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Baudelot, C., Establet, R., & Toiser, J. (1979). Qui travaille pour qui ? Paris: Librairie François Maspero.  
Added by: Dominique Meeùs 2010-10-29 00:20:22 Pop. 0%
      Qui travaille pour qui ?
     21 millions de travailleurs ont dépensé en 1971 leur énergie sous des formes diverses : en transformant la matière, en dirigeant la production, en permettant le rassemblement des capitaux, en commercialisant des marchandises, en soignant des malades, en enseignant les mathématiques, en acheminant le courrier…
     Peut-on prendre une mesure d’ensemble de l’utilisation finale de cette énorme dépense de forces humaines ? À quels usages économiques et sociaux ont été consacrés les différents produits du travail de ces 21 millions d’actifs ? À quelles grandes fonctions de la vie économique et sociale ces énergies humaines ont-elles été affectées, et dans quelles proportions ? Combien de travailleurs, quels travailleurs ont consacré leur énergie à fournir les biens de luxe ? à accroître les patrimoines immobiliers ? à arrondir les fortunes privées ?
     Combien de travailleurs, quels travailleurs, ont été nécessaires pour assurer à chacun de quoi refaire ses forces, jour après jour ?
     Et la main-d’œuvre mobilisée par l’État, à quoi, à qui sert-elle au bout du compte?
     Les besoins de chaque classe sociale s’enracinent dans ce que la vie professionnelle a de plus profond ; en retour, la demande qui en résulte oriente le travail humain et contribue à donner à l’appareil de production son allure générale : une population active taillée, en définitive, à la mesure des exigences des classes les plus puissantes.
     À partir des données de la comptabilité nationale et sur la base des méthodes des comptabilités sociales en temps de travail, les auteurs de La petite bourgeoisie en France remettent en chantier l’analyse des classes sociales.
     La question posée : Qui travaille pour qui ? n’est pas une question gratuite, ce n’est pas non plus un chapitre supplémentaire à ajouter à la sociologie des inégalités dans notre pays. C’est une façon d’analyser les liens entre la production et la consommation, l’économique et le social telle que soient mis au jour les rapports obscurs mais profonds qui relient l’appareil de production au sens large et les classes sociales, telles qu’elles existent en France aujourd’hui.
Bunge, M. (2008). Le matérialisme scientifique S. Ayache, P. Deleporte, É. Guinet & J. Rodriguez Carvajal, Trans. Paris: Éditions Syllepse.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2017-04-01 21:24:07 Pop. 0%
      Les définitions les plus populaires du concept de matière proposées dans le passé sont inadéquates. Les entités matérielles ne peuvent pas être identifiées aux objets massifs, encore moins aux objets solides, depuis la découverte de champs sans masse, tels que les champs électromagnétiques et les champs de neutrinos. […]
     Inspirons-nous de la science contemporaine, selon laquelle les objets matériels, à la différence des objets idéaux, sont changeants […].
     Nous pouvons donc caractériser un objet matériel comme un objet qui peut être dans au moins deux états différents, de telle sorte qu’il peut passer de l’un à l’autre. […]
     On pourrait objecter que les âmes désincarnées, telles qu’elles ont été postulées par Platon et Descartes, et les fantômes que l’on dit hanter les châteaux écossais, sont changeants et cependant immatériels […]
Changeux, J.-P. (2002). L’homme de vérité M. Kirsch, Trans. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2016-05-30 21:00:01 Pop. 0%
      Si énigmes et problèmes subsistent […] cela ne devrait pas nous dissuader de nous intéresser en particulier à ce que Voltaire appelait la « matière pensante ». Bien au contraire. Car la chimie du cerveau ne présente guère d’ambiguïté à cet égard. Elle est constituée des mêmes éléments que la matière inorganique, et ceux-ci sont assemblés de façon à former des molécules organiques.
      Des composants chimiques élémentaires aux assemblées supra-macromoléculaires, la cellule nerveuse se construit. De proche en proche et d’un niveau à l’autre, sa matière s’organise, du niveau moléculaire aux niveaux supérieurs cognitifs.
Garaudy, R. (1953). La théorie matérialiste de la connaissance. Paris: Presses universitaires de France.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2010-11-28 12:02:45 Pop. 0%
      Notons d’abord que le matérialisme ne nie nullement l’existence de l’esprit. La pensée existe. La matière existe. Il ne s’agit pas de « réduire » la pensée à la matière, mais de montrer que la matière est la réalité première et l’esprit la donnée seconde.
