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Atlan, H. (2007) Inné et acquis: Les réponses d’henri atlan (31 mai 2007). Philosophie Magazine, 10 . Retrieved December 21, 2010, http://www.philomag.com/fiche-philinfo.php?id=37  
Last edited by: Dominique Meeùs 2010-12-22 08:24:47 Pop. 0%
      Il vaudrait mieux proscrire, ou limiter au maximum, dans les discours biologiques qui se veulent explicatifs, y compris de la part de spécialistes, un certain nombre d’expressions qui sont devenues populaires. Celles de « patrimoine génétique » ou de « programme génétique » sont des métaphores trompeuses qu’il vaut mieux proscrire totalement. L’expression « gène de ceci », « gène de cela » souvent utilisée dans des annonces spectaculaires doit être strictement limitée à ces cas rares de maladies monogénétiques, et à l’identification de séquences d’ADN codant pour des protéines dont les fonctions normales ou pathologiques sont connues, ainsi que les mécanismes causaux, divers génétiques et épigénétiques, par lesquels ces protéines produisent les effets incriminés. Ceci aurait pour effet de relativiser, déjà au niveau de la recherche biologique fondamentale, la part des gènes dans le développement et les fonctions des organismes, tant il est clair aujourd’hui que l’organisme contrôle le génome au moins autant que le génome contrôle l’organisme. Il s’agit là d’une révolution dans les mentalités qui a commencé à pénétrer le monde de la recherche en biologie moléculaire et cellulaire, mais qui a du mal à passer non seulement dans le grand public, mais encore dans l’information médicale.
Changeux, J.-P. (2002). L’homme de vérité M. Kirsch, Trans. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2016-05-30 21:00:01 Pop. 0%
      Cette analyse ne met pas fin au débat entre nature et culture, mais elle le replace dans une perspective nouvelle. On ne peut plus désormais parler d’inné et d’acquis sans prendre en compte à la fois les données du génome, leur mode d’expression au cours du développement, l’évolution épigénétique de la connectivité sous ses aspects anatomiques, physiologiques et comportementaux. Cela peut paraître très difficile, voire presque impossible, surtout dans le cas du cerveau humain. Pourtant, cette conception du gène et de son expression, à la fois multidimensionnelle, non linéaire et hautement contextualisée, remet en cause des formulations qui ont un impact social très fort : comme les « gènes du bonheur » ou, au contraire, de « la nature strictement constructive du développement mental », dans le premier cas, on omet l’épigenèse, dans le second, la génétique.
     Le développement du cerveau humain se caractérise fondamentalement par cette « ouverture de l’enveloppe génétique » à la variabilité épigénétique et à l’évolution par sélection, celles-ci étant rendues possibles par l’incorporation dans le développement synaptique d’une composante aléatoire au sein des enchaînements de croissance synaptique en cascade qui vont des débuts de l’embryogenèse jusqu’à la puberté.
     Chaque « vague » successive de connexions, dont le type et la chronologie sont encadrés par l’enveloppe génétique, est sans doute en corrélation avec l’acquisition de savoir-faire et de connaissances particuliers, mais aussi avec la perte de compétences […] Le savoir inné et l’apprentissage épigénétique se trouvent étroitement entrelacés au cours du développement pré- et postnatal, où se manifestent l’acquisition de savoir-faire et de connaissances, l’entrée en action de la conscience réflexive et de la « théorie de l’esprit », l’apprentissage du langage, des « règles épigénétiques » et des conventions sociales. L’épigenèse rend possibles le développement de la culture, sa diversification, sa transmission, son évolution. Une bonne éducation devrait tendre à accorder ces schémas de développement avec le matériel pédagogique approprié que l’enfant doit apprendre et expérimenter. Petit à petit se met en place ce que Pierre Bourdieu appelle l’« habitus » de chaque individu, qui varie avec l’environnement social et culturel, mais aussi avec l’histoire particulière de chacun. Le caractère unique de chaque personne se construit ainsi comme une synthèse singulière de son héritage génétique, des conditions de son développement et de son expérience personnelle dans l’environnement social et culturel qui lui est propre.
