Manuel d’économie politique de l’Académie des sciences de l’URSS
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38.5. La circulation monétaire en régime socialiste.

La monnaie soviétique est une monnaie-or, un équivalent général. Sa stabilité est garantie, nous l’avons déjà dit, avant tout par le fait que l’État dispose d’énormes masses de marchandises qu’il met en circulation à des prix fermes. D’autre part, la monnaie soviétique est couverte par de l’or. Le développement continu de la production socialiste et de la circulation des marchandises donne une base solide à la monnaie. Un facteur d’une grande importance pour l’élévation du pouvoir d’achat du rouble soviétique est la baisse des prix, fondée sur la réduction du prix de revient et des frais de circulation, sur l’accroissement de la quantité de marchandises.

La monnaie soviétique circule sous la forme de billets de banque de 10, 25, 50 et 100 roubles. Ces billets sont garantis par l’or, les métaux précieux et les autres avoirs de la Banque d’État de l’U.R.S.S. Des coupures de 1, 3 et 5 roubles, ainsi qu’une monnaie divisionnaire en métal sont également en circulation.

La monnaie soviétique ne peut jouer normalement son rôle d’étalon-or que si sa quantité est en rapport avec les besoins réels de l’économie nationale en moyens de circulation et en moyens de paiement.

Dans l’économie socialiste, la circulation monétaire est réglée par la loi économique selon laquelle la quantité d’argent nécessaire à la circulation marchande est déterminée par la somme des prix des marchandises en circulation et la vitesse de circulation de l’argent. La compensation des comptes, dans le processus de la circulation des marchandises, diminue les besoins d’argent liquide. La somme globale d’argent en circulation nécessaire à la société pour une période déterminée est, en outre, fonction du montant total des paiements au comptant exécutés au cours de cette période. En régime socialiste, les paiements de ce genre concernent notamment les salaires, les revenus en argent répartis au prorata des journées-travail, les obligations gagnantes ; ceux qui sont effectués par la population sont relatifs aux loyers et aux impôts, aux dépôts à la caisse d’épargne, etc.

Ainsi, la quantité d’argent nécessaire à la circulation dans une économie socialiste, est déterminée par la somme des prix des marchandises réalisées au comptant, par le montant total des paiements au comptant, par la vitesse de rotation des unités monétaires.

Le fonctionnement normal de la circulation monétaire est une condition importante du développement harmonieux de l’économie nationale. S’appuyant sur la loi du développement harmonieux de l’économie nationale et utilisant la loi de la circulation monétaire, l’État socialiste planifie la circulation de la monnaie dans le pays en liaison étroite avec la planification de l’économie nationale dans son ensemble. En U.R.S.S., l’émission de la monnaie est rigoureusement centralisée : la monnaie livrée à la circulation est émise par la Banque d’État de l’U.R.S.S., chaque nouvelle émission étant décidée par le gouvernement. Le gros de l’argent liquide délivré par la Banque d’État sert, conformément aux prévisions du plan, à payer les salaires, à effectuer les versements en espèces au prorata des journées-travail, à payer les produits agricoles stockés et achetés aux kolkhoziens. D’autre part, l’argent liquide qui fait retour à la banque provient surtout des recettes des organisations commerciales, qui fournissent plus des quatre cinquièmes des encaissements de la Banque d’État, ainsi que des recettes versées chaque jour à la banque par les entreprises municipales, les transports et les P.T.T.

La Banque d’État remet également des espèces pour le paiement des intérêts des obligations gagnantes ou amorties des emprunts d’État, des pensions, des allocations, des assurances, des petites factures, etc. Elle reçoit régulièrement l’argent des impôts et des autres versements faits au budget, des fonds déposés dans les caisses d’épargne, des primes d’assurances, etc. Une masse monétaire considérable passe ainsi par ses caisses sans discontinuer.