     Le matérialisme vulgaire, c’est-à-dire mécaniste, fait cette confusion. Vogt écrivait que « la pensée est dans le même rapport avec le cerveau que la bile avec le foie ou l’urine avec le rein ». Cette formule de la « sécrétion » de la pensée par le cerveau est proprement absurde et aussi inintelligible que la formule hégélienne de « l’aliénation » de l’idée qui engendrerait la nature, ou que la formule théologique de la Création du monde par l’Esprit.
     Dans les deux cas — celui de l’idéalisme et de la théologie, ou celui du matérialisme mécaniste — on rend incompréhensibles les rapports de la pensée et de la matière. Par opposition symétrique à un idéalisme qui prétend tirer la matière de la pensée, le matérialisme vulgaire réduit la pensée à des phénomènes mécaniques, physiques ou physiologiques, ou ne fait d’elle qu’un « épiphénomène ».
     […]
     La tâche de la théorie matérialiste de la connaissance ce sera de montrer que la pensée est issue de la matière mais nullement identique à elle.
Lévy, J.-P. (1997). La fabrique de l’homme. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2010-01-02 08:12:20 Pop. 0%
      Qu’est-ce qui pense ?
     C’est dans le cerveau que naît la pensée, on le sait depuis l’Antiquité. Certes, Aristote, comme les Amérindiens et bien d’autres, la localisait dans le cœur, mais Platon et les médecins, Hippocrate ou Galien, n’avaient pas d’hésitation quant à sa localisation cérébrale. Mais qu’est-ce qui pense ? Et en quoi l’acte de penser consiste-t-il dans le cerveau ? C’est si peu évident que le dualisme cartésien (une âme qui pense, dans un corps qui fait le reste) continue de traduire la vision la plus habituelle des humains, leur conception intuitive, et cela dans les cultures les plus diverses. Il est clair, pourtant, que cette idée revient à évacuer le problème dans le surnaturel sans chercher à le résoudre. Or ce que la neurobiologie nous montre à l’évidence aujourd’hui, c’est que la matière pense, et elle seule. Un monisme matérialiste est la seule conception scientifiquement fondée désormais, et les progrès rapides de la connaissance dans ce domaine, s’ils laissent encore bien des points d’incertitude, n’en permettent pas moins d’aborder en termes biologiques ce que l’on a longtemps cru hors du champ scientifique. Les décennies qui viennent seront probablement révolutionnaires à cet égard et marqueront, du même coup, une étape majeure dans la culture de l’humanité. Majeure, et pas facile à accepter par tous !
      Le moi n’est apparemment que la perception d’un état neural, strictement présent, intégrant l’état actuel du corps et toutes les informations mémorisées sur ce corps, sur ses interactions avec le monde et même sur ses projets, qui sont en fait des souvenirs du futur possible. Il est non seulement lié au présent mais en permanence en train de se modifier au gré du présent. Quand je dis « moi », je me réfère à un ensemble d’informations sur ma machine, pour l’essentiel inconscientes, dont une fraction émerge, ou plus précisément vient juste d’émerger à ma conscience, dans un passé très récent que j’appelle « le présent ». Et ces informations vont se modifier avec ce présent

Où suis-je ? Que suis-je ? Suis-je un ou deux ?
     L’ambiguïté du moi, c’est qu’en même temps qu’il se perçoit comme corps il se ressent aussi comme quelque chose d’autre, qui en serait prisonnier. Le dualisme, l’idée d’un corps habité par un esprit, est naturel et universel. Il est à l’origine de toutes les religions. Et pourtant, tout le monde constate l’évidence de la dégradation de l’esprit avec celle du cerveau, voire de son anéantissement dans un corps atteint de la maladie d’Alzheimer, par exemple. Où serait un esprit autonome dans cette machine dont la pensée est morte ? Mais l’esprit qui se pense lui-même se place naturellement hors de son objet au cours de ce processus, il ne peut donc pas s’assimiler à la machine biologique qui le produit. L’esprit (ou l’âme, si l’on préfère) est un ensemble d’informations de la machine, sur le monde et sur elle-même, qui proviennent exclusivement de ses circuits de neurones, et sont mortelles avec eux.