     Du point de vue plus général de l’acquisition des connaissances, le savoir inné et la plupart des dispositions innées à acquérir des connaissances et à en mettre à l’épreuve leur vérité de manière consciente se sont développés à travers l’évolution des espèces au niveau de l’enveloppe génétique. Par ailleurs, la durée exceptionnellement longue de l’évolution épigénétique dont dispose le cerveau humain a permis une « incorporation » dans le cerveau de caractéristiques du monde extérieur sous forme de « savoir épigénétique ». Inversement, c’est aussi ce qui a rendu possible la production d’une mémoire culturelle qui ne dépende pas directement des limites intrinsèques du cerveau humain et puisse être transmise de manière épigénétique au niveau du groupe social.
Changeux, J.-P. (1984). L’homme neuronal 5th ed. Paris: Fayard.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2011-01-02 15:35:12 Pop. 0%
      Qu’est-ce que 200 000 ou même 1 000 000 de gènes devant le nombre de synapses du cerveau humain, ou même devant le nombre de singularités neuronales en principe repérables dans le cortex cérébral de l’homme ? Il ne peut exister de correspondance simple entre la complexité d’organisation du génome et celle du système nerveux central. L’aphorisme : « un gène — un enzyme » de Beadle et Tatum (1941), en aucune manière ne devient : « un gène — une synapse ». Alors, comment expliquer que l’organisation si complexe du système nerveux central des vertébrés, se construise, de manière reproductible, à partir d’un si petit nombre de déterminants génétiques ? La réponse est à chercher dans la manière dont cette complexité se construit au cours du développement embryonnaire […]
Deutsch, J. (2012). Le gène: Un concept en évolution. Paris: Éditions du Seuil.  
Added by: Dominique Meeùs 2016-10-08 05:34:48 Pop. 0%
      Un concept de gène élargi.
Pour les fondateurs de la théorie de l’information, le message est une suite linéaire de signaux symboliques. Nous avons vu l’influence et l’importance de cette conception dans la proposition et la découverte du code génétique, le dictionnaire qui permet de passer de la séquence en nucléotides de l’ADN à la séquence en acides aminés des protéines (chap. 13). Nous avons vu aussi qu’aujourd’hui le concept moléculaire du gène, réduit à un segment d’ADN codant, est insuffisant. Il y a bien plus de signaux dans la chromatine que les signaux alphabétiques codants (chap. 17 à 20). Il y a dans la séquence de l’ADN lui-même des signaux de type analogique, non numérique. Ces signaux représentent une part non négligeable de la quantité d’ADN et leur importance, tant fonctionnelle chez les êtres vivant aujourd’hui que dans l’évolution, est considérable. De plus, tout le message n’est pas inscrit dans l’ADN. Nous avons vu que, chez les eucaryotes, la structure de la chromatine, la façon dont les protéines de la chromatine sont associées à l’ADN, constitue aussi un message transmis, dit épigénétique.
Il est important de conserver le concept d’information génétique, différent de la forme des organismes, en sachant qu’il faut distinguer l’information du message : l’information est le message lu et interprété par la cellule, voire par l’organisme entier en développement, dans le cas des organismes pluricellulaires.
En ce qui concerne le message biologique, il nous faut envisager une conception élargie. Le message biologique n’est pas seulement une suite linéaire de signaux symboliques. Le message doit être vu comme un ensemble, dont la structure n’est pas nécessairement linéaire, de signaux numériques ou non. On est ainsi conduit à une conception élargie du gène : le gène est le message, de type symbolique et/ou analogique, inscrit dans les composants nucléique et protéique de la chromatine, transmis de cellule à cellule et de génération en génération, qui est interprété, grâce aux propriétés de la cellule et de l’organisme, en information permettant la création des formes du vivant.
Le génome, c’est-à-dire l’ensemble des messages, contient des signaux régulateurs qui contrôlent le passage des messages géniques en information. Les signaux régulateurs sont inscrits dans les composants nucléiques et aussi protéiques (épigénétiques) de la chromatine, et sont donc aussi des gènes. C’est par le moyen (medium) de ces signaux régulateurs que le génome est ouvert sur l’environnement.
Dobzhansky, T. (1978). Le droit à l’intelligence: Génétique et égalité M. Reisinger, Trans. Bruxelles: Éditions Complexe.  
Added by: Dominique Meeùs 2009-08-22 06:19:05 Pop. 0%
      L’humanité n’est pas une population panmictique où chaque individu a les mêmes chances d’épouser n’importe quel individu de sexe opposé et d’âge adéquat. Il y a plus de chances qu’un garçon né au Canada épouse une Canadienne qu’une Chinoise ou une Ougandaise. Tout comme de nombreuses espèces animales et végétales à reproduction sexuée, l’humanité est géographiquement divisée en sous-populations mendéliennes ; les intermariages au sein de ces sous-populations sont plus fréquents qu’entre elles. D’autres facteurs humains engendrent des discontinuités de la trame des intermariages, tels que les divisions économiques, sociales, linguistiques, religieuses, etc.
