Dominique Meeùs

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241.
La technologie : au service de quoi ?

Tant que règne la propriété privée des moyens de production, la technologie est utilisée pour accroître le profit, pour contrôler le monde. Les puissants monopoles se battent pour décrocher les secteurs et les marchés les plus rentables. Le coût de la mise au point de nouveaux produits est extrêmement élevé. Mais le premier producteur d’une nouvelle génération de composants (par exemple, le mégachip), le premier qui réussit à développer une nouvelle application (par exemple la télévision numérique), le premier qui réussit à améliorer les prestations ou la longévité d’un produit est assuré de mégaprofits. Il peut se débarrasser de ses concurrents, élargir son marché, prendre une nouvelle avance. La concurrence est le moteur du progrès technologique. La technologie n’est pas neutre parce que sa mise en œuvre est toujours déterminée par les rapports de production. Dans le système capitaliste, la propriété privée des moyens de production et la course aux profits déterminent quelles technologies seront développées, qui les contrôlera, quel usage en sera fait.

1o Jamais on n’a produit autant de richesses, et jamais la misère dans le monde n’a été aussi grande. C’est bien la preuve la plus évidente de ce que le progrès technologique n’est pas utilisé de manière optimale. La technologie devrait conduire à une meilleure maîtrise de la nature. Les problèmes du tiers monde, la faim, la misère, la sécheresse, le développement inégal devraient pouvoir être combattus efficacement grâce aux nouveaux moyens technologiques. Parce que la propriété privée impose sa loi, le fossé entre pays riches et pays pauvres s’élargit de plus en plus, en dépit de tout progrès technologique.

2o 85 % des nouveaux brevets technologiques sont accordés aux cinq pays industrialisés les plus riches. Pendant l’Uruguay Round du GATT (dont la dernière séance échoua en décembre 1990 à Bruxelles), la protection de la « propriété intellectuelle », des patentes et des brevets a été mise à l’ordre du jour par les pays riches. Les institutions internationales volent au secours des multinationales qui veulent protéger leurs produits de la contrefaçon, mettant encore les pays du tiers monde en plus mauvaise posture. Les pays riches d’Occident protègent leur monopole de la connaissance et rendent ainsi impossible tout développement autonome.

3o Sous le capitalisme, la recherche technologique se confond intimement à la militarisation. Les monopoles européens, américains et japonais sont engagés dans une guerre économique en bonne et due forme, dans laquelle leurs appareils d’État respectifs font fonction — au propre comme au figuré — de dépôts d’armes. L’État américain consacre chaque année 300 milliards de dollars à l’armement, dont 4 à 5 milliards pour le projet Star Wars, hautement technologique. L’Europe, quant à elle, y oppose le projet EUREKA, dans lequel recherche civile et militaire se confondent.

4o La nouvelle technologie pourrait servir à améliorer les conditions de travail, à accroître l’initiative des travailleurs, à augmenter le temps de loisir. Dans les mains du grand capital, la nouvelle technologie sert seulement à accroître le profit, à réduire le coût du travail. Cela se traduit par la mise à l’écart de forces de travail, par un contrôle plus strict du travail preste et par l’introduction d’horaires de travail intolérables.

5o Plutôt que de devenir un instrument au service de la liberté individuelle et de la démocratie, la nouvelle technologie est employée pour manipuler idéologiquement la population, pour épier les forces progressistes et les mettre sous pression.