Lachelier, J. (1907). Du fondement de l’induction: Suivi de psychologie et métaphysique et de notes sur le pari de pascal 5th ed. Paris: Félix Alcan, éditeur. |
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Last edited by: Dominique Meeùs 2009-07-13 07:44:31 |
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Quant à l’autorité d’Aristote, elle est beaucoup moins décisive sur ce point qu’elle ne semble au premier abord. Il est évident, en effet, qu’Aristote n’a pas admis sérieusement que l’homme, le cheval et le mulet fussent les seuls animaux sans fiel, ni qu’il fût possible, en général, de dresser la liste complète des faits ou des individus d’une espèce déterminée : le syllogisme qu’il décrit suppose donc, dans sa pensée, une opération préparatoire, par laquelle nous décidons tacitement qu’un certain nombre de faits ou d’individus peuvent être considérés comme les représentants de l’espèce entière. Or il est visible, d’une part, que cette opération est l’induction elle-même et, de l’autre, qu’elle n’est point fondée sur le principe d’identité, puisqu’il est absolument contraire à ce principe de regarder quelques individus comme l’équivalent de tous. Dans le passage cité, Aristote (n.d) garde le silence sur cette opération : mais il l’a décrite, dans la dernière page des Analytiques, avec une précision qui ne laisse rien à désirer. « Nous percevons, » dit-il, « les êtres individuels : mais l’objet propre de la perception est l’universel, l’être humain, et non l’homme qui s’appelle Callias. » Ainsi, de l’aveu même d’Aristote, nous ne concluons pas des individus à l’espèce, mais nous voyons l’espèce dans chaque individu ; la loi n’est pas pour nous le contenu logique du fait, mais le fait lui-même, saisi dans son essence et sous la forme de l’universalité. L’opinion d’Aristote sur le passage du fait à la loi, c’est-à-dire sur l’essence même de l’induction, est donc directement opposée à celle que l’on est tenté de lui attribuer. |
Lefebvre, H. (1962). Le matérialisme dialectique 5th ed. Paris: Presses universitaires de France. |
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Last edited by: Dominique Meeùs 2011-10-22 14:16:45 |
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La contradiction absolue serait le déchirement absolu, l’anéantissement immédiat. Une contradiction absolue dans une chose, ou bien entre la pensée et les choses, rendrait impossible toute activité immanente et toute pensée. La contradiction, comme le néant, est relative : à une affirmation, à un degré de l’être, à un moment du développement. Dans la nature, elle est extériorité ; dans la vie, rapport de l’individu à l’espèce, etc. Il n’est donc pas question pour Hegel de détruire le principe d’identité. Au contraire : toute contradiction est relative à une certaine identité. Réciproquement, l’unité est unité d’une contradiction. L’unité sans contenu, sans « moments » multiples et contradictoires, est vide. Mais la contradiction comme telle est intolérable ; l’unité dialectique n’est pas confusion des termes contradictoires comme tels, mais unité qui traverse la contradiction et se rétablit à un niveau supérieur. La contradiction est déchirement et destruction interne, arrachement de l’être à lui-même, fécondation à travers le devenir, l’anéantissement et la mort ; mais l’unité exprime et détermine l’apparition de l’être nouveau, le Troisième Terme. Jamais l’unité ne peut complètement rejeter hors d’elle la négation et le néant relatifs ; mais dans la mesure où elle lutte contre la contradiction et triomphe en surmontant les moments contradictoires, en les maintenant en soi, dans cette mesure naît un être nouveau plus élevé. Le principe d’identité devient ainsi concret et vivant. |