Dominique Meeùs
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311.
Formes d’accumulation

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Le bénéfice est l’ultime motif du capitaliste. Afin de réaliser des bénéfices toujours plus élevés, il est conduit à accumuler toujours plus de capital. Cela signifie qu’il réinvestit le bénéfice réalisé, de manière à engager des capitaux plus importants dans le cycle de production. Cette accumulation est aussi désignée par Marx sous le terme de concentration : le capital ne crée pas seulement de la plus-value, mais de cette plus-value, le capitaliste retire aussi de nouveaux capitaux. La concurrence oblige le capitaliste à accumuler, sinon il disparaît. C’est la loi inflexible du capitalisme. (Des militants syndicaux qui s’accrochent uniquement à cette analyse spontanée reprochent parfois aux patrons de ne pas investir à temps ou d’investir insuffisamment.)

Dans la lutte concurrentielle se produit également une deuxième forme d’accumulation de capital : la centralisation, ou l’accumulation par la voie de reprises (élimination de concurrents), de fusions (intégration dans un ensemble plus important) et de participations dans le capital (comme moyen de contrôle et de coopération). Contrairement à la première, cette deuxième forme d’accumulation n’est pas une extension du capital productif, mais une centralisation de capitaux existants, entre les mains d’une minorité toujours plus restreinte.

Une caractéristique de la période actuelle est que le processus de concentration et de centralisation s’opère de plus en plus au niveau international. En soi, ce phénomène n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est l’envergure et la rapidité de sa progression. Le capital franchit toujours davantage les frontières nationales, à l’intérieur desquelles le capitalisme s’était initialement développé. Les investissements internationaux et les restructurations transfrontalières ont pour effet d’internationaliser de manière croissante le système économique. Cette évolution conduit à son tour au développement de nouvelles formes d’intervention dans l’économie, à la formation accélérée d’un appareil d’État supranational au niveau européen et à une influence croissante des institutions impérialistes internationales (la Banque mondiale, le FMI, l’OCDE, le Gatt…).

À chaque grande crise du capitalisme, l’internationalisation constitue une des possibilités dont dispose le capitalisme pour déplacer les limites de l’accumulation. La grande crise de 1974-1975 a donné une nouvelle impulsion à l’internationalisation : celle-ci influence dans une mesure croissante les mécanismes et les lois économiques du capitalisme. Une bonne compréhension de ces tendances du développement capitaliste est donc indispensable.

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