     L’humanité, en tant qu’espèce biologique, représente la population mendélienne globale. Au sein de celle-ci, on trouve une hiérarchie de sous-populations mendéliennes, partiellement isolées les unes des autres, au point de vue géographique et social. Seules les plus petites subdivisions, comme les habitants de certains villages ou des groupes de statut social équivalent au sein de petites villes peuvent être approximativement considérés comme panmictiques (*). Les races constituent des sous-populations mendéliennes au sein de l’espèce. Elles ne forment pas des types idéaux ou statistiques, ni des ensembles d’individus génétiquement identiques, ni des subdivisions primitives de l’humanité diluées par une misségénation prolongée. Elles représentent des populations mendéliennes qui diffèrent par l’incidence de certains gènes dans leur pool.
(*) Panmixie : situation d’un groupe où les couples se forment au hasard, sans qu’interviennent des critères préférentiels. (N.d.t.)
      Les sous-populations mendéliennes au sein de l’espèce humaine et chez les autres organismes sexués ne sont jamais complètement séparées. Elles s’interpénètrent par des échanges de gènes. Souvent, on ne peut pas dire où l’une finit et où l’autre commence. Même pour ce qui est des grandes races humaines (jaune, blanche, noire et rouge), il existe des populations intermédiaires qui ne rentrent pas parfaitement dans une de ces cases. (Les tribus turques d’Asie Centrale, par exemple, sont-elles jaunes ou blanches ?) Dans le cadre des subdivisions géographiques, linguistiques et économiques les plus fines, les limites des sous-populations mendéliennes sont encore plus brouillées, car les intermariages et les échanges de gènes sont de plus en plus fréquents.
     L’absence de limites nettes entre les sous-populations mendéliennes humaines déroute certains esprits ordonnés. Comment peut-on faire d’une chose aussi mal définie l’unité de base des études biologiques et anthropologiques ? Il y a deux remarques à faire à ce propos. Tout d’abord, les complexités de la nature ne doivent pas être éludées. Deuxièmement, la seule façon de simplifier la nature est de l’étudier telle qu’elle est, et pas comme nous voudrions qu’elle soit.
      Existe-t-il des différences qualitatives entre les populations humaines, en ce sens que certains allèles seraient absents chez certaines, et présents à 100 % chez d’autres ? Comme le remarquait Darwin, « la couleur de la peau est, parmi toutes les différences entre les races humaines, la plus évidente et une des plus marquées ». En effet, à part les cas d’albinisme, aucun natif d’Afrique subsaharienne n’a la peau aussi peu colorée que celle des Européens, et aucun Européen n’est aussi foncé que les Africains. Cependant, cette différence de couleur de peau résulte de l’effet cumulé d’au moins trois, et peut-être six, paires de gènes récessifs. Les variations héréditaires de couleur de peau existent autant chez les Européens que chez les Africains. On conçoit parfaitement que la coloration de la peau puisse être considérablement accentuée par des croisements sélectifs, au sein d’une population européenne, et réduite au sein d’une population africaine. On n’est pas certain, cependant, que les variations de pigmentation intraraciales soient dues aux mêmes gènes que les différences interraciales. […]
     Notre conclusion provisoire, qui sera peut-être modifiée par de futures découvertes, est qu’il n’existe pas de différences qualitatives entre les populations humaines, au sens défini plus haut.
      L’infinie variété des êtres vivants nous fascine et nous déroute à la fois. Il n’existe pas deux êtres humains identiques, pas plus que deux sapins, deux mouches Drosophiles ou deux infusoires identiques. Le langage humain rend maniable la variété fugitive de nos perceptions. La classification et la dénomination de groupes d’objets est peut-être l’activité scientifique primordiale. Il se peut qu’elle ait précédé l’apparition de l’Homo sapiens, et elle subsistera tant qu’un animal doué de la faculté symbolique existera. Les biologistes et les anthropologues décrivent et nomment les ensembles d’organismes qu’ils étudient, afin de les identifier pour eux-mêmes, et pour que les autres puissent savoir de quoi ils parlent.
