Lévêque, C. (2011). La nature en débat: Idées reçues sur la biodiversité. Paris: Le Cavalier Bleu. |
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Added by: Dominique Meeùs 2014-02-26 09:14:56 |
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Plusieurs concepts de l’écologie scientifique, sous des formes nuancées, sont basés sur l’idée d’équilibre de la nature. Certes désacralisée, l’idée d’une nature immuable reste encore vivace. On parle souvent d’équilibre et de stabilité des écosystèmes, avec en contrepoint l’idée que les perturbations d’origine anthropique créent des « déséquilibres », et que le système retrouve son état antérieur quand la perturbation s’arrête. Même si l’équilibre de la nature n’existe pas, nous aimons croire qu’il en est ainsi. Il est vrai que sur de courtes périodes, on peut avoir l’impression d’une certaine stabilité. |
Le discours « prêt-à-penser » concernant la biodiversité, tel qu’il est diffusé par des groupes militants, s’appuie sur une représentation de la nature de type « Paradis perdu ». Les expressions « équilibre de la nature » ou « harmonie de la nature » reviennent fréquemment dans les propos qui tendent à dénoncer les exactions de l’homme. En bref, la nature se porterait très bien si l’homme ne venait pas la perturber… Les scientifiques eux-mêmes parlent fréquemment du « bon état » des écosystèmes (une expression difficile à définir) ou de systèmes de référence avant perturbation. L’idée qu’il existerait une nature idéale reste très ancrée dans les esprits. L’équilibre de la nature et le créationnisme trouvent leur origine dans la religion judéo-chrétienne. Selon la Bible c’est Dieu qui a créé le monde. Une croyance bien ancrée dans l’esprit des scientifiques aux 17e et 18e siècles. Linné lui-même s’était donné pour objectif d’inventorier l’œuvre de Dieu. Cette nature, créée par Dieu, est nécessairement harmonieuse, en équilibre et immuable (le « balance of nature » des Anglo-Saxons). Elle s’organise comme un tout structuré et hiérarchisé. |