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Bunge, M. (2008). Le matérialisme scientifique S. Ayache, P. Deleporte, É. Guinet & J. Rodriguez Carvajal, Trans. Paris: Éditions Syllepse.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2017-04-01 21:24:07 Pop. 0%
      Les définitions les plus populaires du concept de matière proposées dans le passé sont inadéquates. Les entités matérielles ne peuvent pas être identifiées aux objets massifs, encore moins aux objets solides, depuis la découverte de champs sans masse, tels que les champs électromagnétiques et les champs de neutrinos. […]
     Inspirons-nous de la science contemporaine, selon laquelle les objets matériels, à la différence des objets idéaux, sont changeants […].
     Nous pouvons donc caractériser un objet matériel comme un objet qui peut être dans au moins deux états différents, de telle sorte qu’il peut passer de l’un à l’autre. […]
     On pourrait objecter que les âmes désincarnées, telles qu’elles ont été postulées par Platon et Descartes, et les fantômes que l’on dit hanter les châteaux écossais, sont changeants et cependant immatériels […]
Changeux, J.-P. (1984). L’homme neuronal 5th ed. Paris: Fayard.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2011-01-02 15:35:12 Pop. 0%
      Les sciences de l’homme sont à la mode. On parle et on écrit beaucoup, que ce soit en psychologie, en linguistique ou en sociologie. L’impasse sur le cerveau est, à quelques exceptions près, totale. Ce n’est pas un hasard. L’enjeu paraît beaucoup trop important pour cela. Cette négligence délibérée est cependant de date relativement récente. Est-ce par prudence ? Peut-être craint-on que les tentatives d’explication biologique du psychisme ou de l’activité mentale ne tombent dans les pièges d’un réductionnisme simpliste ? Alors on préfère déraciner les sciences humaines de leur terreau biologique. Conséquence surprenante : des disciplines au départ « physicalistes », comme la psychanalyse, en sont venues à défendre, sur le plan pratique, le point de vue d’une autonomie quasi complète du psychisme, revenant à leur corps défendant au traditionnel clivage de l’âme et du corps.
Lévy, J.-P. (1997). La fabrique de l’homme. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2010-01-02 08:12:20 Pop. 0%
      Les limites
     Dans cet univers infini où notre place ne cesse de se restreindre et nos explications traditionnelles de s’effondrer, nous prenons conscience de l’incapacité humaine à totalement expliquer le monde, sans pouvoir espérer d’autres intelligences une future révélation. Ce n’est pas la connaissance du vivant qui sera l’obstacle. Les réponses aux questions que son existence soulève sont proches, quand elles ne sont pas déjà acquises. La vie est explicable de bout en bout, même si nous ne pouvons dire exactement aujourd’hui comment elle s’est initialement formée. La logique des scénarios possibles nous est connue, si bien que nous pourrons probablement progresser vers une certitude, même si nous ne parvenions pas à les reproduire en laboratoire. La pensée, dans la compréhension de ses mécanismes intimes, nous pose de difficiles questions, mais tout permet de croire que leur résolution est désormais engagée. L’âme humaine fabriquée par le cerveau, imparfaite et mortelle, ne devrait plus nous poser de problème : chacune certes restera singulière, mais nous savons pourquoi. Il n’existe même pas à proprement parler de nature humaine puisque nous n’avons fait que poursuivre l’exploitation de fonctions apparues avant nous. Tout cela ne nous prive en rien, pourtant, de notre dignité et des devoirs que notre humanité nous impose, si nous acceptons de considérer notre situation objective.
      L’univers dans lequel nous nous trouvons risque, en revanche, de rester plus impénétrable que le vivant. Nous ignorons jusqu’où il faudra progresser pour aller jusqu’au bout des questions : les particules supposées élémentaires le sont-elles vraiment ? N’ont-elles d’autre réalité que probabiliste ? Pourquoi la matière émerge-t-elle du vide ? Qu’est-ce que ce vide qui grouille de particules virtuelles et bouillonne d’énergie ? Quel sera le destin final de cet univers ? Comment peut-on même envisager une cause explicative d’un début alors qu’elle serait nécessairement hors du système ?
      Le moi n’est apparemment que la perception d’un état neural, strictement présent, intégrant l’état actuel du corps et toutes les informations mémorisées sur ce corps, sur ses interactions avec le monde et même sur ses projets, qui sont en fait des souvenirs du futur possible. Il est non seulement lié au présent mais en permanence en train de se modifier au gré du présent. Quand je dis « moi », je me réfère à un ensemble d’informations sur ma machine, pour l’essentiel inconscientes, dont une fraction émerge, ou plus précisément vient juste d’émerger à ma conscience, dans un passé très récent que j’appelle « le présent ». Et ces informations vont se modifier avec ce présent

Où suis-je ? Que suis-je ? Suis-je un ou deux ?
