Dominique Meeùs
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Engels et la science
Esquisse d’un essai à développer.
Au 19e siècle, la science est dominée par la mécanique de Newton et les idées sont très mécanistes. Engels arrive cependant à dépasser et à combattre le mécanisme. Engels s’appuie sur les découvertes de la géologie et de la biologie qui donnent au monde une dimension historique.(*) « Le frottement des marées », « Kant et Thomson-Tait », « La rotation de la terre et l’attraction de la lune », Dialectique de la nature, Éditions sociales. Engels retrouve cette dimension historique dans l’héritage newtonien lui-même :
Ainsi, le monde des corps célestes « immuables » animés « éternellement » de mouvements elliptiques (presque circulaires), que ce soit celui des philosophes grecs ou de la mécanique newtonienne, ce monde a lui-même, en réalité, une histoire évolutive, non cyclique.
Engels perçoit l’importance de trois découvertes scientifiques de son
siècle :
(*) « Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme », Dialectique de la nature, Éditions socialesAvec Marx, Engels se préoccupe de la relation entre l’homme et son environnement naturel. Engels mentionne les dégâts durables causés par la déforestation (*). Pour eux, la richesse vient de la nature et de l’homme par son travail.
(**) Par mouvement, Engels entend toutes les formes de changement : les transformations, les interactions, l’évolution et aussi, bien sûr le mouvement au sens ordinaire de changement de lieu, de mouvement mécanique. Cette unité philosophique du changement et du mouvement remonte à Aristote.Engels est frappé par la désacralisation de la chimie organique : on peut synthétiser des matières que l’on pensait d’un autre ordre et ça le conforte dans sa conception matérialiste du vivant. Cela rend absurde d’opposer ce qui est « naturel » d’une part, à, d’autre part, ce qui est « artificiel », « industriel ». Il s’agit des mêmes lois de la physique et de la chimie. Il entrevoit l’unité de la matière, de l’inerte jusqu’à l’être pensant. Il souligne en même temps que le développement de la science modifie notre conception de la matière. Fondamentalement, philosophiquement, la matière c’est le mouvement (**), (***) Cette idée est reprise par Lénine dans Matérialisme et empiriocriticisme.mais c’est la science en progrès qui nous dit ce que ça signifie dans le détail (***).
Engels considère que Marx a fait deux percées fondamentales. Marx et Engels ont travaillé étroitement ensemble et on peut dans une certaine mesure y associer Engels.
Engels situe donc bien ainsi leur contribution dans les sciences humaines. Dans les sciences humaines, ils auront souvent recours à des analogies biologiques.
Après des études secondaires, Engels a été envoyé par son père en stage dans une entreprise de Manchester. Il n’a pas fait d’études supérieures. Ses connaissances scientifiques, il les a acquises en autodidacte par ses propres efforts. Les connaissances de Marx et Engels en sciences sont celles de gens cultivés de leur époque. Le 19e siècle voit une grande accélération du progrès de la science et beaucoup de choses acquises par les savants qui sont sur le front de la science qui se fait ne sont pas tout de suite appropriées par les scientifiques de seconde zone et a fortiori par le public même cultivé. Il est donc normal de rester sous l’influence de conceptions qui, formellement, chronologiquement, sont dépassées. En physique, longtemps après Galilée, persistent toujours certaines conceptions aristotéliciennes. (i) Jean Dieudonné (dir.), Abrégé d’histoire des mathématiques 1700-1900, vol. 1, p. 341-344.En mathématiques, Cauchy a donné une formulation logique rigoureuse au calcul différentiel (i), mais d’autres continuent à se perdre dans des considérations intuitives sur les infiniment petits et des manuels dépassés sont toujours utilisés.
(ii) Engels admirait Danton qui a dit : « il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ».Engels, avec les moyens qu’il a, qu’il sait limités, se lance avec courage, avec audace (ii), dans la bataille des idées, par exemple pour réfuter Dühring. On a assez fait l’inventaire des occasions où Engels a énoncé des erreurs. Il est plus utile de relever deux difficultés :
On peut laisser la conclusion à Richard Levins et Richard Lewontin qui dédicacent The Dialectical Biologist (1985) : « To Frederick Engels, who got it wrong a lot of time but who got it right where it counted. »