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Malinowski, B. (1980). Le mythe dans la psychologie primitive (S. Jankélévitch, Trans.). In Trois essais dur la vie sociale des primitifs (pp. 95–154). Paris: Éditions Payot.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2016-08-06 06:26:05 Pop. 0%
      … ses intéréts purement pratiques [de l’homme primitif] doivent primer sur tous les autres. Nous verrons plus loin que la mythologie, le savoir sacré de la tribu, constituent un puissant moyen à la faveur duquel l’homme primitif arrive à opérer la jonction des deux fins qui caractérisent sa vie culturelle. Nous verrons, en outre, que les immenses services que le mythe rend a l’homme primitif ne sont possibles qu’a la faveur de l’intervention du rituel religieux, de certaines influences morales et de certains principes sociologiques. Or, comme la religion et la morale ne reposent que dans une mesure trés limitée sur l’intérét pour la science et pour l’histoire du passé, on peut dire que le mythe suppose une attitude psychologique tout a fait différente.
     Les rapports étroits existant entre la religion et le mythe ont échappé a beaucoup de savants, mais ont été entrevus par d’autres. Des psychologues comme Wundt, des sociologues comme Durkheim, Hubert et Mauss, des anthropologues comme Crawley, des savants spécialistes de l’antiquité classique, comme Miss Jane Harrison, n’ont pas manque de saisir les liens intimes qui existent entre le mythe et la religion, entre la tradition sacrée et les normes de l’organisation sociale. Tous ces savants ont subi, dans une mesure plus ou moins grande, l’influence des travaux de James Frazer. Bien que le grand anthropologue anglais et la plupart de ses partisans aient eu une claire vision de l’importance sociologique et rituelle du mythe, je n’hésite pas à soumettre aux lecteurs un certain nombre de faits qui nous permettront d’élucider et de formuler d’une façon plus precise les principes fondamentaux d’une théorie sociologique du mythe.
      J’ai essayé de résumer fidèlement et d’une façon plausible cette interprétation naturaliste des mythes, mais je suis obligé d’avouer qu’à mon avis cette théorie représente une des conceptions les plus extravagantes qui aient jamais été formulées par un anthropologue ou un humaniste, ce qui n’est pas peu dire. Elle a été réfutée d’une façon vraiment destructive par le grand psychologue Wundt et apparaît dépourvue de toute consistance lorsqu’on l‘examine à la lumière de certains ouvrages de Frazer. L’étude à laquelle je me suis livré personnellement sur les mythes qui survivent encore parmi les primitifs m’autorise à dire que l’homme primitif ne s’intéresse que dans une mesure très relative au côté artistique ou scientifique de la nature ; le symbolisme ne joue qu’un rôle très limité dans ses idées et ses mythes ; en fait, le mythe est moins une rhapsodie imaginée par un homme désœuvré, laissant libre cours à sa fantaisie, qu’une force culturelle extrêmement importante et dont le poids se fait durement sentir. Ignorant la fonction culturelle du mythe, la théorie naturaliste attribue à l’homme primitif un grand nombre d’intérêts imaginaires et se rend coupable d’une grave confusion en mettant sur le même plan des genres aussi distincts et faciles à distinguer que le conte populaire, la légende, la « saga » et la légende sacrée, ou mythe.

      C’est là peut-être le point le plus important de la thèse que je défends ici. J’affirme ainsi qu’il existe une catégorie spéciale d’histoires, considérées comme sacrées, objectivées dans le rituel, la morale et l’organisation sociale et formant partie intégrante et active de la culture primitive. Ces histoires ne servent pas à satisfaire la simple curiosité, soit comme récits imaginaires, soit comme relations d’événements réels : les indigènes y voient le reflet d’une réalité primitive, plus grande et plus importante, qui détermine la vie, le sort et les activités de l’humanité actuelle et dont la connaissance procure à l’homme les mobiles qui doivent le guider dans ses actes rituels et ses actions morales, ainsi que des indications sur la manière dont il a à s‘acquitter des uns et des autres.
      Nous avons fait ressortir plus haut (chap. 1) l’inconsistance et l’insuffisance de deux théories, assez en faveur aujourd’hui, concernant la nature et l’origine des mythes : celle d’après laquelle le mythe serait une description rhapsodique des phénomènes de la nature, et la théorie d’Andrew Lang, qui voit surtout dans le mythe un effort d’explication, une sorte de science primitive. Il semble ressortir de ce que nous avons dit, dans les chapitres qui précèdent, que ni l'une ni l'autre de ces attitudes ne jouent un rôle considérable dans les civilisations primitives ; que ni l‘une ni l’autre ne sont de nature à nous fournir une explication des histoires sacrées des peuples primitifs, de leur contexte sociologique, de leur fonction culturelle. Mais dès l’instant où l’on admet que le mythe sert principalement à établir une charte sociologique, à justifier rétrospectivement un certain code de conduite morale, à attester la réalité du miracle primitif et suprême de la magie, il devient évident qu’on doit trouver dans les légendes sacrées aussi bien un effort d’explication que des manifestations d’un certain intérêt pour la nature.
      J’ai essayé de montrer que les histoires dont se compose le folklore d’une communauté indigène sont inséparables du contexte culturel de la vie tribale, qu’elles vivent elles-mêmes de cette vie, au lieu d’être des récits purs et simples. Je veux dire par là que les idées, les émotions et les désirs associés à une histoire donnée sont évoqués, non seulement au moment même où cette histoire est racontée, mais aussi par certaines coutumes et règles morales ou par certains rites qui forment pour ainsi dire sa contre-partie, la réalisation effective du sujet sur lequel elle porte. À ce point de vue, on constate une grande différence entre les diverses catégories d’histoires. Alors que dans le simple conte du coin du feu le contexte sociologique se trouve réduit au minimum, la légende pénètre déjà davantage dans la vie tribale de la communauté, et le mythe joue un rôle tout à fait important. Le mythe, qui postule une réalité primitive se perpétuant jusqu’à nos jours et constitue une justification par des précédents, fournit un modèle rétrospectif de valeurs morales, d’ordre sociologique et de croyances magiques. Il n’est donc ni un simple récit, ni une tentative d’explication scientifique, sous la forme la plus primitive, ni une œuvre d’art ou un document historique. Il remplit une fonction sui generis, qui se rattache étroitement à la nature de la tradition, à la continuité de la culture, aux rapports entre la vieillesse et la jeunesse, à l’attitude humaine à l’égard du passé. Bref, la fonction du mythe consiste à renforcer la tradition, à lui conférer un prestige et une valeur plus grande, en la faisant remonter à une réalité initiale plus élevée, meilleure, d’un caractère plus surnaturel.
Thomson, G. (1973). Les premiers philosophes M. Charlot, Trans. Paris: Éditions sociales.  
Added by: Dominique Meeùs 2010-02-07 21:37:31 Pop. 0%
      Le mythe de la création a pour origine la réalité de la royauté mais dans la conscience humaine, divisée par la classe, ce rapport se trouva inversé, et le rôle du roi dans le rituel fut pris pour commémoration de ce que le dieu avait accompli au commencement.
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