Lévy, J.-P. (1997). La fabrique de l’homme. Paris: Éditions Odile Jacob. |
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Last edited by: Dominique Meeùs 2010-01-02 08:12:20 |
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Les limites Dans cet univers infini où notre place ne cesse de se restreindre et nos explications traditionnelles de s’effondrer, nous prenons conscience de l’incapacité humaine à totalement expliquer le monde, sans pouvoir espérer d’autres intelligences une future révélation. Ce n’est pas la connaissance du vivant qui sera l’obstacle. Les réponses aux questions que son existence soulève sont proches, quand elles ne sont pas déjà acquises. La vie est explicable de bout en bout, même si nous ne pouvons dire exactement aujourd’hui comment elle s’est initialement formée. La logique des scénarios possibles nous est connue, si bien que nous pourrons probablement progresser vers une certitude, même si nous ne parvenions pas à les reproduire en laboratoire. La pensée, dans la compréhension de ses mécanismes intimes, nous pose de difficiles questions, mais tout permet de croire que leur résolution est désormais engagée. L’âme humaine fabriquée par le cerveau, imparfaite et mortelle, ne devrait plus nous poser de problème : chacune certes restera singulière, mais nous savons pourquoi. Il n’existe même pas à proprement parler de nature humaine puisque nous n’avons fait que poursuivre l’exploitation de fonctions apparues avant nous. Tout cela ne nous prive en rien, pourtant, de notre dignité et des devoirs que notre humanité nous impose, si nous acceptons de considérer notre situation objective. L’univers dans lequel nous nous trouvons risque, en revanche, de rester plus impénétrable que le vivant. Nous ignorons jusqu’où il faudra progresser pour aller jusqu’au bout des questions : les particules supposées élémentaires le sont-elles vraiment ? N’ont-elles d’autre réalité que probabiliste ? Pourquoi la matière émerge-t-elle du vide ? Qu’est-ce que ce vide qui grouille de particules virtuelles et bouillonne d’énergie ? Quel sera le destin final de cet univers ? Comment peut-on même envisager une cause explicative d’un début alors qu’elle serait nécessairement hors du système ? |
L’identité structurelle et fonctionnelle du cerveau humain et des autres cerveaux de vertébrés supérieurs souligne un fait que nous n’acceptons pas sans difficulté : il n’existe pas de nature humaine. Il n’existe qu’une particulière complexité des structures qui autorise nos performances. L’embryon, le fœtus même, ne devient à cet égard que progressivement « humain », au fur et à mesure du développement de son cerveau. Il ne l’est pas avant que celui-ci atteigne un certain niveau de complexité. |
Lewontin, R. C., Rose, S., & Kamin, L. J. (1985). Nous ne sommes pas programmés: Génétique, hérédité, idéologie M. Blanc, R. Forest & J. Ayats, Trans. Paris: Éditions La Découverte. |
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Added by: admin 2008-06-14 17:29:04 |
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La description habituelle de la nature humaine figurant dans les écrits sociobiologiques signifie que les sociobiologistes n’ont pas réussi à faire face aux problèmes fondamentaux de l’analyse du comportement. Ils traitent des catégories telles que l’esclavage, l’esprit d’entreprise, la dominance, l’agression, le tribalisme et la territorialité comme si c’étaient des objets naturels ayant une réalité concrète, et ne s’aperçoivent pas qu’il s’agit de constructions idéologiquement et historiquement conditionnées. Toute théorie de l’évolution de, disons, « l’esprit d’entreprise » dépend de manière critique de savoir si ce concept a une quelconque réalité en dehors de la tête des chercheurs en histoire moderne et en économie politique. |