Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
On reproche parfois au PTB « d’abuser » du syndicat pour servir sa propre politique. Est-ce abuser du syndicat que défendre une attitude de classe ? Comment qualifier alors le fait que certains dirigeants syndicaux participent à l’élaboration de la politique gouvernementale ? Que certains dirigeants syndicaux répètent comme des perroquets les arguments patronaux sur la compétitivité, la modération et le sens des responsabilités ? Qu’ils les imposent par des méthodes souvent bien peu démocratiques ? Le PTB travaille au renforcement des syndicats d’une manière correcte. (C’est-à-dire en respectant les décisions prises démocratiquement et en respectant les règles d’une organisation de masse.) On ne peut en dire autant de ceux qui excluent les forces les plus radicales, qui les persécutent, les font mettre dehors par le patronat et portent par là même atteinte à l’âme du syndicat.
Le PSC et le PS sont des partis bourgeois qui visent en tout premier lieu le maintien du système et, dans le cadre de ce système, admettent, dans une plus ou moins grande mesure, des « réformes ». À condition toujours de ne pas toucher à l’essence même, au marché libre (autre terme pour une dictature de la minorité). C’est pourquoi ils agissent inévitablement dans le cadre de pensée et dans les limites de l’économie capitaliste et de l’ordre bourgeois. Leur emprise politique sur les syndicats est un élément essentiel de leur contrôle sur les masses. Ou comme le déclarait à juste titre le ministre SP Van den Bossche : « Un mouvement socialiste sans mouvement syndical est condamné à mort5. »
La lutte entre les partis politiques réformistes et révolutionnaires pour la conquête des masses travailleuses se déroule en premier lieu dans les syndicats. C’est essentiellement par l’intermédiaire des syndicats que les partis réformistes acquièrent un point d’appui au sein des classes travailleuses et le maintiennent. C’est précisément parce qu’ils peuvent s’appuyer sur les syndicats que les dirigeants réformistes ont réussi, à des moments importants, à empêcher la révolution ouvrière et à préserver le pouvoir du capital (comme en 1919 et surtout en 1944-1945). Si l’on ne travaille pas dans les syndicats existants, on abandonne les masses qui y sont organisées aux dirigeants réformistes : c’est une capitulation impardonnable face aux tâches révolutionnaires. Lénine : « Il n’est pas difficile d’être un révolutionnaire quand la révolution a éclaté déjà et bat son plein ; quand tout un chacun s’y rallie… Il est beaucoup plus difficile — et beaucoup plus précieux — de se montrer révolutionnaire quand la situation ne permet pas encore la lutte directe, déclarée, véritablement massive, véritablement révolutionnaire, de savoir défendre les intérêts de la révolution (par la propagande, par l’agitation, par l’organisation) dans des institutions non révolutionnaires, voire nettement réactionnaires, dans une ambiance non révolutionnaire, parmi des masses incapables de comprendre tout de suite la nécessité d’une méthode d’action révolutionnaire6. »
L’importance du travail dans les syndicats existants peut également se mesurer à l’énergie que les éléments de droite dans les directions syndicales déploient pour retirer les mandats aux communistes, voire les exclure. Le soutien actif que les patrons et les services de sécurité leur accordent nous font comprendre que l’implantation communiste dans les syndicats représente un danger pour leur emprise idéologique et organisationnelle sur les travailleurs.