvre seulement après coup d’un habit dialectique : ainsi, dans l’Anti-Dühring (chapitre 13), il reconnaît que la « négation de la négation ne démontre pas la nécessité historique. Au contraire : c’est après avoir démontré par l’histoire comment, en fait, le processus en partie s’est réalisé, en partie doit forcément se réaliser encore, que Marx le désigne, en outre, comme un processus qui s’accomplit selon une loi dialectique déterminée. » Cet habit devrait constituer un matérialisme dialectique ; celui-ci est toutefois entendu en plusieurs sens. Tantôt la philosophie doit jouer le rôle d’une sorte de laboratoire pour les sciences : « Les savants croient se libérer de la philosophie en l’ignorant ou en la vitupérant. Mais [de ce fait et] comme, sans pensée, ils ne progressent pas d’un pas […] ils n’en sont pas moins sous le joug de la philosophie et la plupart du temps, hélas, de la plus mauvaise […]. Les savants ont beau faire, ils sont dominés par la philosophie. La question est seulement de savoir s’ils veulent être dominés par… ou s’ils veulent se laisser guider par une forme de pensée théorique qui repose sur la connaissance de l’histoire de la pensée et de ses acquisitions […]. Ce n’est que lorsque la science de la nature et de l’histoire aura assimilé la dialectique… » (Dialectique de la nature, « Science de la nature et philosophie ».) Tantôt la philosophie doit jouer le rôle d’une synthèse des connaissances : « La dialectique n’est pas autre chose que la science des lois générales [de tout]. » (Anti-Dühring, chapitre 13.)
     L’Anti-Dühring est sans doute plus circonstanciel que la Dialectique de la nature. (Engels s’en explique au début de l’ « Ancienne préface à l’Anti-Dühring sur la dialectique ».) Mais, pour les deux ouvrages, la valeur idéologique doit être soigneusement distinguée de la valeur théorique. L’ambition immédiate est de lutter contre une sous-philosophie (« M. Dühring “créateur de système” n’est pas un phénomène isolé dans l’Allemagne d’aujourd’hui ») qu’Engels, à l’instar du 18e siècle et de Hegel, va appeler « métaphysique » : l’ennemi numéro 1 est cette théorie réactionnaire qui organise un blocage contre les transformations révolutionnaires de l’histoire réelle et la poussée associée de l’histoire scientifique. La portée à long terme, l’enseignement de l’œuvre d’Engels pour nous résident essentiellement là.   Added by: Dominique Meeùs
Keywords:   Anti-Dühring dialectique Dialectique de la nature Engels loi dialectique Marx matérialisme dialectique matérialisme historique métaphysique négation de la négation philosophie science
pp.99-100   Dans l’œuvre d’Engels, les expressions où il est question de « dialectique » concernent en général l’histoire, ou plus simplement la transformation, le changement, voire le mouvement. Et, de ce fait déjà, la confusion des exemples témoigne d’une fiction persévérante.
     Il s’agit donc de souligner tantôt l’impératif pratique d’évolutions ou de révolutions ; la dialectique est alors refus du conservatisme, contraire de la réaction. Tantôt la nécessité théorique et pratique de s’adonner à la science de l’histoire, naturelle ou sociale ; la dialectique est alors désir d’étendre le domaine scientifique et d’en utiliser les acquisitions au profit du premier point. Tantôt le besoin d’une philosophie qui corresponde à cette double nécessité et fasse la liaison entre théorie historique et pratique politique ; la dialectique est alors rejet de la sous-métaphysique dominante, proposition d’une philosophie nouvelle.
     L’extrême abondance des exemples où « dialectique » signifie à peu près « histoire », « transformation », « changement » ou « mouvement » confirme ces orientations générales. Dans l’Anti-Dühring, le thème dialectique recouvre la fluence universelle : « Tout est fluent » (introduction, 1) ; et si cette phrase est une constatation encore naïve, le retour à la dialectique après l’étape « analytique », où l’on « détache les détails de leur enchaînement historique ou naturel », marque le moment supérieur, scientifique, de l’héraclitéisme. Quand Engels veut spécifier cette fluence universelle, il cite à l’appui les transformations des espèces avec la théorie de Darwin, l’histoire de la nature inerte avec Kant (Histoire universelle de la nature et théorie du ciel), l’histoire de la pensée collective et individuelle à la fois avec Hegel et l’histoire sociale avec Marx. Dans la Dialectique de la nature, le thème dialectique n’est pas traité différemment : « Le changement est continuel, c’est-à-dire la suppression de l’identité abstraite avec soi », à tous les niveaux, même « dans la nature dite inorganique » ; le principe d’identité n’appartient qu’à la « vieille conception du monde », « métaphysique » (« Dialectique », a). Contre elle, il faut affirmer comme thèse fondamentale la « muabilité de la nature » ; référence est alors faite à Kant pour la nature inerte, à Lyell pour l’évolution géologique, à Darwin pour l’évolution biologique (introduction).   Added by: Dominique Meeùs
Keywords:   Anti-Dühring Dialectique de la nature changement dialectique Engels fluence histoire identité métaphysique mouvement transformation
