Dominique Meeùs
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642.
La direction de la FGTB refuse d’emboîter le pas aux manifestations pour la paix

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Mia De Vits indique que maintenant que la guerre est devenue un fait, la FGTB ne peut pas se contenter de soutenir le mot d’ordre « Stop à la guerre »12. Et son président François Janssens a prononcé ces paroles douteuses : « La défense de la paix est un idéal, la défense de la démocratie une priorité13. » Autrement dit, la direction de la FGTB accrédite la version perfide des « alliés » selon laquelle une agression militaire est nécessaire pour arrêter Saddam, « le nouvel Hitler », et rétablir « le droit international ». Une plaisanterie sinistre dans la bouche de ceux qui violent le plus le droit international, ceux qui disposent de la plus grande machine de guerre de tous les temps. Ils ont collaboré à l’assassinat d’Allende et porté Pinochet au pouvoir. Ils ont armé les contras pour briser le régime populaire sandiniste du Nicaragua. Ils soutiennent et protègent aujourd’hui les dictateurs du monde entier, Mobutu au Zaïre, le roi Hassan II au Maroc, le roi Fahd d’Arabie saoudite ; tant que ceux-ci défendent leurs intérêts, pas de crainte à avoir. Mais dès le moment où l’un d’entre eux ose prendre parti contre l’impérialisme et se dire nationaliste, il devient un « tyran », un « dictateur », un « nouvel Hitler »… Avant-hier c’était Nasser en Égypte, Lumumba au Congo et Allende au Chili, hier Ortega au Nicaragua et Noriega au Panama, et demain peut-être Fidel Castro à Cuba. En tant que syndicat, il faudrait pourtant savoir que quiconque combat le capitalisme ou l’impérialisme de manière conséquente devient victime des campagnes mensongères les plus haineuses de la part de l’ennemi. Cela n’a-t-il pas été le lot d’Arthur Scargill, pendant et après la grande grève des mineurs britanniques de 1984-1985 ? Et même, dans une certaine mesure, de la FGTB ? Il y a à peine dix ans, la presse belge s’en est prise à la « dictature rouge » de Georges Debunne et à la « terreur » de ses piquets de grève. Son crime ? Il s’était opposé au blocage de l’index.

Il n’y a pas si longtemps, le Congrès FGTB a voté « pour un juste prix des matières premières » en accusant les entreprises multinationales de « se moquer de l’indépendance politique » du tiers monde. « Que signifient ces déclarations, si on se range ensuite sans réserve derrière la guerre menée par les mêmes multinationales ? Nous ne pouvons pas considérer cette guerre au départ d’un anti-impérialisme primaire », dit Robert Voorhamme, président de l’interrégionale flamande de la FGTB14. Une façon civilisée de prêter un soutien « primaire » au nouvel ordre international de Bush ? Deux heures après le déclenchement de l’offensive sur l’Irak, Bush déclarait : « Nous avons maintenant la chance, pour nous-mêmes et les générations futures, d’établir un nouvel ordre mondial, un monde où le droit sera le credo des nations et non plus la loi de la jungle. C’est pour bien plus qu’un baril de pétrole que nous sommes là. Nous déterminons l’avenir des cent prochaines années15. » La direction de la FGTB souhaite-t-elle confier le sort du monde entre les mains de Bush ou soutenir les centaines de millions de victimes de cet ordre mondial ?

La sociale-démocratie européenne fait son choix : elle se place derrière le président américain et les monopoles mondiaux. Avec quelques accents propres, bien entendu, pour la défense des intérêts européens dans la région, après la guerre. Ce n’est pas le rôle du syndicat de suivre cette ligne, mais bien de se placer dans le camp de la paix et de la lutte anti-impérialiste. Le bureau de la FGTB a déclaré vouloir travailler à la lutte contre le racisme, qui a le vent en poupe depuis la guerre. Cette lutte ne peut être menée que si on comprend la position des masses populaires arabes et qu’on se bat fermement contre la propagande de guerre chauviniste pro-occidentale. C’est l’unique façon de s’en prendre à la racine du racisme.

Notes
12.
BRT, Aktueel, 18 janvier 1991.
13.
Le Soir, 24 janvier 1991.
14.
Syndicats, 29 septembre 1990.
15.
Le Monde, 19 janvier 1991.
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