Dominique Meeùs
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— au dossier marxisme
L’option de base qui domine les deux programmes syndicaux à travers toute leur histoire est la suivante : « La démocratie politique est acquise, la démocratie sociale peut encore être améliorée, la démocratie économique reste à conquérir. C’est surtout cette dernière condition qui doit être remplie pour parvenir à une démocratie véritable ».
Les deux programmes syndicaux considèrent la réalisation de cet objectif comme une lente et constante progression vers l’égalité sociale et la participation économique au sein du système capitaliste existant. C’est une question de quantité, qui peut être augmentée grâce à une pression constante et à la concertation. Les programmes de la CSC et de la FGTB y ajoutent leurs propres nuances et sensibilités.
Depuis ses débuts, la CSC a combattu le socialisme comme finalité et, jusqu’à ce jour, les dirigeants de la CSC considèrent « l’économie planifiée » comme « le mal absolu », bien pire que « les quelques défauts et failles » de l’économie de marché. Le modèle de société défendu par la CSC est dès lors une espèce de « capitalisme corrigé », défini dans sa version la plus récente comme « une économie mixte basée sur le principe de l’autogestion ». (Une économie au service de l’homme et de la société, 1980) « Mixte », parce que la « correction » des mécanismes de marché principaux est prise en charge par l’État. Au sein de l’entreprise, un rapprochement se développe simultanément entre le capital et le travail, qui doit aboutir à une autogestion par tous les participants à la production. Le syndicat fait fonction de groupe de pression, faisant observer ses devoirs à l’État et préparant le monde ouvrier à l’autogestion.
La FGTB s’est toujours inscrite dans la perspective du socialisme et prétend rejeter l’économie de marché. Mais, depuis ses débuts, cette position a pris un caractère réformiste, acceptant les limites de la démocratie bourgeoise. La démocratie populaire, l’État soviet, l’économie de planification centralisée sont rejetés comme « totalitaires et non démocratiques ». Le principe « une personne, une voix » doit être étendu du domaine politique au domaine économique. (Holdings et démocratie économique, 1956.) D’après la FGTB, cette lente transformation devrait mener à « un socialisme basé sur l’autogestion démocratique ». (Contrôle ouvrier, 1971.) Traditionnellement, la direction de la FGTB accorde plus d’importance au contrôle étatique que celle de la CSC.
Finalement, l’essence des deux doctrines est la même : la démocratie politique est considérée comme acquise ; pour ce qui concerne la démocratie sociale, il y a de bonnes et de mauvaises périodes et la réalisation de la démocratie économique reste le but principal. Nous verrons que ces deux doctrines légèrement différentes aboutiront à des conclusions de plus en plus similaires et que, d’un point de vue pratique, les deux conceptions se rejoignent.