Le physicien idéaliste Jordan (1944) dans son ouvrage La physique du 20e siècle montre avec fierté que sa conception du monde assure la « liquidation du matérialisme » et « garantit un espace vital à la religion sans entrer en conflit avec la pensée scientifique » (p.160). Il explique au chapitre intitulé « Philosophie de la science » : « Étant donné la nature abstraite des schèmes scientifiques, qui ne sont même pas complets, il est évident que les sciences de la nature ne peuvent pas porter de jugement sur les doctrines spécifiquement métaphysiques comme la doctrine des agents surnaturels sur les événements naturels (ibid.) » Eddington, dans son livre La nature du monde physique, proclame : « On pourra peut-être dire, comme conclusion à tirer de ces arguments fourmis par la science moderne, que la religion est redevenue acceptable pour un esprit scientifique raisonnable. » Quant à Bertrand Russel, qui n’a cessé d’user de la théorie de la connaissance comme d’une arme politique, il avoue plus crûment que tout ce que les savants ont écrit en faveur de la religion, ils ne l’ont pas fait en tant que savants, mais en tant que citoyens « effrayés par la guerre de 1914-1918 et la révolution russe qui lui a succédé » et désireux de « défendre la vertu et la propriété » (Russell, 1947, p.97). |