     Les êtres humains que nous rencontrons et dont nous entendons parler sont nombreux et divers. Il faut que nous les classifions et mettions une étiquette sur les différents groupes. Ainsi nous distinguons ceux qui parlent Anglais, Russe, Swahili, ou d’autres langues ; les étudiants, les ouvriers et les paysans ; les intellectuels et la « majorité silencieuse », etc. Les gens qui étudient les variations physiques, physiologiques et génétiques de l’homme trouvent pratique de distinguer différentes races. On peut définir les races comme des populations mendéliennes faisant partie de la même espèce biologique, mais différant entre elles par l’incidence de certaines variables génétiques.
     On pose souvent la question suivante : les races représentent-elles des phénomènes naturels objectifs, ou bien sont-elles de simples concepts élaborés par les biologistes et les anthropologues pour des raisons pratiques ? C’est pourquoi il faut indiquer clairement la dualité du concept de race. D’une part il se rapporte à des différences génétiques objectives entre des populations mendéliennes. D’autre part il s’agit de catégories classificatoires qui ont pour rôle pragmatique de faciliter la communication. On peut spécifier la procédure opérationnelle par laquelle on démontre que deux populations font partie ou pas d’une même race. Ces populations renferment des ensembles de génotypes différents si elles n’appartiennent pas à la même race et des ensembles semblables si elles font partie de la même race.
Dobzhansky, T. , On the dynamics of chromosomal polymorphism in drosophila. Paper presented at Insect polymorphism.  
Added by: Dominique Meeùs 2009-12-18 17:02:15 Pop. 0%
      Ce que les gènes déterminent, ce ne sont pas les caractères, mais plutôt les voies par lesquelles l’organisme en développement répond au milieu qu’il rencontre.
Dover, G. (2001). Dear mr darwin: Letters on the evolution of life and the human nature. Londres: Phoenix (Orion Books Ltd).  
Last edited by: Dominique Meeùs 2009-08-05 16:09:45 Pop. 0%
      The recent discoveries in biology are challenging how we think about biological evolution. We are entering a world of biology that lies far beyond the naivety of selfish genes and their supposedly lonely pursuits of self-replication and self-immortalization.
      The belief that there is a specific gene or set of genes for every observable characteristic of an organism (eyes, language, sexuality and so on), and that the current ubiquity of these genes is due to their own selfish pursuits in times past, is currently setting the intellectual agenda for many important aspects of human nature and society.
      Hughes [the English poet Ted Hughes, 1930-1998], like every one of us, is nothing but pure, unadulterated « individual ». There is no biological connection with the past or with the future. We uniquely live only in the present, even though our ignorant genes were inherited from generations past. What cannot be inherited is the particular collection of interactions of genes with genes and of genes with environment that uniquely defines each of us. Each gene is a unit of inheritance, but it can not carry into the next generation the unique set of interactive functions that defines every individual. A gene cannot control which genetic partners it finds itself with in any individual. The one-off set of genetic interactions that specifies the unique unfolding of an individual cannot be inherited. A result of this, as I argued extensively in an earlier letter, is that the genes, in themselves, cannot be the targets of selection, nor can they be, individually and independently, the arbiters of our creativity. Some of Bach’s twenty children were composers but many were not and none was like the father. As for the grandchildren…
      Ed Lewis found that the same genes that caused homeotic transformations in the adult [of D. melanogaster] (for example, a pair of wings on T3 in place of halteres) also caused segment transformations in the larva.
     Three particular genes, which turned out to be among the first three Hox genes discovered, could be deleted from the chromosome and the resultant segments of the embryo examined. These genes are called Ultrabithorax (Ubx), abd-A and abd-B. If all three genes are deleted together, which is possible because they lie very near to each other on the same chromosome, the resultant larva has segment structures T1, (T2) × 10. In other words, ten of the segments have the structure of T2. lf Ubx is added back, the larva has segment structures T1, T2, T3, (A1) × 8. lf abd-A is added back as well, we have T1, T2, T3, A1, A2, A3, (A4) × 5.
     In the absence of all three Hox genes, all the segments except T1 would tum into T2, and if the larva could overcome this little problem and develop into an adult, we would have a fly with ten pairs of wings and eleven pairs of legs — something resembling Manchester United Football Team, to which I shall return later ! In the absence of only the Ubx gene, we get our four-winged fly. In the absence of abd-B, several of the most posterior segments resemble the fourth abdominal segment. And finally, in the absence of both abd-A and abd-B, all the abdominal segments look like the very first one.
