Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
Le travail syndical international peut être renforcé à trois niveaux : en établissant des contacts internationaux à la base, en exigeant des facilités de la part des patrons en vue de nouer des contacts internationaux et en renforçant les structures syndicales internationales.
1o Le développement de la solidarité internationale doit passer en premier lieu par des contacts directs à la base. Cette solidarité peut prendre diverses formes : des canaux de communication et d’information internationaux aux fronts de résistance au niveau des secteurs. Un secteur comme celui de l’automobile est dominé par quelques dizaines de groupes, représentés dans presque tous les continents. La stratégie du patronat visant à introduire la flexibilité est la même dans tous les groupes à travers le monde. Le patronat organise la concurrence et tente d’ouvrir une brèche en s’attaquant au point le plus faible, pour étendre ensuite le système au monde entier : Opel-Bochum contre GM-Anvers, Ford-Genk contre Dagenham, Renault-Belgique contre Renault-France, VW-Espagne contre VW-Mexique. Une contre-attaque ne peut s’organiser qu’en établissant des contacts internationaux, pour parvenir à une résistance commune et finalement remporter des victoires sur lesquelles tous les ouvriers pourront s’appuyer.
De même, la meilleure manière d’encourager la solidarité avec la lutte des peuples, c’est d’entrer directement en contact avec la réalité du tiers monde, de fraterniser avec les syndicats progressistes dans le tiers monde, d’écouter les représentants ou les militants des mouvements de libération. Des visites de syndicalistes du tiers monde, des voyages d’études de syndicalistes, des brigades de travail et l’élaboration de projets de solidarité sont d’excellents moyens pour établir ces contacts.
2o Revendications à l’égard des transnationales.
À côté des délégations par filiale, une délégation syndicale internationale devrait fonctionner pour chaque transnationale, de sorte qu’on puisse lancer des mouvements de lutte en commun. La collecte d’informations sur les opérations des transnationales doit s’améliorer sensiblement. La tenue d’au moins un conseil d’entreprise annuel commun par transnationale pourrait y contribuer, ainsi que l’obligation pour les transnationales d’ouvrir leur comptabilité et de communiquer à temps tous leurs projets, qui auront des répercussions pour les autres filiales.
Le patronat investit des sommes colossales pour la communication. La communication syndicale avec les délégations des filiales du monde entier devrait s’établir aux frais des patrons. À cet effet, le groupe transnational devrait payer dans chaque filiale une « cotisation de solidarité » pour un montant de 1 % de la valeur ajoutée. Cette somme, à verser au syndicat, devrait permettre le développement du travail syndical au plan international.
Les transnationales, qui bénéficient de milliards d’aide de la part de l’État et profitent d’exemptions d’impôts, doivent être contraintes à indemniser les travailleurs, si elles manquent à leurs engagements en matière d’emploi. C’est l’enjeu du combat juridique que mènent les ouvrières de Concord Systems à Charleroi depuis 1988, après l’échec de leur combat contre la fermeture de leur entreprise.
3o Le fonctionnement des structures.
La direction syndicale doit prévoir les moyens nécessaires et stimuler des initiatives pratiques en vue de l’organisation de rencontres internationales. Il est aberrant qu’à l’heure actuelle, même au sein de l’Europe, il n’existe toujours pas de réseau de solidarité fonctionnant en permanence. Le mouvement syndical profiterait beaucoup plus d’une « charte de solidarité » que d’une « charte sociale » émanant de la Communauté européenne. Cette charte de combat européenne pourrait se présenter comme suit :
« Face au dumping social, nous nous engageons à un soutien réciproque dans la lutte contre le patronat international :
— en refusant tout transfert de production opéré pour des raisons de dumping social
— en empêchant tout transfert de production en cas de grève ou d’actions dans les filiales du groupe
— en organisant immédiatement des réunions internationales de délégués en cas de conflit avec le patronat
— en lançant des grèves de solidarité avec les mouvements de lutte les plus avancés dans le secteur
— en étant prêt à soutenir chaque action coordonnée au niveau européen pour des revendications précises. »
Enfin, la CGT française — le syndicat européen le plus combatif — devrait être admise sans condition au sein de la Confédération européenne des syndicats (CES).