Dominique Meeùs

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524.
Délégués combatifs et révolutionnaires

Les révolutionnaires ont leur propre conception de la société et de la stratégie à adopter, pour lesquelles ils se battent dans les entreprises, les organisations ouvrières. Ils ont des classes et de l’appareil d’État capitaliste une conception qui fonde leur conviction que le capitalisme ne peut être anéanti autrement que par la voie révolutionnaire. Beaucoup d’éléments combatifs, dans les syndicats, partagent certaines de ces idées sans être complètement d’accord avec la stratégie globale. Il existe, dans les deux syndicats, un large courant dont le dénominateur commun est : le syndicalisme de combat. On pourrait aussi l’appeler syndicalisme de classe : la lutte de classe est la base d’une large unité syndicale et elle constitue la plate-forme pour laquelle se battent les syndicalistes combatifs. Les deux tendances se renforcent mutuellement, car elles s’opposent toutes deux à la conciliation de classes, à l’intégration dans le système capitaliste et aspirent à une société sans exploitation. On a souvent essayé d’opposer le syndicalisme révolutionnaire au syndicalisme de combat en présentant l’activité des militants communistes comme une « politique de chapelle » ou comme la défense « d’intérêts partisans ». Les syndicalistes combatifs savent que le travail opiniâtre des militants syndicaux formés dans le marxisme leur est d’un soutien précieux. On a déjà souvent constaté que le syndicalisme de combat tient mieux le coup quand il peut s’appuyer sur des délégués conscients, qui ont une alternative et une perspective à proposer.

Les ouvriers et autres travailleurs les plus conscients de leur classe doivent viser à radicaliser le syndicat de par en bas. Les masses attendent, en premier lieu, de leurs délégués syndicaux qu’ils défendent leurs intérêts de manière conséquente. Les positions des délégués sont souvent d’une importance primordiale pour le déclenchement et l’issue du combat. Leurs points de vue en matières sociales et politiques (par exemple la lutte contre le racisme) ont un impact direct sur les masses. Ils sont les mieux placés pour donner des explications, combattre les idées fausses. Les délégués sont tous les jours en contact avec les ouvriers et les employés et sont donc constamment confrontés aux attentes et aux désirs de la base. S’ils n’en tiennent pas compte, ils sont exposés aux pressions des masses et risquent tôt ou tard de perdre leur crédit. Enfin, ce sont aussi les seuls éléments qui peuvent arracher des changements significatifs au sein des structures syndicales. Aucun dirigeant syndical ne peut tenir longtemps contre la volonté des délégués de la base.

Il y a deux façons de renforcer le syndicalisme de combat. Parfois, les délégués en place peuvent être convaincus de l’impasse du réformisme et être gagnés au syndicalisme de combat ou à une attitude révolutionnaire. Des délégués, impliqués dans de grands mouvements de lutte, peuvent rapidement évoluer s’ils assimilent correctement leurs expériences. Des délégués qui ont totalement perdu la confiance des masses doivent être remplacés. On ferait d’énormes progrès si les masses pouvaient s’exprimer librement à ce sujet, par l’élection véritablement démocratique des délégués syndicaux. L’appui des masses est d’ailleurs la force unique et fondamentale capable d’assainir le syndicat de l’intérieur et de lui insuffler un nouvel esprit de classe.