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Le monde selon Dominique

Nous pouvons voir et toucher des choses matérielles. La nature, le monde, l’univers est constitué de matière, c’est-à-dire ce dont les physiciens s’efforcent de rendre compte en parlant d’énergie, d’atomes, de protons, neutrons et électrons, de particules élémentaires. On ne peut concevoir ou considérer les particules élémentaires en dehors de leur interaction. Le monde est fait (sous réserve de considérations ultérieures sur l’écart entre le monde et nos théories) de particules en interaction. Le monde est donc aussi fait d’organisations de particules comme les objets célestes, ou les tables et les chaises, ce que nous appelons des choses. (Organisation, c’est l’action d’organiser mais ça se dit aussi du résultat : dans la société, on dit une organisation pour une institution.) Avant cela, il y a les atomes (des différents corps simples) et les molécules de ces corps et de leurs combinaisons. Certains corps comme le carbone donnent lieu, dans certaines conditions de température et de pression, à des combinaisons stables très complexes (c’est le domaine de la chimie dite organique). Des combinaisons de telles combinaisons, des combinaisons de molécules organiques, donnent des organismes capables de se reproduire. C’est la vie (*). Les organismes vivants interagissent avec le milieu. Certains développent des cellules spécialisées pour ce travail, ce sont les cellules nerveuses qui, reliées l’une à l’autre, véhiculent d’un organe à l’autre les signaux reçus du monde extérieur et les réactions de l’organisme. Dans certains organismes, les circuits nerveux convergent vers un amas central de cellules nerveuses où les signaux sont transformés, enregistrés, associés, redistribués. De tels organismes ne se contentent pas de réagir au contact du monde, ils construisent des représentations des parties du monde avec lesquelles ils sont en contact. Il y a en cette matière de grandes différences entre les espèces. (Le lapin et le chat sont deux mamifères grosso modo du même gabarit, mais le chat est infiniment plus intelligent que le lapin.) Une espèce animale particulière, l’espèce humaine, a porté cette capacité de conscience du monde à un niveau très élevé, sans aucune comparaison avec les autres animaux. C’est au point que que ces êtres humains ont une conscience claire d’eux-mêmes et de leur relation avec les autres et avec le monde : il peuvent dire « je » ou « moi ». On les appelle des « personnes ». 

Ces personnes pensent et communiquent entre elles par le langage. Les hommes ont acquis avec le langage un moyen de mettre leurs idées en commun pour coordonner leur action (comme la chasse) devant des nécessités communes (se nourrir). Le langage, la possibilité de mettre des idées en commun et de les accumuler (surtout avec l’écriture) ont fait de l’homme un animal encore plus social que les autres. Les hommes s’organisent en société, se donnent des règles (où se les voient imposer par certains). Tout ce bagage d’idées et ces relations et organisations sociales font toujours partie du monde de la nature.

Bref, les quarks, neutrinos ou autre particules dont parlent les physiciens ne pensent pas mais nous sommes arrivés, sans sortir du cadre de cette description de la matière, à des êtres pensants. Il serait imprudent de dire que la matière pense, mais les êtres pensants ne sont que de la matière. Ce sont des organisations matérielles pensantes. Il y a donc bien un seul univers, le monde matériel, et rien d’autre à côté. (Même si la pensée et le social ont une certaine spécificité et méritent un autre traitement que la physique. On en reparlera.)

(*) Lire à ce sujet, au minimum, l’interview du professeur Christian de Duve dans Solidaire. Si vous aimez lire et si vous avez une certaine curiosité scientifique lisez de lui, À l’écoute du vivant, Odile Jacob, Paris, 2002 (ISBN : 2738111661). Il y a eu une édition de poche en 2005 (même éditeur, ISBN : 2738116299).

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