Huxley, J. (1950). La génétique soviétique et la science mondiale J. Castier, Trans. Paris: Stock.  
Added by: Dominique Meeùs 2009-08-03 13:51:51 Pop. 0%
      Il faut insister sur ce que le statut scientifique du mitchourinisme est fort différent de celui du néo-mendélisme. Celui-ci comprend un grand nombre de faits et de lois qui ont été vérifiés à mainte reprise, et de façon indépendante, par des savants du monde entier (et beaucoup d’entre eux aussi, par des amateurs et des étudiants) ; la constitution héréditaire qu’il postule — celle d’un grand nombre de gènes disposés de façon régulière à l’intérieur des chromosomes — a été établie comme objectivement vraie ; et ses principes théoriques découlent tous directement de ce fait central, d’une constitution particulaire portée par des chromosomes.
     D’autre part, beaucoup d’entre les résultats revendiqués comme faits par les mitchouriniens (savoir : l’hybridation végétative et l’hérédité des caractères acquis) ne se sont pas révélés susceptibles de vérification par les savant hors de la Russie ; et d’autres (savoir : la « dislocation » de l’hérédité par les croisements) s’interprètent également bien suivant les principes mendéliens. En outre, il est notoire que les mitchouriniens ont négligé beaucoup d’entre les précautions habituelles prises par les généticiens occidentaux pour assurer la validité de leurs expériences, et qu’ils ont, de propos délibéré, rejeté l’usage de l’analyse statistique pour contrôler la signification scientifique de leurs résultats numériques.
     […]
     Nous pourrions peut-être résumer de la façon suivante la différence entre les deux systèmes (et c’est une différence fort importante). Le mendélisme représente le développement cohérent d’un concept scientifique central, dont la formulation était nécessaire, comme étant la seule façon dont pouvaient s’expliquer certains faits observés. (Le concept était celui du facteur-unité de l’hérédité, appelé plus tard gène, et les fait étaient ceux qu’avait obtenus Mendel en croisant des variétés de pois.) Le développement a consisté, d’une part, en la généralisation de ce concept, et, d’autre part, en son perfectionnement.
     […]
     Le mitchourinisme, par contre, représente le promulgation d’une idée centrale ; et cette idée n’est pas la seule façon dont puissent s’expliquer les faits (puisque les uns s’expliqueraient également bien, ou mieux, comme étant dus à des méthodes défectueuses, et d’autres, comme dus à d’autres causes). Cette idée est dans une large mesure une idée préconçue, qui a été imposée aux faits, au lieu de naître d’eux ; quand les faits ne s’adaptent pas à l’idée, on en nie l’importance, ou même l’existence. À l’inverse du néo-mendélisme, il n’est pas quantitatif, du sorte qu’il manque de précision. Sa principale nouveauté, l’affirmation selon laquelle l’hérédité est le résultat de l’assimilation des influences extérieures, est fondée uniquement sur l’analogie, et non sur l’expérimentation ou l’observation scientifiques.
     Voilà ce que l’ai voulu dire lorsque j’ai déclaré que le mitchourinisme est une doctrine. C’est une doctrine essentiellement non scientifique ou pré-scientifique, appliquée à une branche de la recherche scientifique, et non pas en soi une branche de la science.
Jacob, F. (1981). Le jeu des possibles: Essai sur la diversité du vivant. Paris: Fayard.  
Added by: admin 2009-11-26 14:59:07 Pop. 0%
      Un mammifère peut produire quelques dizaines ou centaines de millions d’anticorps distincts. Ce nombre est de beaucoup supérieur à celui des gènes de structure contenus dans un génome de mammifère.
Jordan, B. (2000). Les imposteurs de la génétique. Paris: Éditions du Seuil.  
Added by: Dominique Meeùs 2009-07-08 20:02:05 Pop. 0%
      Le cerveau est l’organe le plus complexe de notre organisme ; Il met en œuvre trente à quarante mille gènes parmi les cent mille dont nous disposons, alors que la plupart des autres organes n’en activent que cinq à dix mille.
