Dominique Meeùs

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La CSC se réfère aux positions de l’ACW et du MOC

L’ACW, plus proche du CVP que le MOC ne l’est du PSC, a dès le départ donné à l’Irak la responsabilité de la crise, cachant ainsi qu’il s’agissait d’une agression, préparée depuis 1988 par les États-Unis contre un petit pays du Sud. L’ACW a soutenu à fond la stratégie de l’embargo. Mais l’embargo n’est-il pas une autre manière d’imposer la volonté impérialiste ? N’est-il pas meurtrier lui aussi et n’a-t-il pas servi de prétexte à l’envoi de troupes, de bateaux, d’avions et de missiles qui ont détruit par après l’Irak ? Le 16 janvier, jour du déclenchement de la guerre, Luc Delanghe, secrétaire général de l’ACW déclarait : « Notre condamnation morale de la guerre ne signifie pas que nous voulons agir politiquement sans voir la situation concrète en face. La Belgique a un lien international avec d’autres pays à travers les Nations Unies, l’OTAN et l’Union de l’Europe occidentale (UEO). Notre pays doit contribuer, selon sa part dans le cadre des Nations Unies, à sauvegarder l’autorité de cette organisation. À travers l’OTAN nous protégeons notre propre sécurité et nous avons le devoir d’intervention en cas de menace contre un allié. » » Donc finalement, soutien à la guerre.

Le MOC n’est pas allé si loin. Dans une déclaration du 17 janvier, son Bureau se dit profondément choqué par le déclenchement de la guerre dans le Golfe ». Il tient à réaffirmer qu’il condamne tant l’invasion du Koweït par l’Irak que le recours à la guerre comme solution aux problèmes politiques. D’autres méthodes de solution du conflit doivent être trouvées entre autres par la négociation sous l’égide de l’ONU ». Cette tentative de se mettre « au-dessus de la mêlée » n’est pas positive pour plusieurs raisons. D’abord on omet d’indiquer le vrai caractère du conflit, c’est-à-dire une agression du Nord contre le Sud. Ensuite, on refuse de se mettre du côté de l’Irak qui défendait son indépendance nationale dans une des guerres les plus cruelles depuis la Seconde Guerre mondiale. Et finalement on pèche par un excès de confiance en l’ONU, alors que tout observateur quelque peu lucide a pu remarquer qu’elle était devenue un instrument dans les mains des États-Unis. Manifestement, cette position du MOC était un compromis entre des positions contradictoires. Ainsi a-t-on vu au sein du mouvement ouvrier chrétien (JOC, Équipes populaires, CSC…) plusieurs positions dénonçant bel et bien la vraie nature de cette guerre. Nous donnons ici deux exemples de la CSC. Un journaliste d’Info-CSC écrivait le 31 août 1990 : « Les Américains et les pays occidentaux ont par le passé été très loin d’être les défenseurs modèles du droit international, pour que nous leur donnions un blanc-seing aujourd’hui. Il est même plus que probable que, guerre ou pas, les Américains, entre autres, s’installent durablement dans la région pour en contrôler les fabuleuses richesses pétrolières. Il est de notre devoir de dénoncer les stratégies d’intérêts. Il est de notre devoir de dénoncer les causes réelles de la crise. […] On peut parler d’un conflit Nord-Sud à propos de cette crise. D’autres conflits Nord-Sud se préparent pour demain si rien n’est fait pour poser la question de la dette et du développement. » Et Albert Carton, secrétaire national de la CNE lors d’un Conseil National de sa centrale le 23 février 1991 : « Cette guerre est la première manifestation globale du rapport Nord-Sud militarisé. […] La défense de la monarchie koweïtienne et des autres monarchies de la péninsule Arabique est nécessaire pour maintenir la formidable stabilité du système pétrolier anglo-américain. L’enjeu de la guerre est de confirmer et de protéger les pétromonarchies. Les pétromonarchies sont les marionnettes nécessaires pour apporter des pétrodollars aux États-Unis. »