     L’ambiguïté du moi, c’est qu’en même temps qu’il se perçoit comme corps il se ressent aussi comme quelque chose d’autre, qui en serait prisonnier. Le dualisme, l’idée d’un corps habité par un esprit, est naturel et universel. Il est à l’origine de toutes les religions. Et pourtant, tout le monde constate l’évidence de la dégradation de l’esprit avec celle du cerveau, voire de son anéantissement dans un corps atteint de la maladie d’Alzheimer, par exemple. Où serait un esprit autonome dans cette machine dont la pensée est morte ? Mais l’esprit qui se pense lui-même se place naturellement hors de son objet au cours de ce processus, il ne peut donc pas s’assimiler à la machine biologique qui le produit. L’esprit (ou l’âme, si l’on préfère) est un ensemble d’informations de la machine, sur le monde et sur elle-même, qui proviennent exclusivement de ses circuits de neurones, et sont mortelles avec eux.
     […]
     Je me pense, donc je suis. Où ? Je suis entièrement inscrit dans mon cerveau, dans un langage dont les symboles sont des réseaux activables de neurones, avec des synapses renforcées qui donnent des préférences à certains de ces réseaux, ou plutôt à certaines de leurs associations. Pourtant, le dualisme continue à obséder une grande partie des humains, même ceux qui s’occupent de sciences cognitives. Or toute la pensée ne peut venir que de la matière, du corps. Comme l’écrit Edelman, « l’esprit est un processus d’un type particulier qui dépend de certaines formes particulières d’organisation de la matière », ou encore : « Darwin avait raison : c’est la morphologie qui a donné l’esprit. Et sur ce point Wallace, qui pensait que la sélection naturelle ne pouvait pas rendre compte de l’esprit humain, avait tort. Quant à Platon, il n’avait même pas tort : il était tout simplement à côté de la question. »
     C’est peut-être le permanent remaniement de l’esprit, c’est-à-dire du cerveau, qui le produit, qui donne cette impression de localisation de la pensée hors du corps. Mon moi, « je », est un gigantesque ensemble d’informations sur le monde, mais aussi sur moi, et sur moi dans le monde. Certaines de ces informations, le noyau dur interne, sont celles de l’espèce, génétiquement transmises dans mes cerveaux anciens et à peu près inaltérables, elles font mon humanité élémentaire et mes limites. D’autres, implantées solidement, sont en particulier les acquis de ma formation depuis l’enfance, ancrés dans mon cortex mais bien contrôlés par mes circuits limbiques, avec leurs connotations affectives et leur sentiment de vérité. Elles sont, pour cela, difficiles à faire évoluer. D’autres encore, plus récentes, issues de mon néocortex, se greffent sans cesse sur cet ensemble, comme une surface bouillonnante, infiniment changeante. Étant donné son remaniement permanent sous l’effet de sa propre activité, le cerveau n’est totalement le même que dans l’instant. Sous l’influence du monde extérieur, du corps, ou de son propre bouillonnement intérieur, une information particulière émerge à la conscience et, prise en compte par le cerveau lui-même qui l’a produit, elle va du même coup le modifier. Nous sommes en permanent devenir.
      Les idées forment les individus, les lient entre eux et assurent parfois leur survie
     Les cerveaux se modifient au rythme de leur absorption d’idées nouvelles. C’est ainsi qu’ils se forment depuis l’enfance et toute leur vie. C’est ainsi qu’ils échangent aussi leurs informations et progressent, faisant à leur tour progresser les idées, au gré des mutations qu’elles subissent parfois chez eux. Les idées sont la res cogitans de Descartes, distincte de la res extensa mais produite par elle et qui n’existe pas sans elle. Elles font les cerveaux et pourtant ne peuvent vivre sans eux : comme le demandait un Indien dans un roman de J. Harrison, Dalva : « Que deviennent les histoires, quand il n’y a personne pour les raconter ? » Ce qui est important, c’est que ce commensal permanent de nos cerveaux est ce qui les lient les uns aux autres. Sans l’échange des idées, il n’y aurait pas de société humaine, inversement sans elle, qui assure la pérennité et l’évolution des idées, il n’y aurait pas de cerveaux humains. C’est pourquoi chaque homme est un composant de sa société dont il ne peut être dissocié. Chaque individu, certes, est unique, et la qualité d’un cerveau tient en partie à sa capacité à être rationnellement lui-même, mais il ne peut l’être qu’à l’intérieur d’un cadre que sa culture lui trace. Il est essentiellement une accrétion d’idées, parmi lesquelles très peu appartiennent en propre au porteur, s’il en est. Elles lui viennent du réseau de cerveaux auquel il appartient, mais leurs associations sont chaque fois différentes et leur utilisation chaque fois modulée par la part émotionnelle et passionnelle de ce cerveau.
