Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
Les patrons veulent remplacer l’esprit de classe qui règne parmi les travailleurs par « l’esprit d’entreprise ». Et pour y parvenir, ils font souvent preuve de beaucoup de patience. Si une tentative échoue, on repart à l’attaque, sous un angle différent. Mais la « stratégie de la patience » est régulièrement mise en échec par une grève imprévue. Quand éclate une grève ou une lutte, le cercle enchanté est rompu et le mythe de l’unité des classes est renvoyé aux oubliettes pour des années. Chez Ford Tractor, à Anvers, le département qui s’engagea le plus loin dans la voie de l’ « Employee Involvement » a été fermé. Les ouvriers ont alors constitué un « team » d’un autre type pour se mettre en grève à l’unanimité. Chez Caterpillar, qui s’empressait d’introduire la « Satisfaction du personnel », les déclarations d’amour ont soudain cédé la place à une violence brutale lorsqu’on novembre 1989, éclata une grève spontanée à la suite d’un licenciement. Le patron licencia au pied levé 110 grévistes qui décidèrent l’occupation de l’entreprise. C’est ainsi qu’on enterra la « Satisfaction du personnel ». En mars 1990, les ouvriers de Ford-Genk ont entamé une lutte contre les heures supplémentaires, le travail du samedi, les équipes de nuit et pour des augmentations salariales. Le système JIT s’est avéré être une arme redoutable entre les mains des travailleurs : il suffisait qu’un seul groupe cesse le travail pour que toute l’usine s’arrête dans l’heure. Pendant quatre semaines, chaque jour à la même heure, un groupe différent arrêta le travail. La guérilla du just-in-time mit fin à la paix des classes. Au Mexique, Ford dispose d’une entreprise modèle, près d’Hermosillo. Avec ses « nouvelles relations sociales », on disait l’usine immunisée contre les grèves. En 1990, le patron a envoyé une brigade de choc armée pour briser un piquet de grève. Résultat : un mort…