Dominique Meeùs

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623.
Élection démocratique des représentants syndicaux à tous les niveaux

Il s’agit d’une mesure visant à renforcer les liens avec les masses, à permettre une appréciation régulière du travail accompli, à augmenter la force de mobilisation du syndicat. Plus les masses ont confiance dans leurs représentants, plus le syndicat pourra se dresser comme un seul homme. Des élections libres et démocratiques sont une contre-offensive adaptée à l’offensive patronale de collaboration de classe, menée au moyen du « management participatif » et des « cercles de qualité ». (Voir le paragraphe 227.) Les forces combatives ne craignent pas un tel jugement, contrairement aux forces de droite. Il s’agit aussi, dans le fond, d’une question de confiance dans la volonté de lutte et la capacité de jugement des masses.

La revendication première et la plus importante doit être l’élection annuelle, libre et démocratique, des délégués syndicaux. Libre signifie que chaque syndiqué peut être candidat pour son syndicat. Démocratique signifie que tous les ouvriers et travailleurs participent à l’élection des délégués, puisque la délégation syndicale représente tous les travailleurs. Cela implique que le résultat des votes est respecté pour le choix du délégué principal et des délégués permanents. Une élection annuelle, plutôt qu’une élection tous les quatre ans, rendrait plus régulière la discussion de l’orientation suivie ainsi que de celle à suivre, ce qui aurait pour conséquence que les masses seraient plus intensément liées au débat puisqu’elles pourraient le suivre de plus près. La direction syndicale, certainement en Flandre, est la plupart du temps opposée à une telle élection directe et démocratique de la délégation syndicale, parce qu’elle veut conserver le contrôle sur « qui représente le syndicat ». Les ouvriers raisonnent de manière inverse : ils veulent que le syndicat « les » représente.

Les représentants syndicaux au conseil d’entreprise et au comité de sécurité et d’hygiène doivent également être élus d’une manière libre et démocratique. Ce qui implique : inscription libre sur les listes, poll parmi les affiliés pour déterminer l’ordre des places sur la liste électorale, participation à l’élection de tous les travailleurs, avec droit au panachage (vote sur les listes de différents syndicats).

Non seulement les fonctions de base, mais aussi les plus hauts niveaux du syndicat doivent être composés démocratiquement.

Les responsables principaux des centrales, des régionales et l’ensemble du Bureau exécutif national doivent être désignés par l’élection directe des affiliés. Cela signifie que les candidatures sont libres et que les affiliés peuvent régulièrement les démettre.

Les autres responsables sont choisis lors de Congrès selon le principe de la démocratie échelonnée. Mais ici aussi les candidatures doivent être libres, et les participants au Congrès démocratiquement désignés parmi les affiliés.

La démocratie syndicale doit pouvoir s’exercer dans les services publics de la même manière que dans le secteur privé. Cela signifie l’élection régulière pour toutes les fonctions syndicales, comme décrit ci-dessus.

Ces élections démocratiques à tous les niveaux sont une bonne garantie d’un syndicalisme fort vis-à-vis du patronat. Elles créent des liens de confiance entre travailleurs et syndicats et sont la meilleure garantie contre la bureaucratisation, contre toutes les formes de routine et de situation figée. Les exemples de travail plus démocratique à l’étranger sont édifiants. En Grande-Bretagne, les « shop stewards » (délégués) sont élus chaque année par assemblée générale à main levée. Chaque affilié est électeur et éligible. Les shop stewards sont en premier lieu les représentants des masses et en second lieu ceux du syndicat. C’est pourquoi ils disposent de plus d’autonomie et de droits qu’en Belgique. Au sein du NUM (le syndicat des mineurs britanniques), le président et les secrétaires généraux sont élus directement par la base. En Norvège aussi, les délégués sont élus chaque année par les masses.