Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
La majorité des dirigeants syndicaux nationaux a dans le passé invariablement opté pour la bourgeoisie et rien ne prouve qu’il en sera autrement dans l’avenir. Les forces progressistes et révolutionnaires feraient mieux de ne pas sous-estimer cette servilité au système. C’est une illusion de croire que la direction syndicale gagnera automatiquement en fermeté, une fois que la lutte se fera plus forte. À propos des conclusions qu’il faut en tirer, Lénine a écrit, il y a soixante-dix ans : « Les mencheviks d’Occident se sont bien plus solidement “incrustés” dans les syndicats, et une “aristocratie ouvrière” corporative, étroite, égoïste, sans entrailles, cupide, philistine, d’esprit impérialiste, soudoyée et corrompue par l’impérialisme y est apparue bien plus puissante que chez nous. Cela est indiscutable. [… La lutte contre ces gens] doit être impitoyable et il faut absolument la pousser jusqu’à déshonorer complètement et faire chasser des syndicats tous les incorrigibles leaders de l’opportunisme et du social-chauvinisme. Il est impossible de conquérir le pouvoir politique (et il ne faut pas essayer de prendre le pouvoir) aussi longtemps que cette lutte n’a pas été poussée jusqu’à un certain degré5… »
Ce « certain degré », précise Lénine, est dépendant de la situation objective, du rapport de force et varie donc selon le pays. L’expérience démontre que, quand la lutte de classes prend des formes plus aiguës, les masses poussent leurs propres dirigeants et que d’autres soi-disant « dirigeants » sont écartés. L’élimination du secrétaire de droite de la CMB gantoise Van Assel a été décidée unanimement à un Congrès statutaire en 1987. Pendant des années, le secrétaire de la CMB d’Anvers, John Vanden Eynde, a mené une véritable terreur contre tout ce qui était combatif, jusqu’à ce qu’il soit hué pendant la grève au chantier naval de Boel Tamise en 1981. Après la grève des mines de 1986 et de 1987, Baeyens, le secrétaire de la Centrale FGTB des mines, a tenté de prendre sa revanche en éliminant quatre délégués de gauche. Il a dû faire marche arrière à la suite d’une occupation des locaux syndicaux et il s’en est fallu de peu qu’il ne soit lui-même écarté en juin 1987. Houthuys lui aussi se retrouva souvent en difficultés à la fin de son mandat. Il fut à plusieurs reprises désavoué par le Conseil général de la CSC, qui lui reprocha son comportement rampant comme porte-parole du gouvernement et sa démission fut exigée dans différentes motions de groupes de base de la CSC. Il va de soi que le syndicat ne peut que se renforcer en se séparant de personnages qui n’ont rien à y faire. Écarter des éléments idéologiquement ou matériellement corrompus est une bonne chose.