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Lévy, J.-P. (1997). La fabrique de l’homme. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2010-01-02 08:12:20 Pop. 0%
      La parole est d’or
     Le langage articulé est une authentique particularité humaine, bien plus que l’outil par exemple, qu’on invoque souvent à ce titre mais que les chimpanzés utilisent et fabriquent déjà, au moins de façon rudimentaire. Certes, ils disposent aussi de quelques dizaines de sons correspondant à des messages très simples, mais ils n’ont pas de syntaxe. Ce n’est peut-être qu’une question de possibilité de vocalisation, et il est probable que les structures qui permettent la parole s’ébauchent déjà avant l’homme, puisqu’il semble qu’au moins un bonobo, qui serait notre plus proche cousin longtemps confondu avec le chimpanzé, ait pu acquérir une syntaxe rudimentaire et quelques centaines de mots, d’un langage symbolique. L’homme, lui, peut naturellement émettre des milliers de messages différents et les associer de façon quasi infinie, pour transmettre des informations d’une extrême complexité. À une seule condition toutefois : qu’il ait pu imiter d’autres humains.
     Selon toute vraisemblance, cette capacité est récente dans notre famille. Les préhominiens, et même les premiers membres du genre Homo, ne disposaient pas d’un larynx situé comme le nôtre et associé à une chambre supralaryngée leur permettant de moduler les sons, avec le concours de la langue et des lèvres, comme nous le faisons. L’homme de Neanderthal, pourtant très proche de nous, n’avait pas seulement une région préfrontale beaucoup plus petite que la nôtre, ce qui limitait ses performances intellectuelles, il avait aussi un larynx en position sensiblement différente. Cette position devait lui permettre de respirer et de boire en même temps, ce qui nous est impossible, mais du coup il ne pouvait probablement pas moduler les voyelles. Seuls les derniers néanderthaliens auraient commencé à pouvoir le faire. Il est donc vraisemblable que nos prédécesseurs, il n’y a que quelques dizaines de milliers d’années, cent mille ans peut-être, ne pouvaient pas vraiment parler. C’est avec les changements de la face, qui ont entraîné aussi des modifications de la disposition du larynx, que le langage articulé est devenu possible. Et c’est la sélection, au cours de l’évolution, de cerveaux de plus en plus performants, capables d’utiliser une parole diversifiée, qui a fait l’Homo sapiens sapiens. Cette sélection très progressive n’a pu s’effectuer que grâce aux interactions réciproques de la pensée, d’abord élémentaire, et de la parole, qui va finalement perfectionner la pensée en lui fournissant un instrument de symbolisation et une syntaxe, ce qui multiplie massivement ses possibilités.
Zaslawsky, D. (1982). Analyse de l’être: Essai de philosophie analytique. Paris: Les Éditions de Minuit.  
Added by: Dominique Meeùs 2010-11-24 22:55:22 Pop. 0%
      Mais ce que ce dernier [le linguiste] ajoute à la version philosophique de cette solution [certains adjectifs ne se disent que de certaines choses], c’est l’idée — empruntée en fait, à l’origine, aux logiciens — que Chomsky a traduite par les mots « restriction de sélection », et qui consiste à considérer la question sous son aspect purement combinatoire : étant donné une structure propositionnelle comme celle de la prédication, qui est déjà fortement « contrainte » au point de vue syntaxique puisqu’elle exige (et dans cet ordre) un substantif, le verbe « être » et un adjectif, faudra-t-il encore, pour obtenir une phrase sensée, respecter d’autres règles, qui ne pourront être, précisément, que des restrictions imposées au choix des substantifs et des adjectifs qu’on voudra associer les uns aux autres ? Tout ce qui vient d’être dit montre que tel est bien le cas : le langage est régi par des contraintes qui ne sont pas seulement formelles et syntaxiques, mais qui touchent aussi le contenu sémantique des formes ; si bien que, même lorsque l’ensemble des règles syntaxiques ont été suivies, il reste encore à prendre garde à des contraintes sémantiques qui viendront limiter le nombre et la nature des combinaisons possibles.
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