Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
À ce moment-là, personne, dans les appareils syndicaux, ne croit à un retour d’une grande crise mondiale comme celle des années 30. Cette croyance au développement économique sans crise est fondée sur la théorie économique bourgeoise de Keynes. Selon cette théorie, l’État peut niveler les fluctuations de la conjoncture et la sécurité sociale peut faire fonction de tampon contre l’écroulement du pouvoir d’achat. De cette façon, l’offre et la demande se tiendraient en équilibre, ce qui éliminerait pour de bon les grandes crises économiques. La sociale-démocratie qui, dans le monde entier, s’inspire de la théorie de Keynes, se présente comme le meilleur gestionnaire du capitalisme.
Pourtant, déjà vers la fin des années 60, les signes avant-coureurs d’un grand écroulement s’annoncent. Le capitalisme américain a de sérieux problèmes, la productivité baisse, l’inflation augmente, un désordre monétaire survient. Quand, en 1974-1975, la récession s’abat sur le monde capitaliste, celle-ci est considérée, aussi bien par la direction syndicale que par la bourgeoisie, comme une crise conjoncturelle passagère, causée par des facteurs externes, notamment, la hausse des prix du pétrole. Jusqu’en 1978, il y a des doutes quant à la durée et au caractère structurel de la crise. Même quand la réalité s’impose, on accorde, en général, trop peu d’attention aux causes.
Pour l’aile droite de la CSC et de la FGTB, il ne sert à rien de chercher des coupables ; tout le monde est coupable et ce qui importe, c’est de chercher des solutions « ensemble ». D’autres cherchent dans le domaine des facteurs externes (épuisement technologique, dollar cher, les prix du pétrole, mauvaise stratégie patronale…), mais rarement, ou jamais, la cause n’est recherchée dans le système même. Ceux qui considèrent le système comme responsable de la crise ne sont qu’une petite minorité dans les deux appareils syndicaux.