Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
Dernière modification le
Manuel :
table des matières,
index —
Retour au dossier marxisme
Dans les pays de l’Europe centrale et sud-orientale, la révolution démocratique populaire a été préparée par toute la marche de l’évolution du capitalisme et de la lutte de classe de la classe ouvrière et des masses laborieuses de ces pays, par toute la marche du mouvement de libération dans le monde entier. Dans l’économie de ces pays, à l’exception de l’Albanie, les rapports capitalistes dominaient. La Tchécoslovaquie était un pays industriel développé, où prédominait une industrie légère travaillant pour l’exportation ; la Pologne et la Hongrie avaient une industrie moyennement développée et l’agriculture y jouait un rôle prédominant ; la Roumanie et surtout la Bulgarie étaient des pays agricoles à industrie faiblement développée. L’Albanie était un pays à l’économie retardataire avec d’importantes survivances du régime patriarcal et du régime de la gens.
Les pays de l’Europe centrale et sud-orientale ont subi pendant longtemps le joug des puissances impérialistes. Les propriétaires fonciers et la grande bourgeoisie au pouvoir dépendaient du capital financier étranger dont ils exécutaient la volonté. La classe ouvrière était exploitée à outrance. Dans la majorité de ces pays, le capitalisme se développait tandis que se maintenaient d’importantes survivances des rapports féodaux et du servage ; les masses paysannes, qui constituaient la majorité de la population, souffraient du manque de terre et vivaient dans la misère. D’où les progrès de l’esprit révolutionnaire dans la classe ouvrière et la paysannerie.
Avant la révolution, dans la majorité des pays d’Europe centrale et sud-orientale, une grande partie des terres appartenait à de gros p. 626propriétaires, féodaux et capitalistes. En Pologne, les exploitations paysannes de moins de 5 hectares constituaient environ les deux tiers du nombre total des exploitations et possédaient moins de 15 % des terres, alors que les domaines des grands propriétaires fonciers et des capitalistes, d’une superficie de plus de 50 hectares, constituaient 0,9 % du nombre total des exploitations et détenaient environ la moitié des terres. En Hongrie, les exploitations de moins de 5,7 hectares constituaient 84 % du nombre total des exploitations et possédaient un cinquième des terres, tandis que celles de plus de 50 hectares, constituant 0,9 % de toutes les exploitations, disposaient de près de la moitié du sol. En Roumanie, les exploitations de moins de 5 hectares constituaient les 3/4 du nombre total des exploitations et possédaient 28% des terres ; en Tchécoslovaquie, elles en constituaient les 70,5 % avec 15,7 % des terres. En Bulgarie, dans l’ensemble, la grande propriété féodale avait déjà été liquidée à la suite de la guerre russo-turque de 1877-1878. Avant la révolution du 9 septembre 1944, une partie importante de la terre y était concentrée dans de grandes exploitations capitalistes et les masses paysannes ne possédaient que peu de terre. Ainsi, les exploitations de moins de 5 hectares constituant les 2/3 de toutes les exploitations, possédaient seulement 30 % de la terre.
L’industrie des pays de l’Europe centrale et sud-orientale se trouvait sons la coupe des monopoles capitalistes ; de plus, toutes les positions-clés étaient aux mains du capital étranger. Dans la Pologne d’avant-guerre, celui-ci possédait près des 2/3 des capitaux investis dans l’industrie. En Roumanie, il contrôlait 91,9 % des capitaux investis dans l’industrie pétrolière. En 1937, 40 % des capitaux investis dans l’industrie hongroise appartenaient à des compagnies étrangères. En Bulgarie, la moitié environ des sommes investies dans la grande industrie et près des deux tiers des capitaux des sociétés de transports étaient, à la même date, aux mains de compagnies étrangères.
Pendant la deuxième guerre mondiale, les pays d’Europe orientale et sud-orientale tombèrent sous le joug de l’impérialisme allemand qui les saigna à blanc. Les grands propriétaires fonciers et la bourgeoisie monopoliste se firent les agents du fascisme allemand, s’isolant ainsi complètement de la nation. Les contradictions sociales et nationales s’aggravèrent à l’extrême. Sous la direction de la classe ouvrière, partis communistes et ouvriers en tête, les masses laborieuses ont mené une lutte obstinée pour se libérer de l’esclavage fasciste, contre l’envahisseur allemand et les cliques féodalo-capitalistes, traîtres au pays. Tout au long de la lutte des travailleurs pour leur libération nationale et sociale, l’influence et l’autorité des partis marxistes-léninistes de la classe ouvrière ont immensément grandi.
Au cours de sa lutte victorieuse contre l’Allemagne hitlérienne, l’Union soviétique a libéré les peuples de l’Europe centrale et sud-orientale du joug fasciste allemand. Les masses populaires de ces pays ont renversé le pouvoir des valets hitlériens et ont pu se mettre à organiser leur vie sur des bases nouvelles, démocratiques. C’est ainsi qu’a commencé la révolution démocratique populaire.