Dominique Meeùs
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21.
Le développement des forces productives

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La conception marxiste du progrès technologique est double. D’une part, il faut reconnaître les opportunités réelles de la nouvelle technologie : le progrès technologique offre à l’homme de nouvelles possibilités de maîtriser la nature et de l’utiliser pour le progrès général, pour la satisfaction des besoins matériels et spirituels. D’autre part, l’utilisation de la technologie et la direction dans laquelle elle se développe sont déterminées par le caractère du système social. C’est l’aspect principal de la contradiction. La technologie n’est pas « neutre », n’est pas au-dessus des classes. Elle est appliquée par la classe dirigeante pour servir ses intérêts propres et pour maintenir l’exploitation.

Il est essentiel de comprendre ce dernier point si l’on veut dévoiler les nombreuses illusions, la « nouvelle mythologie », créées autour de la nouvelle technologie. Ce carrousel d’illusions se dessine à différents niveaux.

1o Les nouveaux secteurs technologiques offriraient une solution aux problèmes de crise auxquels est confronté le capitalisme depuis le début des années 70. La nouvelle technologie offrirait une issue macro-économique, méritant de ce fait la collaboration de tous les « partenaires sociaux ».

2o Les nouvelles méthodes de production technologiques permettraient la mise en place de l’atelier idéal, où l’élan créateur de l’ouvrier et de l’employé pourrait s’épanouir pleinement. Cette perspective micro-économique mettrait fin aux conditions de travail abrutissantes du taylorisme et rencontrerait finalement les revendications syndicales en vue d’une valorisation du travailleur dans son lieu de travail.

3o Les nouveaux gadgets technologiques créeraient une société qui dépasserait les contradictions de classes. Après la révolution agraire et la révolution industrielle, une société postindustrielle verrait le jour, dans laquelle la liberté individuelle serait élevée au statut de principe géoéconomique.

Cette nouvelle mythologie s’étend à tous les terrains de la science, elle a ses prophètes en vogue, qui affirment tous la même chose : les « anciens schémas et dogmes » doivent être rejetés2. Une raison supplémentaire d’apprendre à connaître ces « anciens schémas », avec un intérêt renouvelé.

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Notes
2.
Nous pensons ici plus particulièrement à Prigogine (prix Nobel belge) dans le domaine de la philosophie, qui combat le matérialisme sur base d’une « nouvelle » conception des sciences naturelles ; à Alvin Toffler dans le domaine de la sociologie, auteur de La troisième vague : Le nirvana de la société postindustrielle) et à Fukuyama dans le domaine de l’économie, qui a fait la une dans toute la presse mondiale avec sa référence à la « fin de l’histoire »).
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