     Si rien du corps n’a des chances de persister après la mort et si aucune âme immortelle ne s’en échappera pour poursuivre son existence, la survie des idées, elle, est une évidence. Quel que soit l’individu, le souvenir qui en subsiste, tant que ceux qui l’on connu vivent, est en grande partie celui des idées qui l’habitaient. Elles sont en général banales, mais forment pourtant des combinaisons originales. C’est ce qui assure aussi la survie à long terme de certains êtres dont la production mentale a marqué d’autres cerveaux et quelquefois toute l’humanité. Il n’est pas d’autre survie, et celle-là est le plus souvent anonyme, mais elle est de mieux en mieux assurée depuis quelques milliers d’années : depuis que les idées se sont stabilisées elles-mêmes, en nous amenant à créer le dessin et l’écriture, ces mémoires accessoires capables de les conserver, même si meurent les cerveaux.
Meulders, M. (2001). Helmholtz: Des lumières aux neurosciences. Paris: Éditions Odile Jacob.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2013-01-13 09:03:35 Pop. 0%
      Il [Leibniz] développe dans son œuvre de nombreux concepts qui sont d’ailleurs repris plus ou moins modifiés par Herder dans la seconde moitié du 18e siècle, et ensuite par le mouvement romantique allemand et la Naturphilosophie, d'où leur intérêt ici.
     Tout repose sur le concept métaphysique de monade, intuition majeure de Leibniz, qu’il décrit avec une concision et une économie de moyens aussi impressionnante que dogmatique : « Substance simple, c’est-à-dire sans parties... véritables atomes de la Nature, en un mot les Élemens des choses » (§ 1 et 3 de la Monadologie).
     Les monades ne peuvent être créées ou annihilées que par Dieu ; elles ne peuvent pas agir sur l’extérieur ou être influencées de l’extérieur : « Les monades n’ont point de fenêtres, par lesquelles quelque chose y puisse entrer ou sortir » (§ 7). Les monades sont différentes les unes des autres et le changement qui survient continuellement dans chacune d’elles s'explique par un principe exclusivement interne. Ce principe interne est appelé appétition, ce qui exprime l’effort de la monade pour se transformer dans le sens d'une perfection croissante (§ 15) : la monade apparaît donc comme une force (Kraft, dans la dynamique leibnizienne) et comme un point d'énergie unissant matière et esprit.
     Malgré ses transformations successives portant sur une fraction d’elle-même, chaque monade garde pourtant son identité propre, ce qui préserve son invariance : c’est le principe, important pour Leibniz, de continuité. Ce principe lui permit par ailleurs de jeter les bases du transformisme, qui fut ultérieurement si précieux à Goethe dans ses tentatives de comprendre l’histoire de la Terre et de ses changements géologiques, comme une succession progressive de formes naturelles.
     Dans la vision de notre philosophe, tout être vivant, homme ou animal, constitue un ensemble ou une communauté de monades, dont chacune répond à la définition rappelée plus haut. Il lui fallait donc résoudre aussi l’important problème des relations des monades entre elles dans chacune de ces communautés. Puisque la monade dépend exclusivement de Dieu, dit-il, c’est en Lui-même que s’élaborent la communication et les liens de dépendance des monades entre elles (§ 51). L’harmonie de l’ensemble est ainsi préétablie en Dieu (§ 51-55), pour le meilleur dans la Cité divine (§ 86). Leibniz a lui-même comparé Dieu à un horloger très habile qui aurait une fois pour toutes réglé ses monades horloges, lesquelles sont indépendantes les unes des autres, mais sonnent néanmoins toujours ensemble, réalisant « l’harmonie préétablie par un artifice préalable »... parallélisme psychophysiologique avant la lettre, et que le psychophysicien Fechner développa plus tard, dans la période du savoir romantique.
     Chaque monade individuelle, « point d’énergie », est une Âme (§ 19), mais l’ensemble des monades d’un être vivant donné sont reliées substantiellement à l’une d’entre elles, qui devient la monade dominante et donc l’Âme de l’homme ou de l’animal. Ceci préfigure le concept d’organisme, si cher aux philosophes romantiques.
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