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Weber, M. (2001). Économie et société dans l’antiquité: Précédé de les causes sociales du déclin de la civilisation antique C. Colliot-Thélène & F. Laroche, Trans. Paris: Éditions La Découverte.  
Last edited by: Dominique Meeùs 2011-08-15 07:01:07 Pop. 0%
      … hommes étaient bon marché, et ils l’étaient à cause des caractéristiques des guerres constantes de l’Antiquité. La guerre, dans l’Antiquité, est en même temps une chasse aux esclaves : elle ne cesse de faire des apports au marché d’esclaves et favorise de façon inouïe le travail non libre et l’accumulation des hommes. Cela condamna l’activité libre à l’immobilisme et la fixa au stade du travail salarié sans capitaux pour une clientèle locale [auf der Stufe der besitzlosen Kunden-Lohnarbeit]. Cela empêcha le développement, entre des entrepreneurs libres utilisant un travail salarié libre, d’une concurrence pour la vente sur le marché et, ce faisant, la prime économique qui va à toute découverte qui économise le facteur travail, comme cela se fit à l’époque moderne. Dans 1’Antiquité, au contraire, le poids économique du travail non libre dans l’οἶκος croît régulièrement. Seuls les propriétaires d’esclaves peuvent, en divisant le travail des esclaves, satisfaire leurs besoins et augmenter leur niveau de vie. Seule l’entreprise esclavagiste est en mesure, au-delà de la satisfaction de ses besoins intemes, de produire de plus en plus pour le marché.
      … dans l’Antiquité, le développement du commerce international s’accompagne de la concentration de travail non libre dans la grande maison [Haushalt] esclavagiste. Sous une superstructure d’économie de marché se glisse et se développe incessamment une infrastructure où les besoins sont satisfaits sans faire appel au marché : les concentrations d’esclaves absorbent constamment des êtres humains, dont les besoins sont couverts, pour l’essentiel, non par le marché mais par leur production propre. Plus se développent les besoins de la couche supérieure propriétaire d’esclaves et s’étend le marché qu’ils créent, plus les échanges perdent en intensité, plus ils se réduisent à un mince filet qui s’étale sur un fond d’économie naturelle : ses mailles s’affinent sans doute, mais ne cessent de s’amenuiser du même mouvement. […] Dans l’Antiquité, le commerce intemational laisse prospérer les οἶκος, qui enlèvent à l’économie de marché locale son sol nourricier.
      L’incorporation dans le monde romain de grands territoires continentaux (l’Espagne, la Gaule, l’Illyrie, les pays danubiens) renforça de façon décisive la signification du travail non libre pour la civilisation romaine. Le centre de gravité démographique de l’Empire se déplaça vers l’intérieur des terres. De ce fait, la civilisation antique tenta de changer de scène : de civilisation côtière, elle essaya de devenir une civilisation continentale. Elle s’étendit à un énorme espace économique, mais où, même après des siècles, elle ne put, de loin, assurer la circulation des biens et la satisfaction des besoins par une économie monétaire, à la manière de ce qui s’était fait sur les côtes de la Méditerranée. Si, ainsi qu’il a été dit, le commerce interrégional antique ne représentait, même sur les côtes, qu’une pellicule mince et qui allait s’amincissant, à plus forte raison les mailles du réseau commercial devaient-elles se relâcher substantiellement à l’intérieur des terres. Là, les progrès de la civilisation par voie de la division libre du travail grâce au développement d’un commerce intensif étaient, en l’état, une impossibilité absolue. Seule la montée d’une aristocratie foncière, assise sur la propriété des esclaves et la division non libre du travail dans le cadre de l’οἶκος, permettait une intégration progressive dans l’aire culturelle méditerranéenne. Bien plus encore que sur les côtes, le trafic continental infiniment plus coûteux dut se limiter d’abord exclusivement à satisfaire les besoins de luxe d’une couche supérieure propriétaire d’esclaves ; de même, seule une mince couche de grandes entreprises esclavagistes était en mesure de dégager un surplus commercialisable [Absatzproduktion].
     Le propriétaire d’esclaves devint ainsi le support économique de la civilisation antique, et l’organisation du travail des esclaves constitua le fondement indispensable de la société romaine.
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