Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
Le dernier rapport de l’OCDE relatif à la Belgique accorde une attention toute particulière aux « graves difficultés structurelles du marché de l’emploi15 ». L’OCDE traduit, une fois de plus, de façon magistrale les souhaits du patronat. Le demi-million de chômeurs effectifs, ou du moins la majorité d’entre eux, ne réintégreront plus jamais le marché de l’emploi. C’est un problème qui se pose avec une insistance croissante. Le taux de chômage de longue durée est de loin le plus élevé de tous les pays de l’OCDE : 77,5 % d’entre eux sont au chômage depuis plus d’un an. De plus, le « taux de rotation » est parmi les plus bas : seulement 2,7 % des chômeurs disparaissent des listes, par mois. Alors que, dans d’autres pays, cette rotation a augmenté en raison de l’amélioration de la conjoncture entre 1983 et 1988, elle a diminué en Belgique. « Les chômeurs de longue durée sont de plus en plus coupés du marché du travail du fait qu’ils perdent les qualifications nécessaires et peut-être même, avec le temps, la volonté de chercher un emploi ; ce sont les travailleurs exclus … » (P. 32.) Pourquoi, dès lors, ne pas les exclure carrément du chômage, demande la voix patronale. Et voilà, en effet, que l’OCDE vient à point nommé avec une étude prouvant l’influence néfaste du droit aux allocations pour une période indéfinie. (Beaucoup plus néfaste que les allocations trop généreuses, affirme l’expert en la matière.) Et de conclure que « la Belgique se distingue toujours par le fait que la durée de ces droits y est pratiquement illimitée ». (P. 34.) « Il sera difficile d’accroître encore le taux de sortie du chômage sans une réforme profonde du système de sécurité sociale et sans une réorientation radicale des interventions sur le marché du travail visant à développer davantage les programmes de recyclage de la main-d’œuvre, au lieu d’assurer une garantie de revenu pendant une durée indéfinie. » (P. 39-40.)
Les objectifs patronaux prennent clairement comme point de départ la pénurie actuelle de main-d’œuvre qualifiée. Le patronat n’espère plus la trouver parmi les chômeurs de longue durée et cette catégorie-là, il la raie donc définitivement de la carte. Le droit à l’allocation pour une période indéterminée est à nouveau en péril. La chasse aux chômeurs de longue durée, qui fut renforcée fin 1990 par le biais de l’article 143, n’est qu’un prélude16. En fait, la rafle menace quelques centaines de milliers de personnes.