Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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39.2. La richesse nationale de la société socialiste. La composition du produit social total.

L’ensemble des biens matériels dont dispose la société socialiste constitue sa richesse nationale.

Le premier élément de la richesse nationale de la société socialiste, ce sont les fonds de production de l’économie nationale, c’est-à-dire les moyens de production, qui se divisent en : a) fonds fixes et b) fonds circulants. Font aussi partie de la richesse nationale de la société socialiste les ressources naturelles (terres cultivées et cultivables, gisements de minéraux utiles, eaux, forêts, etc.), entraînées dans le processus de la reproduction.

Les fonds fixes sont constitués par les moyens de travail appartenant soit à l’État, soit aux coopératives ou aux kolkhoz (bâtiments d’exploitation, machines, outillage, ouvrages d’art, etc.) en service dans toutes les branches de la production matérielle. Les fonds circulants sont constitués par les objets du travail (matières premières, matériaux, combustible, etc.), soit en cours de production, soit en réserve dans les entreprises d’État, les kolkhoz ou les autres organisations coopératives.

Un deuxième élément de la richesse nationale, ce sont les fonds de roulement de l’économie nationale : stocks de produits finis se trouvant dans les dépôts des entreprises d’État productrices, dans ceux des kolkhoz, des artels artisanaux, des entreprises et des organisations commerciales d’État ou coopératives.

Un troisième élément de la richesse nationale, ce sont les réserves matérielles d’État et coopératives-kolkhoziennes, ainsi que les fonds dits d’assurance.

Un quatrième élément de la richesse nationale, ce sont les fonds non-productifs de l’économie nationale, constitués par des biens appartenant soit à l’État, soit aux coopératives ou aux kolkhoz, et qui sont d’un usage improductifs prolongé : fonds des habitations, immeubles et installations des services sociaux et culturels : écoles, théâtres, clubs, hôpitaux, etc.

Tels sont les principaux éléments de la richesse nationale, qui sont propriété collective, socialiste.

La richesse nationale comprend aussi les biens personnels de la population, la propriété personnelle qui ne cesse de s’accroître sur la base du développement ininterrompu de la propriété collective, socialiste.

L’expérience en matière de production, les connaissances et l’habileté professionnelle des travailleurs de la société socialiste, les diverses richesses spirituelles jouent un rôle important dans la reproduction de la richesse matérielle. « Le degré d’habileté de la population est toujours la condition première de toute production, donc la principale richesse accumulée. » (K. Marx, Théories de la plus-value, t. 3, p. 229 (éd. russe).)

La richesse nationale de l’U.R.S.S. s’est prodigieusement accrue au cours des quinquennats soviétiques. Ainsi, les fonds de production fixes de l’économie nationale avaient, par rapport à 1913, sextuplé à la fin de 1940, et ils avaient été multipliés environ par 12 à la fin de 1954.

En régime capitaliste, la majeure partie de la richesse nationale appartient aux classes exploiteuses, et l’accroissement de la richesse prend la forme d’une accumulation de capital entraînant la paupérisation des masses populaires. Les rapports capitalistes donnent naissance à cette richesse fictive que représentent les actions, le prix de la terre, etc. En régime socialiste, toute la richesse nationale est la propriété soit de l’État, c’est-à-dire du peuple entier, soit des kolkhoz et des autres associations coopératives, soit la propriété personnelle des travailleurs. Le socialisme ignore la richesse fictive ; toute la richesse de la société est une richesse réelle. L’accroissement de la richesse nationale de la société socialiste entraîne l’élévation constante du bien-être matériel et du niveau de vie culturelle de l’ensemble de la population.

La richesse nationale comprend tous les biens matériels dont dispose la société socialiste à un moment donné. Autrement dit, elle fait le point de tout le développement antérieur de la société. Quant au produit social total, il se compose des biens matériels créés dans la société au cours d’une période déterminée, un an par exemple.

En régime socialiste, le produit social se présente sous deux formes : a) une forme naturelle, matérielle, et b) une forme valeur, c’est-à-dire monétaire. L’ensemble de la production de la société socialiste se divise en deux grandes sections : la production des moyens de production, destinés à participer de nouveau au processus de production (section I), et la production des biens de consommation, destinés à satisfaire les besoins de la population (section II). Par suite, le produit social considéré sous sa forme naturelle, matérielle, se compose de moyens de production et de biens de consommation.

Dans la pratique de l’édification économique, la division du produit social total en moyens de production et en biens de consommation se fait généralement d’après l’utilisation effective de la production. La section I comprend toute la production destinée à la consommation productive. Il faut ranger dans cette catégorie la production de l’industrie lourde, qui consiste en moyens de production, une partie de la production des industries légère et alimentaire, qui sert de matière première et subit des transformations, les constructions à des fins productives, et aussi la production agricole utilisée pour la consommation productive : semences, bétail, fourrages, matières premières agricoles devant être traitées par l’industrie.

La section II comprend toute la production qui sert directement à satisfaire les besoins individuels de la population, y compris la construction d’habitations, ainsi que la partie du produit social dépensé dans les établissements et organisations de la sphère non productive, par exemple pour la construction d’écoles ou d’hôpitaux, pour le chauffage et l’éclairage des bâtiments non productifs, etc.

Dans la section I, il faut établir une distinction entre la production des moyens de production pour la section I et celle qui est destinée à la section II. Le rôle essentiel dans le processus de reproduction appartient à la production des moyens de production, et plus spécialement à la production d’instruments de travail destinés à la section I.

La reproduction socialiste élargie exige le renouvellement et l’accroissement constants de la production tant des moyens de production que des biens de consommation selon une proportion qui est établie par le plan de l’économie nationale.

Sous le rapport de la valeur, le produit social se décompose en : 1o valeur des moyens de production consommés, qui est transférée au produit ; 2o valeur nouvellement créée, produite par le travail pour soi ; 3o valeur nouvellement créée, produite par le travail pour la société. La nature sociale et économique de chacune de ces parties de la valeur du produit social est foncièrement autre qu’en régime capitaliste. Les fonds de l’économie nationale ont pris, dans le processus de la reproduction socialiste, la place du capital constant et du capital variable, et le revenu net de la société celle de la plus-value.

La reproduction socialiste suppose avant tout la reconstitution planifiée, en nature et en valeur, des moyens de production consommés, en faisant appel à une partie du produit social total. La reconstitution des fonds fixes en nature s’opère par le remplacement partiel ou complet des machines, des locaux, des installations. La reconstitution des fonds fixes en valeur est réalisée par l’amortissement. Le fonds d’amortissement de l’économie socialiste de l’U.R.S.S. doit permettre de procéder aux grosses réparations d’entretien des fonds fixes durant toute la période de leur fonctionnement et à la reconstitution de la valeur des fonds fixes consommés.

La reproduction socialiste suppose, ensuite, que les biens de consommation, répartis selon le travail et utilisés pour satisfaire les besoins personnels des travailleurs de la production matérielle et de leurs familles, doivent être recréés par le travail de ces mêmes travailleurs.

Enfin, dans le processus de la reproduction socialiste, les travailleurs de la production matérielle créent par leur travail le produit pour la société, qui est destiné à l’accumulation socialiste et à la satisfaction des besoins matériels et culturels de la société (enseignement, santé publique, administration, défense du pays).