Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
Les groupes transnationaux appliquent des stratégies mondiales, c’est-à-dire qu’ils répartissent des unités de montage et de production à travers le monde entier, cherchant à profiter des facteurs les plus avantageux : salaires réduits, absence de syndicalisme, niveau de formation des forces de travail. Ce nouveau partage du travail à travers le globe est désigné sous le terme de « globalisation de la production ».
La globalisation de la production adopte diverses formes.
1o La production pour un marché local n’est plus la règle. Les entreprises se spécialisent dans un ou plusieurs produits dont ils approvisionnent le marché mondial. Les organisations par pays sont remplacées par des organisations par produit. Le concept et la méthode de production du modèle GM de l’Opel Kadett, Vauxhall, Astra ont été élaborés en Allemagne. La production se situe en Corée du Sud (où GM partage le contrôle avec le groupe coréen Daewoo) et le véhicule est finalement importé aux États-Unis pour être vendu sous le nom Pontiac Le Mans.
2o La production des pièces détachées peut être répartie sur le globe entier. Les pièces des ordinateurs assemblés à Eindhoven proviennent du Sri Lanka, de Singapour ou de Malaisie.
Par ailleurs, les investissements directs dans les pays du tiers monde sont souvent remplacés par des contrats de sous-traitance à moindre risque. Les entreprises du tiers monde jouent le rôle de fournisseurs à bas prix pour les entreprises d’assemblage dans les pays riches.
L’enchevêtrement du travail de nombreux travailleurs à travers toute la planète, la dépendance vis-à-vis du travail des autres, sont devenus tels que le caractère collectif de la production a pris une dimension sans précédent. Les chaînes de montage d’un seul produit sont disséminées à travers toute la planète. Le fait qu’environ 30 % du commerce mondial s’effectue à l’intérieur même de firmes multinationales, entre les filiales d’un même groupe, le démontre bien11.
La mobilité du capital devient beaucoup plus grande. La production peut être réalisée dans des unités plus petites, peut être transférée plus facilement. Le capital ferme des entreprises, déplace des pions pour un seul motif : le bénéfice. Après l’exode de capitaux vers les pays à bas salaires, comme Taiwan, Singapour, la Malaisie ou le Sri Lanka, un retour vers les pays industrialisés semble se dessiner, où une production flexible et de haute technicité se développe plus facilement. Le « partage international du travail » est en plein mouvement : du point de vue technologique, des projets de production complexes peuvent englober toute la planète. L’impérialisme développe de nouveaux circuits fortement influencés par la technologie et les méthodes de production nouvelles12.
Les normes de la compétitivité sont fixées au niveau mondial par le patronat qui, à cet effet, se base sur les acquis sociaux les moins avantageux et la productivité la plus élevée. De ce fait, les stratégies patronales prennent très vite une dimension mondiale.
La flexibilité, les réformes fiscales, le démantèlement de la sécurité sociale sont mesurés selon des normes internationales, ce qui conduit à un démantèlement en spirale.
Dans les pays les plus riches se développe un secteur marginal, doté des conditions de travail et de rémunération caractéristiques des « pays à bas salaires », et constitué essentiellement d’immigrés et de femmes. L’essor de la sous-traitance et du travail à domicile sont le prolongement de cette politique13.
La politique des gouvernements nationaux se conforme de plus en plus aux lois contraignantes de la concurrence internationale. Des organismes internationaux, tels que le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE, dictent les normes mondiales du capital.