     […]
     Je me pense, donc je suis. Où ? Je suis entièrement inscrit dans mon cerveau, dans un langage dont les symboles sont des réseaux activables de neurones, avec des synapses renforcées qui donnent des préférences à certains de ces réseaux, ou plutôt à certaines de leurs associations. Pourtant, le dualisme continue à obséder une grande partie des humains, même ceux qui s’occupent de sciences cognitives. Or toute la pensée ne peut venir que de la matière, du corps. Comme l’écrit Edelman, « l’esprit est un processus d’un type particulier qui dépend de certaines formes particulières d’organisation de la matière », ou encore : « Darwin avait raison : c’est la morphologie qui a donné l’esprit. Et sur ce point Wallace, qui pensait que la sélection naturelle ne pouvait pas rendre compte de l’esprit humain, avait tort. Quant à Platon, il n’avait même pas tort : il était tout simplement à côté de la question. »
     C’est peut-être le permanent remaniement de l’esprit, c’est-à-dire du cerveau, qui le produit, qui donne cette impression de localisation de la pensée hors du corps. Mon moi, « je », est un gigantesque ensemble d’informations sur le monde, mais aussi sur moi, et sur moi dans le monde. Certaines de ces informations, le noyau dur interne, sont celles de l’espèce, génétiquement transmises dans mes cerveaux anciens et à peu près inaltérables, elles font mon humanité élémentaire et mes limites. D’autres, implantées solidement, sont en particulier les acquis de ma formation depuis l’enfance, ancrés dans mon cortex mais bien contrôlés par mes circuits limbiques, avec leurs connotations affectives et leur sentiment de vérité. Elles sont, pour cela, difficiles à faire évoluer. D’autres encore, plus récentes, issues de mon néocortex, se greffent sans cesse sur cet ensemble, comme une surface bouillonnante, infiniment changeante. Étant donné son remaniement permanent sous l’effet de sa propre activité, le cerveau n’est totalement le même que dans l’instant. Sous l’influence du monde extérieur, du corps, ou de son propre bouillonnement intérieur, une information particulière émerge à la conscience et, prise en compte par le cerveau lui-même qui l’a produit, elle va du même coup le modifier. Nous sommes en permanent devenir.
Zapata, R. (1988). La philosophie russe et soviétique. Paris: Presses universitaires de France.  
Last edited by: admin 2011-08-15 08:58:49 Pop. 0%
      Paradoxalement, ce fut dans le terrain de bataille des bolchévisateurs, c’est-à-dire leur interprétation étroite de Matérialisme et empiriocriticisme de Lénine, que surgirent les premiers obstacles à la nouvelle ligne philosophique.
     À première vue, les discussions épistémologiques qui avaient lieu à l’époque en Occident sur la théorie de la relativité et la mécanique quantique offraient un terrain de choix aux bolchévisateurs pour mettre à l’épreuve leur interprétation des thèses de Lénine concernant l’étude de la matière. Les physiciens russes, pour leur part, avaient déjà depuis longtemps engagé leurs recherches dans le cadre des théories d’Einstein, et cela malgré la campagne des mécanistes contre la théorie de la relativité. Au cours des années 30, lorsque s’amorce le débat entre Einstein et l’École de Copenhague à propos de la mécanique quantique, ils sont sans doute plus préoccupés par les aspects mathématiques et scientifiques de ces discussions que par leurs conséquences épistémologiques.
     Lorsque les bolchévisateurs, A. A. Maksimov en tête, lancent encore une fois en 1932 le mot d’ordre d’un « remaniement global des sciences de la nature » et taxent Einstein, Schrödinger, Heisenberg et Bohr d’ « idéalistes de l’espèce machiste » et d’ « ennemis déclarés du matérialisme dialectique », ils ne s’attendaient sûrement pas à une réaction négative des physiciens. Mais ceux-ci ont réagi d’une façon claire et même agressive. Dès 1933, I. E. Tamm publie un article cinglant dans Pod Znamenem Markizma dans lequel il dénonce le fait que « le vrai mal, c’est que la grande majorité des représentants de la philosophie marxiste dans notre pays, qui travaillent dans le domaine de la physique et les domaines annexes, ne comprennent tout simplement plus la situation actuelle dans la science contemporaine ». Et en 1934, lors d’une séance de l’Académie communiste consacrée au vingt-cinquième anniversaire de la publication de Matérialisme et empiriocriticisme, des physiciens de renom international comme A. F. Ioffe et S. I. Vavilov n’hésitent pas à défendre le principe d’indétermination de Heisenberg, que les bolchévisateurs considéraient le comble de l’idéalisme, puisqu’il remettait en cause tous les schémas classiques de la causalité en physique.
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