Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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43.1. La naissance et l’affermissement du marché mondial des pays du camp socialiste.

Après la deuxième guerre mondiale, nous l’avons déjà dit, les pays, qui se sont détachés du système mondial du capitalisme et ont formé avec l’Union soviétique le camp socialiste, se sont groupés sur le plan économique et coopèrent étroitement. Parallèlement au marché mondial capitaliste s’est constitué un marché mondial des pays du camp socialiste.

Font aujourd’hui partie de ce marché : l’Union soviétique, la République populaire chinoise, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la République démocratique allemande, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, l’Albanie, la République populaire de Mongolie, la République démocratique populaire de Corée, la République démocratique du Viet-Nam. Dans ces pays, dont le territoire occupe le quart des terres émergées, vit plus du tiers de l’humanité. Depuis que les relations commerciales entre les États membres du nouveau marché mondial et la Yougoslavie ont repris, la coopération économique avec ce pays a de vastes perspectives de développement.

Les pays de l’Europe centrale et sud-orientale, qui se sont détachés du système capitaliste, ont, dès l’instauration du régime de démocratie populaire, établi des relations économiques étroites avec l’Union soviétique et commencé à coopérer. Ces relations, qui reposent sur les principes d’une entraide fraternelle, ont puissamment contribué au relèvement économique rapide des États de démocratie populaire et à la solution d’autres problèmes économiques urgents de l’après-guerre. Après la formation, en 1949, de la République populaire chinoise, une grande puissance de 600 millions d’hommes est venue grossir le camp du socialisme.

Quand les pays de démocratie populaire sont passés à la réalisation de plans économiques à long terme ayant pour but de jeter les bases du socialisme, la coopération économique des États du camp socialiste est entrée dans une phase nouvelle. Celle-ci est marquée par la conclusion de traités et d’accords économiques à long terme portant sur des livraisons réciproques de marchandises. Ces traités et accords assurent à chaque pays, pour une longue période, la fourniture de sortes déterminées de machines, d’équipement, de matières premières et d’autres marchandises nécessaires à l’exécution de ses plans économiques. D’autre part, ces accords à long terme assurent à chaque pays l’écoulement de ses produits sur le marché extérieur. Des relations économiques stables et prolongées ouvrent la perspective d’un développement continu de l’économie et sont une condition essentielle de la construction méthodique du socialisme dans les pays de démocratie populaire.

L’expérience de la coopération économique des États du camp socialiste montre que le marché mondial des pays du camp socialiste dispose de ressources telles qu’elles permettent à chaque pays de trouver dans le cadre de ce marché tout ce dont il a besoin pour son développement économique.

Un Conseil d’entraide économique a été créé en 1949, sur la base de l’égalité complète de tous les États participants, pour coordonner la coopération économique des pays du camp socialiste. Le Conseil organise l’échange d’expérience technique et économique, l’assistance mutuelle en ce qui concerne les matières premières, les denrées alimentaires, les machines, l’équipement ; il coordonne le développement de l’économie des États du camp socialiste sur la base d’une division rationnelle du travail entre tous. Cela est parfaitement conforme aux intérêts du développement le plus rapide des forces productives de chacun de ces pays et du camp socialiste tout entier.

Les progrès et le renforcement ininterrompu du marché mondial des pays du camp socialiste sont la preuve irréfutable de son caractère historiquement progressiste. Cependant, le développement qu’a pris la coopération économique des pays du camp socialiste, loin d’exclure l’extension de leurs relations commerciales avec les pays du monde capitaliste, crée des conditions favorables à cette extension. Les pays du camp socialiste s’attachent à développer les relations d’affaires avec les pays du camp capitaliste sur la base de l’égalité, de l’avantage réciproque et du respect le plus strict des engagements contractés. Ils considèrent ces relations comme un facteur essentiel de l’essor ultérieur de leur économie, de l’accélération du progrès technique, de l’élévation du niveau de vie de la population.

Partant du principe léniniste de la coexistence pacifique des deux systèmes et luttant avec esprit de suite pour la coopération pacifique des États à régimes économiques et sociaux différents, les pays du camp socialiste aspirent à développer largement le commerce avec tous les États qui sont prêts, à leur tour, à étendre leurs relations économiques avec le camp du socialisme. Dans les pays capitalistes, grandit le désir de normaliser et d’étendre le commerce avec les États du camp socialiste, de vaincre les obstacles artificiellement dressés dans la voie du développement de la coopération économique internationale, de lever les nombreuses interdictions et restrictions engendrées par la politique de la « guerre froide » et la militarisation de l’économie. Les pays capitalistes sont obligés de tenir compte que les pays du camp socialiste constituent un marché stable, non soumis aux oscillations de la conjoncture et aux crises économiques de surproduction. Les États d’Europe occidentale ont particulièrement intérêt à commercer avec les pays du camp socialiste.

En même temps, le développement de la coopération économique internationale entre les États des deux camps constitue un facteur important du renforcement de la paix et de la détente internationale, de l’établissement d’une atmosphère de confiance internationale.

L’extension constante des relations économiques entre les États du camp socialiste et les pays sous-développés a une grande importance. Pour ces pays, la coopération économique avec les États du camp socialiste est un moyen important pour assurer leur indépendance économique. Tandis que les monopoles capitalistes essaient invariablement d’assujettir économiquement les pays sous-développés, l’Union soviétique et les États de démocratie populaire s’en tiennent rigoureusement, dans leurs rapports économiques avec ces pays, aux principes de la non-immixtion dans les affaires intérieures des autres peuples, de l’égalité et de l’avantage réciproque. L’application conséquente de ces principes favorisera l’extension de la coopération entre les pays sous-développés, qui essaient de combler au plus vite leur retard, et les pays du camp socialiste.