pp.100-101   Engels développe avec une clarté exemplaire l’idée que seule une sorte d’éternel retour assure l’éternité du mouvement, sa prépondérance sur toute fixité, sur toute mort. […] « Inexorablement l’heure viendra où la chaleur déclinante du soleil ne suffira plus […]. Le cadavre du soleil restera-t-il pour l’éternité un cadavre roulant à travers l’espace infini […] ? » La philosophie nous apprend que l’indestructibilité du mouvement entraîne que « la chaleur rayonnée dans l’espace doit nécessairement avoir la possibilité de se reconvertir en une autre forme de mouvement, sous laquelle elle peut derechef se concentrer et redevenir active » (Dialectique de la nature, introduction). Cette étonnante idéologie de l’éternel retour, fondée sur l’assurance très simple que l’extinction du système solaire comme son but suprême (l’homme communiste) ne peuvent que précéder son recommencement, faute de manquer à l’ « indestructibilité du mouvement », devient chez Engels la clé de voûte de sa philosophie dialectique. Or il est fondamental que ce mysticisme — « le cycle éternel de la matière » selon des « périodes énormes » fait que, « avec une nécessité d’airain », « si elle doit sur Terre exterminer un jour sa floraison suprême, l’esprit pensant, il faut […] que quelque part ailleurs et à une autre heure elle le reproduise » — présente exactement les mêmes thèmes, et parfois le même vocabulaire (l’ « énorme »…), que celui de Nietzsche contre la dialectique à la même époque. Il s’agit là sans doute d’une réaction, commune alors, vis-à-vis du pessimisme de l’entropie.   Added by: Dominique Meeùs
Keywords:   Engels éternel retour Dialectique de la nature dialectique esprit Nietzsche entropie
pp.103-105   Une dialectique fondée sur l’éternité du mouvement, au prix de la répétition. « Le mouvement est une contradiction », dit Engels (Anti-Dühring, chapitre 12). Mais de quel mouvement s’agit-il ? Tantôt Engels parle du mouvement mécanique : « Le simple changement mécanique de lieu […] ne peut s’accomplir que parce qu’à un seul et même moment un corps est à la fois dans un lieu et dans un autre lieu, en un seul et même lieu et non en lui » (Dialectique de la nature, « Les formes du mouvement de la matière ») (le mouvement mécanique est celui des « masses ») ; tantôt du mouvement physico-chimique (atomes et molécules) ; tantôt du mouvement organique, qui fait la synthèse des deux premiers et les rend « indissociables » : « Le mécanique y est causé directement par le physico-chimique […]. » Les divers mouvements sont associés « dialectiquement » : à chaque niveau les mouvements se convertissent les uns dans les autres et se transforment en mouvements de « qualité différente » par « accroissement quantitatif ». La dialectique consiste à suivre l’histoire de ces transformations : ce n’est pas tant le mouvement qui est dialectique que la persistance, la réciprocité et la transformation des mouvements.
     Ces mouvements, le mouvement de ces mouvements, que concernent-ils ? La confusion des exemples est là extrême : tantôt l’histoire d’une identité (une plante ou un animal), tantôt celle d’un changement d’identité (la nature, la Terre, une espèce, une société). Autrement dit, Engels gomme immédiatement l’écart entre Marx et Hegel : faut-il toujours une identité au changement ? La dialectique doit-elle être pronominale, aliénation et retrouvailles d’une identité ? Cette précipitation d’Engels est, très exactement exprimée par l’idée d’un mouvement des mouvements, d’une identité logique de la dialectique : c’est la série des trois lois de la dialectique. Fiction du 18e siècle présentée comme innovation logique à renfort de Hegel. Fiction qui implique quelques présupposés :
     — que la logique analytique classique est dépassée au profit d’une fluence synthétique. En fait, Engels confond plusieurs choses : l’identité d’un concept n’est pas celle d’un individu, mais d’un ensemble de différences et de similitudes, de répétitions et de transformations réglées, si bien que la transformation méthodique (et non historique) du concept est absurde ; l’identité d’un individu (d’un organisme par exemple) n’est pas celle d’une permanence ni d’un flux, mais d’une reproduction variable qui suppose à la fois une identité et les conditions extérieures de son exercice, si bien que la transformation est abstraite sans recours à une histoire sans identité, l’histoire d’une identité n’a même aucun sens ; un mécanisme technique implique des conditions extérieures pour une répétition, conditions qui, cette fois-ci, sont en outre celles de son identité elle-même et non seulement de sa persistance ou de son échec ; or une société n’est pas un mécanisme, économique par exemple, ni un mécanisme de mécanismes, mais l’ensemble ouvert des conditions de l’existence de mécanismes, d’identités ou de concepts. La dialectique historique entraîne donc a priori l’absence de lois logiques et non un autre type de logique : il n’y a pas de synthèse logique possible entre la logique, forcément analytique, et l’histoire ;
     — que les résultats obtenus par des savants grâce à des méthodes, de démonstration par exemple, pourraient recevoir une clarté supplémentaire d’une logique « dialectique » : en fait, ou bien il s’agit d’une histoire, et elle n’a rien à voir avec un processus démonstratif conscient (sinon réfléchi), elle n’éclaire donc que le changement de méthodes ; ou bien il s’agit d’une méthode, et elle ne peut venir après coup, comme le sentiment d’avoir « fait de la prose toute sa vie sans en avoir la moindre idée » à M. Jourdain (Anti-Dühring, « La dialectique »). Le chapitre d’Engels sur la démonstration mathématique, comme illustration de la dialectique, est ainsi le plus haut point de sa confusion ;
     — que les thèmes de l’éternel retour et de l’identité « qui contient en elle la différence » suffisent à entraîner une conception dialectique, alors qu’ils sont les bases mêmes de la philosophie antidialectique de Nietzsche à l’époque d’Engels (l’éternel retour est, chez celui-là, interprétable comme le refus de la conception métaphysique de l’identité : rien n’existe comme entité, mais comme éclatement et entrelacement d’un passé et d’un avenir, comme différence d’avec soi-même).   Added by: Dominique Meeùs
Keywords:   mouvement contradiction Engels Anti-Dühring Dialectique de la nature histoire identité Marx Hegel changement loi dialectique logique science logique dialectique prose éternel retour Nietzsche métaphysique
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