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de Duve, C. (2013). Sept vies en une: Mémoires d’un prix nobel. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Added by: Dominique Meeùs 2013-01-13 09:54:03 Pop. 0%
      Victimes de tout ce bouillonnement intérieur, mes convictions religieuses n’ont pas résisté à la nouvelle discipline intellectuelle que j’apprenais à m’imposer [la recherche scientifique]. Ce ne fut ni un déchirement, ni une illumination, mais plutôt la simple constatation — qui sautait aux yeux du moment où elle venait à l’esprit — du caractère en même temps humain et anachronique des constructions qui nous étaient présentées comme divinement révélées. Portés par une règle morale admirable fondée sur l’amour, soutenus par leur promesse d’immortalité, des mythes vieux de plusieurs millénaires continuaient à nourrir les aspirations d’une bonne part de l’humanité, désemparée par l’existence du mal et de l’injustice. Le plus gênant pour moi était le manteau d’autorité dans lequel s’étaient progressivement drapés ceux qui, au départ, ne devaient être que les apôtres des enseignements du Christ.
Glashow, S. L. (1997). Le charme de la physique: La recherche des secrets de la matière O. Colardelle, Trans. Paris: Éditions Albin Michel.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2010-10-03 16:36:45 Pop. 0%
      Notre discipline est menacée par le récent divorce entre l’expérimentation et la théorie des particules. Peut-être tout a-t·il commencé avec la chromodynamique quantique, cette théorie apparemment correcte qui sous-tend la structure en quarks des nucléons et la force nucléaire elle-même. Elle n’est pas simplement une théorie mais, ramenée à un cadre raisonnable, c’est l’uniquc théorie. […] La QCD n’est pas la menace que j’ai à l’esprit. Elle n’a pas provoqué de divorce entre l’expérimentation et la théorie, et a même, en fait, permis une coordination et une coopération plus étroites entre expérimentateurs et théoriciens. Mais elle a planté une graine qui a germé ailleurs. Elle suggère, et même affirme, la croyance que l’élégance et l’unicité peuvent être des critères de la vérité. ]e crois en ces critères, mais ils doivent être renforcés par l’expérience. […] Même selon ce critère, la QCD est une science. Mais peut-on en dire autant des supercordes et de leurs semblables ?
     La mécanique quantique est contagieuse, et la gravitation doit être incorporée à son cadre. Certains de mes amis théoriciens estiment avoir découvert la théorie quantique de la gravitation : un système supersymétrique de cordes, formulé dans un espace-temps à dix dimensions. La physique des supercordes s’applique essentiellement aux énergies à jamais inaccessibles, de l’ordre de la masse de Planck. Dans ce contexte, cette théorie est bien unique, et peut même être considérée comme finie et autocohérente. Elle semble capable de décrire les phénomènes de basse énergie que nous observons en laboratoire, mais cela reste difficile à prouver. En principe, elle prédit quelles particules doivent exister. En principe encore, le nombre de paramètres ajustables est ramené à zéro. En pratique cependant, elle n’a encore fait aucune prédiction vérifiable, et il se peut qu’elle n’en fasse pas avant des dizaines d’années. Les théoriciens des cordes se sont tournés vers une harmonie intérieure. Mais peut-on prétendre que l’élégance, l’unicité et la beauté fournissent une définition de la vérité ? Les mathématiques ont-elles supplanté et transcendé l’expérience au point que celle-ci soit devenue inutile ? Les problèmes terre à terre que je nomme la physique, mais qu’eux appellent phénoménologie, se résoudront-ils tout simplement d’eux-mêmes dans un lointain futur ? Tout effort expérimental plus poussé serait-il devenu non seulement difficile et coûteux, mais sans nécessité et hors de propos ? J’ai peut-être exagéré les arguments présentés par les théoriciens des cordes en défense de leur nouvelle version de la théologie médiévale, où les anges sont remplacés par les espaces de Calabi-Yau, mais la menace est toutefois évidente. Pour la toute première fois, il est possible d’imaginer de quelle manière notre noble quête pourrait finir, et comment la Foi pourrait une fois de plus prendre la place de la Science. Personnellement, je reste optimiste. La théorie des cordes va peut-être dominer la théorie fondamentale des cinquante prochaines années, mais seulement au sens où la théorie de Kaluza-Klein l’a fait durant les cinquante dernières. Peut-être faut-il nous tourner vers le passé, afin d’y trouver un guide pour l’avenir.
Lévy, J.-P. (1997). La fabrique de l’homme. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2010-01-02 08:12:20 Pop. 0%
      Les étapes majeures des progrès des cultures paléolithiques se sont donc succédé à des intervalles de centaines d’abord, puis de dizaines de millénaires. Avec les civilisations néolithiques, l’agriculture, l’élevage, la poterie, puis l’emploi des métaux, les villes, l’écriture, et les cultures historiques antiques, tout s’est déroulé beaucoup plus vite, en quelques millénaires, avec des étapes principales séparées de quelques siècles seulement. C’est avec la science que l’accélération suivante s’est produite. Depuis l’Antiquité, ce mot recouvrait le début des mathématiques et de l’astronomie, mais aussi, et pour l’essentiel, de pures spéculations qui n’avaient rien de scientifique, au sens où nous l’entendons. Autour de la Renaissance seulement et au début de l’âge classique, la science devient observation rigoureuse, des corps par l’anatomie ou des planètes par la lunette astronomique, mais elle devient aussi mesures et calculs appliqués à ces mesures. C’est le tournant décisif, le moment de la véritable naissance des sciences.
     C’est aussi celui où se produit un événement capital de l’histoire humaine, dont les conséquences finales restent aujourd’hui encore imprévisibles : la séparation progressive mais inéluctable de la foi et de la raison, que les querelles théologiques des siècles précédents n’avaient abordée que de façon spéculative. Les acquis scientifiques posaient le problème en des termes nouveaux et qui n’allaient cesser de se préciser. Les penseurs de la foi, malheureusement, ont manqué du génie qu’il leur aurait fallu pour percevoir le prodigieux événement qui s’ébauchait, si bien qu’ils ont stupidement continué à prétendre régenter la raison. Les processus de mutation des idées indispensables au progrès, il est vrai, sont la base de la science, alors que la foi requiert plutôt l’élimination des mutants.
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