S
i l’un de ces feux rares et insolites de forme apparait dans le ciel, chacun veut savoir ce que c’est, oublie les autres corps célestes, ne s’intéresse plus qu’à l’intrus, ignore s’il doit admirer ou craindre. Il ne manque pas de gens, en effet, qui jettent l’alarme et affirment le sens redoutable du phénomène. Aussi vous presse-t-on de questions : on veut savoir si c’est un prodige ou un astre...
Le temps viendra où une étude attentive et poursuivie pendant des siècles fera le jour sur ces phénomènes de la nature. À supposer qu’elle se donnât tout entière à la connaissance du ciel, une seule vie ne suffirait pas à de si vastes recherches, d’autant plus que nous partageons très inégalement entre le vice et l’étude le petit nombre d’années dont nous disposons ! Pour résoudre tous ces problèmes, il faudra de longues successions de travailleurs. Le temps viendra où nos descendants s’étonneront que nous ayons ignoré des choses si manifestes... L’homme viendra un jour qui expliquera dans quelles régions courrent les comètes, Pourquoi elles s’écartent autant des autres astres, quelles sont leur grandeur et leur nature. Soyons satisfaits de ce que l’on a déjà découvert et permettons à nos descendants d’apporter aussi leur contribution à la connaissance de la vérité.
Sénèque, Questions naturelles, livre VII.
Cité dans [Laloup 1960], p. 39.