Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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La base matérielle de production du communisme, que l’on est en train de créer en U.R.S.S., c’est la grande production mécanique à la ville et à la campagne, fondée sur l’électrification de tout le pays, sur la mécanisation et l’automatisation combinées, sur les applications généralisées de la chimie dans la production, sur une large utilisation de l’énergie atomique dans l’économie nationale.
Lénine disait que l’électrification de toute l’économie nationale constituerait la base technique de la production industrielle et agricole en régime communiste. « Le communisme, c’est le pouvoir soviétique plus l’électrification du pays entier. » (V. Lénine, « Rapport sur l’activité du Conseil des commissaires du peuple au 8e Congrès des Soviets de Russie, », Œuvres, t. 31, p. 537.) Autrement dit l’industrie, les transports et l’agriculture reposeront entièrement sur une base technique nouvelle, supérieure, étroitement rattachée à l’électrification.
L’électrification de toute l’économie nationale est le trait caractéristique de la base matérielle de production du communisme. Au cours du passage graduel du socialisme au communisme, les travaux d’électrification prennent une ampleur exceptionnelle dont témoigne la construction en U.R.S.S. des centrales hydroélectriques les plus grandes du monde.
L’économie socialiste planifiée permet d’organiser un réseau unique à haute tension reliant entre elles les nombreuses centrales électriques des différentes régions économiques, chose impossible dans le régime capitaliste où règnent la propriété privée et l’anarchie de la production. L’économie électro-énergétique de l’U.R.S.S. entre dans une phase nouvelle de son développement. La mise en service des centrales hydroélectriques de Kouïbychev et de Stalingrad, ainsi que des lignes de transport de force rattachant ces centrales à Moscou, à l’Oural et au bassin du Donetz, sera un grand pas en avant vers la création d’un puissant système énergétique unique sur tout le territoire de la partie européenne de l’U.R.S.S. L’interconnexion, c’est-à-dire la réunion, en un réseau unique, de centrales électriques fonctionnant séparément, accroît la sécurité d’approvisionnement en courant des différentes régions du pays et améliore l’utilisation du potentiel énergétique.
L’électrification de l’ensemble de l’économie nationale, condition nécessaire de la création de la base matérielle de production du communisme, s’accompagne nécessairement de la mécanisation combinée de toutes les opérations, de l’automatisation de la production, de l’emploi généralisé des procédés chimiques et de l’application des dernières réalisations de la technique.
La réalisation de la mécanisation combinée entraînera le remplacement du travail manuel par le travail mécanisé, l’élévation du niveau culturel et technique des travailleurs, l’augmentation de la productivité du travail. La mécanisation combinée est le premier pas vers l’automatisation de la production ainsi que de la commande des processus technologiques, et en fin de compte vers la création dans chaque branche de la production d’un système automatique de machines.
L’automatisation générale de la production est le degré supérieur du développement de la grande production mécanisée ; elle constitue une particularité caractéristique de la base matérielle de production du communisme. Elle conduit au remplacement du travail non qualifié par du travail qualifié et crée la base technique qui permettra d’éliminer définitivement les différences essentielles entre le travail intellectuel et le travail manuel. Le passage de l’automatisation partielle des processus de production à un système automatique de machines assurera une énorme augmentation de la productivité du travail.
La création d’entreprises totalement mécanisées, d’entreprises ayant des lignes de machines automatiques, d’usines automatiques, est un des succès des constructions mécaniques soviétiques. Les centrales hydroélectriques actuellement en service en U.R.S.S. sont entièrement automatisées. Celles qui sont en cours de construction ne sont mises en exploitation qu’équipées d’un dispositif de commande automatique. De nombreuses centrales électriques sont dirigées à distance, par télécommande. Les entreprises métallurgiques emploient de nouvelles machines mécanisées, à commande automatique : laminoirs, laminoirs à tuyaux, bloomings. Dans les installations hydrotechniques, les écluses sont commandées automatiquement. Le béton est fabriqué dans des usines où tout est entièrement automatique, depuis l’arrivée et la pesée des matériaux bruts jusqu’à la livraison du béton terminé.
À l’heure actuelle, l’automatisation des différentes opérations du travail n’est qu’une préfiguration de la base technique nouvelle du communisme ; mais avec le temps, cette grande conquête de la science et de la technique sera intégrée dans toutes les branches de la production.
La base matérielle et technique subira de grandes transformations révolutionnaires lorsqu’on emploiera largement dans la production l’énergie atomique. La découverte de méthodes pour obtenir et utiliser l’énergie nucléaire est le sommet de l’étape actuelle de développement de la science et de la technique. Elle annonce l’approche d’une nouvelle révolution scientifico-technique et industrielle qui dépassera de loin en importance les révolutions industrielles du passé. Les problèmes que pose l’emploi de cette nouvelle forme d’énergie à des fins pacifiques ont été résolus dans la pratique en U.R.S.S. L’un des principaux moyens d’utiliser le combustible nucléaire consiste à produire de l’énergie électrique dans des centrales électriques fonctionnant à l’énergie atomique. Au cours de l’été 1954, la première centrale atomique industrielle au monde, d’une puissance utile de 5 000 kW, construite par des savants et des ingénieurs soviétiques, a été mise en marche et a fourni du courant à l’industrie et à l’agriculture des régions voisines. Les spécialistes soviétiques poursuivent les travaux en vue de créer des centrales électriques industrielles fonctionnant à l’énergie atomique d’une puissance de 50 000 à 100 000 kW.
Les centrales électriques fonctionnant à l’énergie atomique peuvent économiser une quantité énorme de travail, de combustible, de moyens de transport. L’industrie atomique de l’U.R.S.S. livre à la science et à la technique des éléments radioactifs qui trouvent déjà des applications de plus en plus nombreuses dans l’industrie, l’agriculture, la médecine. Dans l’industrie, les substances radioactives servent à déterminer les propriétés et à déceler les défauts de divers matériaux et sont utilisées pour la commande automatique, la prospection de minéraux, etc. La science biologique s’en sert pour étudier dans ses aspects les plus divers l’activité vitale des organismes animaux et végétaux, pour mettre au point de nouveaux procédés d’accroissement des rendements des cultures et de la productivité du bétail. En médecine, les appareils et les médicaments utilisant les éléments radioactifs sont employés avec succès pour diagnostiquer et guérir un certain nombre de maladies.
L’emploi de l’énergie atomique pour produire des biens matériels, les perfectionnements sans cesse apportés à la technique de la propulsion par réaction, à la radiotechnique, à la télémécanique, etc., ouvrent des perspectives sans précédent au progrès de la production et à l’élévation de la productivité du travail. Cela ne peut manquer de donner une prodigieuse impulsion au développement économique et d’être l’un des facteurs décisifs qui porteront les forces productives au niveau indispensable pour passer à la phase supérieure du communisme.