Le rapport qui existe entre les revenus monétaires de la population, d’une part, et le volume des marchandises en circulation ainsi que des services payants offerts à la population, d’autre part, est l’un des principaux facteurs qui influent sur la circulation monétaire. Pour mettre ce rapport en évidence et établir dans le plan de l’économie nationale les proportions nécessaires entre l’augmentation des revenus monétaires de la population et celle de la masse de marchandises et des services payants, on dresse la balance des revenus et des dépenses monétaires de la population. Cette balance prend en considération tous les revenus et toutes les dépenses monétaires de la population pour la période envisagée. Les rapports prévus dans le mouvement de la monnaie en ce qui concerne certains éléments du plan de l’économie nationale (fonds des salaires, circulation des marchandises, budget d’État, etc.), permettent de fixer les objectifs indispensables dans le domaine de la circulation monétaire.

Un élément important dans la planification de la circulation monétaire est le plan du mouvement des fonds de la Banque d’État, plan arrêté par le gouvernement et qui embrasse de haut en bas l’ensemble du système de la Banque d’État. Il établit les prévisions concernant l’argent liquide qui entrera à la Banque d’État et qui en sortira au cours de la période envisagée. Le plan du mouvement des fonds tient compte de la balance des revenus et des dépenses monétaires de la population. Il prend donc en considération le volume du commerce de détail, des produits agricoles à stocker, le montant global des salaires des ouvriers et des employés et les autres éléments dont dépend le montant des rentrées et des sorties. Il prévoit l’émission de monnaie ou le retrait d’une partie de la monnaie en circulation, en fonction du rapport qui existe entre les rentrées d’argent liquide dans les caisses de la Banque d’État à travers tout le pays, et les sorties.

La Banque d’État règle également la circulation monétaire dans le pays au moyen du plan des crédits.

L’organisation planifiée de la circulation monétaire permet d’augmenter ou de réduire la quantité d’argent liquide en circulation, et d’avoir à tout moment, dans chaque région comme dans l’ensemble du pays, la quantité d’argent liquide nécessaire aux besoins. Ainsi est assurée la stabilité de la circulation monétaire.

La réforme monétaire effectuée à la fin de 1947 a joué un rôle considérable dans le renforcement du système monétaire soviétique. Elle a consisté à échanger, sous certaines conditions, l’ancienne monnaie, qui s’était en partie dépréciée pendant la guerre, contre une nouvelle monnaie, émise en 1947. Contrairement aux réformes monétaires effectuées dans les pays capitalistes, qui aggravent la condition des travailleurs, elle a été réalisée dans l’intérêt de ces derniers. Le salaire des ouvriers et des employés est resté le même, mais il a été désormais payé en argent nouveau, non déprécié. La réforme monétaire s’est accompagnée d’une baisse du prix des marchandises. Elle a remédié aux effets de la guerre dans la circulation monétaire ; elle a rendu au rouble soviétique toute sa valeur, augmenté l’importance de la monnaie dans l’économie nationale, facilité le passage au commerce, à des prix uniformes, sans rationnement, entraîné une élévation du salaire réel des ouvriers et des employés, ainsi que des revenus réels de la paysannerie kolkhozienne.

La stabilisation de la circulation monétaire, la production croissante de marchandises d’usage courant et le développement du commerce du détail, la baisse du prix des marchandises ont eu pour conséquence une hausse du pouvoir d’achat et du cours du rouble. Le gouvernement soviétique a relevé à partir du 1er mars 1950 le cours officiel du rouble, qui est désormais établi non plus sur la base du dollar, comme c’était le cas depuis 1937, mais directement sur la base de l’or, d’après la teneur en or du rouble.

Dans l’économie socialiste, l’État possède le monopole des devises ; autrement dit, c’est à lui seul qu’il appartient de régler les comptes avec les États étrangers, d’acheter, de vendre et de stocker des devises étrangères. Le monopole d’État des devises et du commerce extérieur assure l’indépendance de la monnaie soviétique vis-à-vis de la conjoncture toujours changeante du marché capitaliste. Cette indépendance ne cesse de se renforcer grâce à l’accumulation de réserves d’or, grâce aussi à une balance commerciale et à une balance des comptes créditrice en faveur de l’U.R.S.S.