Jouvet, M. (1992). Le sommeil et le rêve. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2016-05-30 21:23:52 Pop. 0%
      Faut-il alors admettre que le programme génétique mis en jeu pendant le développement pré- et postnatal soit responsable, une fois pour toutes, des innombrables et subtiles connexions interneuronales à l’origine de tel ou tel trait de caractère, pendant toute une existence ? C’est tout simplement impossible, d’une part parce que la programmation génétique de milliers de milliards de connexions synaptiques nécessiterait un nombre de gènes bien supérieur à celui qui existe dans le génome, et, d’autre part, parce que les influences de l’environnement finiraient par altérer définitivement ces connexions.
Lewontin, R. C., Rose, S., & Kamin, L. J. (1985). Nous ne sommes pas programmés: Génétique, hérédité, idéologie M. Blanc, R. Forest & J. Ayats, Trans. Paris: Éditions La Découverte.  
Added by: admin 2008-06-14 17:29:04 Pop. 0%
      Une affirmation centrale de la sociobiologie est la suivante : le comportement social humain est, d’une certaine façon, codé dans les gènes. Cependant, comme nous l’avons expliqué à propos du QI, personne jusqu’ici n’a été capable de mettre en rapport tel aspect du comportement social humain avec tel ensemble de gènes, personne n’a jamais suggéré d’y parvenir avec quelque programme expérimental que ce soit. Ainsi, toutes les déclarations au sujet des bases génétiques des comportements sociaux humains sont nécessairement de pures spéculations, quel que soit par ailleurs leur caractère séduisant dans certains cas.
      Le monde réductionniste intégral tel qu’il apparaît dans les écrits sociobiologiques d’un E. O. Wilson (Sociobiology : The New Synthesis), ou d’un Richard Dawkins (Le gène égoïste) se fonde explicitement sur le dogme central de la biologie moléculaire : le gène prime ontologiquement sur l’individu et l’individu sur la société (*). Mais il se fonde tout aussi explicitement sur un ensemble de concepts économiques de gestion, en vogue dans les années soixante et soixante-dix : analyse des coûts, coûts marginaux des investissements, théorie des jeux, ingénierie et communication. Tout cela est transféré sans complexe par Wilson ou Dawkins dans le domaine naturel. En fait, ce réductionnisme intégral met en jeu un double mouvement : la vision du monde sociobiologique est tirée de l’observation de l’ordre social existant, puis, comme on peut s’y attendre et comme il est également arrivé à la théorie darwinienne de l’évolution avec le darwinisme social, elle est appliquée en retour à l’ordre social pour le légitimer […]
(*) Pour Jaques Monod [Hudson 1977:212] : « On a une équivalence logique exacte entre famille et cellules. Tout ceci est entièrement écrit dans la structure des protéines qui est elle-même inscrite dans l’ADN. »
      En fait, il s’agit d’une tentative d’explication systématique de l’existence sociale de l’homme, fondée sur deux principes : les phénomènes sociaux humains sont la conséquence directe du comportement des individus ; ces comportements individuels sont la conséquence directe de caractéristiques biologiques innées. Ainsi, le déterminisme biologique est une explication réductionniste de la vie humaine, pour laquelle les « flèches » de la causalité vont des gènes aux individus humains et des individus humains à l’humanité. Mais c’est davantage qu’une explication : c’est une position politique. Car si l’organisation sociale humaine, y compris les inégalités de statut, richesse ou pouvoir, est la conséquence directe de notre biologie, alors, en dehors de tel ou tel programme gigantesque de génie génétique, aucune pratique ne peut modifier significativement la structure sociale ou la situation des individus ou des groupes au sein de celle-ci. Ce que nous sommes est naturel, et donc fixé une fois pour toutes. Lutter, faire des lois, faire des révolutions même, tout cela est vain. À la longue les différences naturelles entre individus et entre groupes, fondées sur les universaux biologiques du comportement humain, rendront impuissants tous nos efforts naïfs pour restructurer la société. Nous ne vivons peut-être pas dans le meilleur de tous les mondes concevables, mais nous vivons dans le meilleur de tous les mondes possibles.
Prochiantz, A. (1989). La construction du cerveau. Paris: Hachette.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2010-07-18 09:34:49 Pop. 0%
      Il y a donc une flexibilité par rapport à ce déterminisme génétique, et ces variations entre individus identiques [vrais jumeaux] sont dues à tout ce qu’on peut appeler l’épigénétique — c’est-à-dire tout ce qui n’est pas strictement déterminé par les gènes, tout ce qui vient introduire du jeu dans le déterminisme génétique ; ce qu’indique le préfixe grec épi qui signifie tout à la fois le surcroît, la succession, le contact et l’inflexion d’une trajectoire.
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