Dominique Meeùs

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733.
Laisser une porte entrouverte

Il est plus qu’invraisemblable que l’ensemble de la direction syndicale puisse être convaincue de la nécessité d’éliminer l’exploitation capitaliste. Si nous jugeons qu’une petite partie d’entre eux appartient à la bourgeoisie, cela signifie aussi que nous considérons cette couche comme des opposants inébranlables de la libération des travailleurs. Cette part des dirigeants sera certainement disposée à une collaboration de classe extrême. Dans le passé, cela s’est traduit par la collaboration avec le fascisme, la chasse aux forces révolutionnaires et combatives et la collaboration avec les services policiers pour sauver le système.

Mais nous devons également avoir à l’esprit que ce camp n’est pas choisi une fois pour toutes par une grande partie de l’appareil syndical et même par une partie de la direction. Tracer une ligne de démarcation de classe entre la bourgeoisie d’un côté et la petite-bourgeoisie ou l’aristocratie ouvrière de l’autre implique l’idée que le second groupe ne restera pas insensible à la pression de la base, qui ne manquera certainement pas de grandir. Certains d’entre eux se détourneront de cette voie sans issue et soutiendront la classe ouvrière de manière plus ou moins conséquente dans sa lutte de libération. D’autres rallieront la bourgeoisie. On ne peut pas déterminer où se tracera la ligne de démarcation dans l’avenir, c’est la lutte qui tranchera. En France, après la Seconde Guerre mondiale, l’aile réformiste de la CGT ne trouvait plus de majorité pour imposer sa vision du monde dans l’organisation. C’est ainsi que ses dirigeants ont rompu l’unité et se sont séparés pour fonder Force ouvrière. En revanche, les différents courants politiques, qui s’exprimaient pour un syndicalisme radical de classe, ont créé la nouvelle CGT en 1948.